Il y a de fortes chances pour que Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, la trouve un peu « verte » !
De quoi s’agit-il ?
D’une question préoccupante à l’échelle planétaire dont s’est notamment emparée Elizabeth Ann Warren, une femme politique et universitaire américaine, membre du Parti démocrate qui siège au Sénat des États-Unis depuis le 3 janvier 2013, pour le Massachusetts.
Consciente que la crise climatique exige des actions importantes, immédiates et audacieuses, son Green New Deal envoie un signal fort qui pourrait faire école aux Etats-Unis comme dans bien d’autres pays.
Bien que le débat se soit en grande partie concentré sur la voie d’une réduction importante des émissions nationales de gaz à effet de serre, la science est claire: même si les États-Unis réduisent leurs émissions de manière à ce qu’elles deviennent nulles d’ici 2030, l’objectif consistant à parvenir à l’indispensable réduction des émissions au niveau mondial pour éviter une crise climatique sera difficile à atteindre.
C’est ce qui explique qu’Elisabeth Warren estime que son pays doit prendre le taureau par les cornes et se placer sans plus tarder dans ce domaine, en leader.
Sa vision de la situation climatique la conduit d’ailleurs à faire une comparaison qui n’est dénuée ni d’intérêt, ni de bon sens.
Alors qu’était commémoré, le 6 juin, en France, le 75e anniversaire du débarquement de forces alliées sur les plages de Normandie, Elisabeth Warren fait fort justement référence à cet épisode crucial de l’histoire du XXe siècle : « À la fin des années 1930, les États-Unis et le monde entier faisaient face à une menace existentielle: l’agression nazie en Europe. Les États-Unis ont réagi en mobilisant leur base industrielle pour produire la technologie dont le pays et le monde avaient besoin pour faire face à cette menace. Nos investissements dans la fabrication nationale ont porté leurs fruits pendant des décennies. Les nouveaux travailleurs ont acquis de nouvelles compétences précieuses et la fabrication a fourni de bons emplois à des millions d’Américains de la classe moyenne. »
La lutte contre le réchauffement climatique aurait donc tout d’une guerre certes d’une autre nature, mais néanmoins destinée à pallier une menace qui pèse sur la vie et l’avenir des peuples.
Ce nouveau défi impose la mobilisation de moyens humains, matériels et financiers comme les Etats-Unis ont su le faire en d’autres circonstances
A l’instar de ce qui s’est produit dans les années 60, lorsque dans la course à l’espace, le président Kennedy déclara que les États-Unis seraient le premier pays à envoyer une personne sur la lune.
Aussi le Green New Deal présenté par Elisabeth Warren a t’il, en ce début de XXIe siècle, une valeur stratégique visant à donner à la première puissance économique mondiale la possibilité de relever l’un des défis majeurs.
Constatant les effets délétères du changement climatique – inondations records, incendies dévastateurs, tempêtes tous les ans – faisant des victimes et coûtant des milliards de dollars, c’est d’après cette démocrate au regard de la menace existentielle un défi scientifique que les Américains doivent relever.
Surtout quand les principaux experts mondiaux s’entendent sur le fait que sans actions concrètes et sans innovations technologiques sérieuses, le changement climatique causera des dommages incommensurables dans le monde entier.
On comprend mieux que cette femme à la fibre écologique qui n’en oublie pas pour autant le business, enfonce le clou en déclarant : « C’est un défi, mais à l’instar des défis auxquels l’Amérique a été confrontée auparavant, c’est aussi une opportunité ! »
Au cours de la prochaine décennie, le marché des technologies d’énergie propre attendu dans les seules économies émergentes s’élèvera à 23 000 milliards de dollars.
D’où son appel à ce que l’Amérique s’empare de ce marché porteur. Car comme elle le souligne : ‘Nous avons les chercheurs créatifs, les travailleurs qualifiés et l’infrastructure de base pour développer, fabriquer et exporter la technologie dont le monde a besoin pour faire face à la menace existentielle du changement climatique. »
Alors, en quoi consiste son Green plan décliné en 4 volets : Green Apollo Project; Green Industrial Mobilization; Green Marshall Plan; Equitable Investment ?
