Durement frappés par la COVID-19 qui a provoqué à ce jour plus de 520.000 décès, les États-Unis se heurtent aux conséquences délétères de cette crise sanitaire qui n’épargnent pas la première puissance économique mondiale des difficultés récurrentes en termes d’activités et d’emplois, notamment pour les femmes.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation critique.
Le ralentissement de la reprise de l’emploi, les obstacles à la sécurisation des services de garde d’enfants et les préoccupations concernant la flexibilité du lieu de travail empêchent les femmes de récupérer les emplois qu’elles ont perdus – et menacent d’annuler certains des gains économiques réalisés par les femmes avant la pandémie.
Alors que le département américain du travail doit publier aujourd’hui un nouveau rapport sur l’emploi en février 2021, au mois de janvier, les femmes représentaient un peu plus de la moitié des 10 millions d’emplois perdus pendant la crise, même si elles constituent généralement un peu moins de la moitié de la main-d’œuvre.
Les obstacles à la reprise normale des activités, contraignent davantage les femmes que les hommes à abandonner le travail.
Entre février 2020 et janvier de cette année, ce sont plus de 2,5 millions de femmes qui ont quitté la population active, contre 1,8 million d’hommes.
Face à cette situation, la vice-présidente Kamala Harris n’a pas hésité à parler d ‘«urgence nationale» lors d’un appel vidéo en février avec des législateurs et des militants démocrates. Et d’ajouter : «Notre économie ne peut pas se redresser complètement si les femmes ne peuvent participer pleinement à son fonctionnement»
POUR RETROUVER UN EMPLOI LES AMÉRICAINES SE HEURTENT A PLUSIEURS DIFFICULTÉS
Le ralentissement de l’emploi dans certaines industries où elles sont surreprésentées – y compris les loisirs et l’hôtellerie – est patent.
Consciente que certaines femmes ne pourront pas retourner à des emplois qui ont été perdus, C.Nicole Mason, directrice générale de l’Institut pour les femmes souligne l’importance de l’aide qui doit leur être apportée pour qu’elle puisse s’orienter vers différents secteurs d’activités.
Un autre facteur doit être pris en considération.
Il s’agit notamment des fermetures d’écoles et du passage à l’apprentissage virtuel, qui affectent également de manière disproportionnée les mères qui travaillent.
Une analyse menée par des chercheurs de la Federal Reserve Bank of Chicago a révélé que la proportion de femmes qui étaient soit employées, soit à la recherche d’un travail, a chuté plus fortement au printemps et à l’automne 2020 pour les mères âgées de 25 et 54 que pour les personnes sans enfants.
Les femmes noires, les mères célibataires et celles sans diplôme universitaire sont les principales victimes.
Selon les chercheurs de la Fed de Chicago: «Compte tenu de la persistance de la crise actuelle, il serait quelque peu surprenant d’assister à un renversement jusqu’à ce que les écoles et les garderies retrouvent un fonctionnement normal»
Le projet de loi d’aide de 1,9 billion de dollars du président Joe Biden, qui a été adopté par la Chambre, comprend le financement des écoles, des subventions pour les frais de garde d’enfants et un soutien au secteur des services de garde, qui se débat avec des coûts plus élevés et une réduction des revenus pendant la crise.
Toutefois, ce projet de loi doit encore être approuvé par le Sénat.
Au delà des témoignages de détresse de femmes directement impactées par la crise sanitaire, force est de constater que beaucoup doivent masquer le fait d’avoir des enfants.
D’où l’appel lancé aux employeurs pour qu’ils fassent preuve de flexibilité, afin que les femmes qui ont besoin de superviser la scolarité virtuelle de leurs enfants puissent retrouver un travail.
Pour les emplois avec des horaires de travail facilement modulables, tels que les postes de direction, le ratio de mères travaillant n’a pas changé de manière significative pendant la pandémie, selon un document de recherche publié en février par la Réserve fédérale de San Francisco. En revanche, pour les professions avec des horaires plus stricts, comme ceux de l’éducation, le retour à l’emploi s’avère beaucoup plus compliqué.
Quel impact a la crise sanitaire sur les Françaises ? Cette question se devra d’être abordée.