LA GRIFFE LANVIN ET LE CARNET DE MODE


Alors qu’Apple brille de mille feux à Wall street, on aimerait voir des entreprises françaises de renom attachées à des secteurs d’activités plus traditionnels rebondir aujourd’hui de plus belle dans l’univers mondialisé.
Car, force est de constater que si certains de nos joyaux sont à la peine, d’autres au profil startup réussissent.
Les cas qui nous intéressent aujourd’hui correspondent à deux histoires et concepts très différents cousus dans le milieu de la mode.
Et sans doute faudrait-il – si cela n’a pas déjà été le cas – que les actrices de ces deux tendances se rencontrent pour partager stratégies et valeurs.
De quoi est-il question ?
D’un côté, d’une maison de haute couture de luxe française à l’incomparable savoir-faire créée en 1889 par Jeanne Lanvin, encore en activité qui se trouve confrontée à une menace de disparition. De l’autre, d’un concept novateur conçu pour donner à des centaines de petits créateurs de mode la possibilité de financer leurs futures collections dont le succès se pare de perspectives très vite accaparées.
Car si Lanvin et Carnet de mode ne s’adressent pas véritablement à la même clientèle, ces deux références illustrent néanmoins le fantastique pouvoir de séduction de la mode au niveau national et international De plus, elle portent Paris en emblème de cet étroit secteur d’activité.
Une marque de luxe représentée par la plus ancienne maison de haute couture française et une startup adepte du crowdfunding dont le business model est fondé sur le financement participatif, n’auraient elle pas pu trouver source d’inspiration dans un projet d’alliance, tout en préservant leurs propres spécificités ?
Michèle Huiban, directrice générale adjointe de la maison Lanvin entourée de Simone Mantura en charge des produits et des licences et de Ursula Gandhi superviseuse des ventes et du marketing, n’auraient elle pas eu intérêt à se rapprocher d’Arbia Smitti créatrice en 2011 de Carnet de mode ?
Car les réalités sont là :
Si Lanvin ne parvient pas à endiguer la chute abyssale de ses ventes, après un plongeon de 23% en 2016, puis le décrochage du chiffre d‘affaires devant atteindre 30% en 2017, après s’être fait en trois ans une place dans le monde très fermé de la mode, la fondatrice de Carnet de mode, prépare une levée de fonds aux États-Unis.

En offrant aux vendeurs la possibilité de créer leur e-shop en quelques minutes et gratuitement, moyennant une commission sur les ventes, Carnet de Mode référence aujourd’hui quelque 1500 créateurs et réalise plus de 70 % de son activité à l’international.

Pourtant, Arbia Smitti,en perpétuel mouvement et capable de se remettre en question, de repartir à zéro par passion, vient d’annoncer céder la totalité de sa startup à Bagora, spécialiste des logiciels SAAS.
Quelle leçon !

Cette militante de la démocratisation du luxe a en effet également lancé la version chinoise du site Carnet de mode , qui génère 70 % de son chiffre d’affaires à l’étranger.

Nous sommes bien en présence d’une rapide déterminée qui n’entend pas perdre de temps.

Partisane du partage d’expériences entrepreneuriales, clé selon elle de la réussite, sa vision du monde dans le lequel nous vivons et dans lequel la mode a toute sa place aurait dû pénétrer rue du Faubourg Saint-Honoré où se trouve encore le siège emblématique de Lanvin.
Un siège qui risque fort de s’avérer éjectable.

Or, face au succès que rencontrent de par le monde de nombreuses grands groupes qui ont su apprivoiser le luxe dans le cadre de leur stratégie commerciale, tout tend à démontrer que Lanvin devrait être en mesure de poursuivre sa route moyennant une révision de sa stratégie.

L’occasion de vous inviter à lire l’ouvrage intitulé « Haute Couture, Histoire de l’industrie de la création française », paru chez Eyrolles et signé Guénolée Milleret, dont il est possible retrouver l’interview réalisée et diffusée sur la webradio webtv indépendante AWI le 25 juin 2015.

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