Il repose sur l’investissement de 2 000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années dans la recherche, la fabrication et l’exportation de technologies vertes, tout en prenant soin de relier l’innovation américaine directement aux emplois américains, condition sine qua none pour parvenir à l’atteinte d’ objectifs ambitieux du Green New Deal.
Cela signifie un financement de 400 milliards de dollars au cours des dix prochaines années pour la recherche et le développement en énergies propres. Un investissement plus de dix fois supérieur à celui qui a été accordé ces dix dernières années.
Cette démarche volontariste entrainerait la création d’un institut national de l’énergie propre. De plus, des dispositions fiscales viseraient à garantir que les contribuables américains profitent d’une part des avantages de leurs investissements en R&D, et que les dollars consacrés à ces activités aboutissent à la mise au point et fabrication aux États-Unis, et non à l’étranger des technologies et équipements destinés à répondre aux besoins.
Elisabeth Warren propose d’allouer 150 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie à des produits énergétiques verts et américains, renouvelables, ainsi qu’une augmentation spectaculaire de la formation des travailleurs afin de garantir aux Américains les compétences nécessaires pour exercer les nouveaux emplois ainsi créés.
Elle affirme qu’il s’agit d’un investissement national dans l’avenir et précise : «Au cours des dix prochaines années, le marché prévu pour les technologies d’énergie propre dans les seules économies émergentes s’élève à 23 millions de dollars.»
Elle appelle à un Green Marshall Plan : « dédié à la vente à l’étranger de technologies énergétiques propres, renouvelables et zéro émission de fabrication américaine et à un engagement de 100 milliards de dollars pour aider des pays à acheter et à déployer cette technologie made in US. »
Alors que Donald Trump érige des barrières tarifaires et annule les efforts du gouvernement fédéral visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, Elizabeth Warren préconise un nationalisme économique positif conçu à la fois pour offrir de nouvelles perspectives aux travailleurs américains et pour répondre à l’une des crises les plus profondes auxquelles le monde entier se trouve confronté.
Selon Elisabeth Warren, si la Chine parvient à engager ses ressources nationales dans la promotion de son industrie nationale verte par le biais de plans tels que Made-in-China 2025, il n’y a aucune raison pour que les États-Unis ne puissent planifier l’avenir d’industries de pointe et de bons emplois, permettant de faire face à l’urgence climatique.
Partant du principe que les industries du futur sont dominées par la Chine et par les États-Unis, sa conclusion tient en une formule simple : « Soit nous gagnons, soit ils gagnent »
Un message dont les pays membres de l’Union européenne seraient bien inspirés de s’emparer très vite.
A celles et ceux qui se demandaient quel serait le nouveau pas de géant pour l’humanité, la réponse est peut-être dans le vert.
LAST NEWS – Lé 12 juin 2019
Lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, Edouard Philippe, Premier ministre, a évoqué entre autres la question relative à la tradition écologique et solidaire. Néanmoins comparées aux ambitions défendues par Elisabeth Warren aux Etats-Unis, force est de constater que les intentions certes louables exprimées par la France, demeurent quelque peu insuffisantes en termes de R&D, d’activités et de créations d’emplois dans ce secteur d’avenir.« Je souhaite que les Français soient les premiers acteurs de la transition écologique » a déclaré Edouard Philippe. « La convention citoyenne pour la transition écologique et climatique constituera un moment de démocratie participative inédit ». Cette convention citoyenne pourra proposer de nouvelles mesures. « Le Gouvernement s’engage à traduire ces propositions en projets de loi, en mesures réglementaires », explique encore le premier ministre. On aurait aimé entendre un appel à la mobilisation de tous les acteurs économiques en mesure d’innover, de produire pour répondre aux réels besoins à l’échelle nationale voire exporter technologies et équipements made in France.