Human Rights Watch a annoncé mercredi que Nada Homsi, détenue à Beyrouth par la Sûreté générale depuis le 16 novembre à la suite d’une perquisition à son domicile, a été libérée dans l’après-midi et que l’ordre d’expulsion qui avait émis à son encontre a également été annulé.
Cette journaliste américaine indépendante qui couvre des sujets relatifs au Liban et à la Syrie, travaille pour plusieurs médias, notamment National Public Radio (NPR), le New York Times, Foreign Policy et Middle East Eye.
Arrêtée et détenue sans mandat de justice depuis le 16 novembre, les raisons invoquées par la Sûreté générale pour justifier la perquisition à son domicile reposaient sur de soi-disant renseignements sécuritaires récoltés par ses services et la présence d’une petite quantité de cannabis.
Bien que la loi libanaise prévoit qu’une personne ne peut être détenue que pendant 96 heures au maximum sans poursuites à son encontre, après quoi, elle doit être libérée, les ONG qui sont intervenues pour exiger sa libération ont dénoncé deux entorses à la règlementation. Tout d’abord l’interdiction faite à cette journaliste de contacter sa famille ou un avocat pendant six jours après sa détention, ensuite le fait qu’elle ait été interrogée en l’absence d’un avocat, en violation de l’article 47 du Code de procédure criminelle.
Selon le Samir Kassir Eyes Center for Media and Cultural Freedom (SKeyes), un organisme de surveillance des médias et de la liberté de la presse à Beyrouth, plus de 100 travailleurs des médias ont été agressés par des acteurs non étatiques entre le début du soulèvement en octobre 2019 et novembre 2021.
Le mois dernier, le journaliste du quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, Radwan Mortada, a été condamné à un an et un mois de prison par contumace par le Tribunal militaire pour « outrage à l’institution militaire et son commandant en chef », après avoir évoqué une éventuelle responsabilité de l’armée dans les explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth.
Au vu de ce qui précède, la libération de Nada Homsi trouve un écho particulier suite à la publication par le Comité pour la protection des journalistes de son dernier rapport.
Ce dernier indique qu’au moins 42 journalistes ont jusqu’ici été tués dans le monde cette année.
Il précise également que 293 reporters étaient emprisonnés au 1er décembre de cette année, soit le chiffre le plus élevé depuis que l’organisation a commencé à suivre l’emprisonnement des journalistes en 1992.
Si les raisons de l’emprisonnement des reporters varient selon les pays, ce nombre record reflète les bouleversements politiques dans le monde et une intolérance croissante à l’égard des reportages indépendants, selon l’organisation à but non lucratif basée aux États-Unis.
Selon le CPJ, la Chine a emprisonné 50 journalistes, soit le plus grand nombre. On trouve ensuite le Myanmar qui a arrêté 26 reporters dans le cadre d’une répression après son coup d’État militaire du 1er février, puis l’Égypte (25), le Vietnam (23) et la Biélorussie (19).
Au Liban qui occupe la 107e place sur 180 en matière de liberté de la presse, les journalistes et les militants sont de plus en plus attaqués par des acteurs étatiques et non étatiques.
Sans la présence physique de journalistes pour enquêter et transmettre des informations sur tous les terrains, y compris les plus difficiles dans toutes les régions du monde, c’est la liberté de la presse et finalement celle de toute l’humanité qui se trouveraient réduites à néant.
Autant de raisons qui conduisent Women e Life, magazine féminin indépendant ouvert sur le monde, à poursuivre, voire intensifier sa mission d’information.