En voyant des religieuses gravir  d’un pas alerte la côte menant à la chapelle de Grâce sur les hauteurs de la  petite cité maritime de Honfleur dans le Calvados, Women e Life s’est dit qu’il devait se passer quelque chose d’important en haut lieu.

Bien que les sœurs n’affichent aucune banderole et autres slogans, un événement venait sans nul doute de se produire.

Et renseignements pris, le 26 août, la religieuse salésienne Alessandra Smerilli a été nommée secrétaire, soit «numéro 2» du dicastère du développement humain intégral.
Pour la première fois une femme se voit confier un tel poste au sein de la Curie romaine – le «gouvernement» du Vatican.

Il est vrai que le pape François s’est toujours montré très sensible dans ses écrits comme ses discours, à la place des femmes dans l’Église, y compris à des postes «décisionnels» et à forte responsabilité.

En 2016, il avait ainsi nommé Barbara Jatta, la toute première femme directrice des illustres Musées du Vatican. En janvier 2020, il confiait à la laïque italienne Francesca di Giovanni le poste de «numéro 3» de la Secrétairerie d’État, le dicastère le plus important du Vatican. Plus récemment, en février 2021, il avait choisi la Française Nathalie Becquart comme sous-secrétaire, soit «numéro 3» du Synode (assemblée) des évêques.

Fille d’une coiffeuse et d’un ouvrier de l’industrie automobile, Alessandra Smerilli aujourd’hui âgée de 46 ans, est entrée dans la vie religieuse en 1997 chez les Salésiennes de Don Bosco, une congrégation très engagée dans l’éducation des jeunes.

Sur demande de sa supérieure, elle poursuivra des études d’économie et sortira avec deux doctorats, l’un en économie politique, obtenu à Rome et l’autre en économie générale, obtenu en Angleterre.

Elle fut également l’une des chevilles ouvrières du forum – finalement annulé en raison du Covid – The Economy Of Francesco (L’économie de François) d’octobre 2020, qui devait réunir plus de 2000 jeunes de 120 pays pour discuter de l’économie selon le pape François.

Alessandra Smerilli défend une économie qui inclut l’attention à la personne humaine et s’inspire de «l’éthique du care» promue par la philosophe Jennifer Nedelsky.

De source sûre, nous apprenons que la religieuse salésienne va devoir s’atteler à une mission titanesque.

Le dicastère du développement humain intégral est en effet en quelque sorte le «ministère du développement» du Vatican.
Autrement dit, il a en charge aussi bien des questions relatives aux droits de l’homme,  aux œuvres de charité, à l’écologie et aux migrations. 

Au vu de ses compétences, il se dit qu’Alessandra Smerilli pourrait également s’occuper de la vaste réforme économique souhaitée par le pape François.

Force est de reconnaître que la valorisation des femmes et la volonté de les promouvoir au sein de l’institution témoigne d’un changement notable de paradigme au sein de l’Église catholique.
De quoi inspirer d’autres religions à suivre le mouvement.

On comprend mieux pourquoi l’évènement méritait qu’on se presse pour se rendre en haut lieu.