L’annonce par Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, de la nomination de Uzra Zeya au poste de coordinatrice spéciale pour le Tibet, n’a de toute évidence pas reçu un accueil favorable en Chine.

Cette diplomate américaine qui occupe le poste de sous-secrétaire d’État à la sécurité civile, à la démocratie et aux droits de l’homme au sein de l’administration Biden depuis juillet 2021, se voit confier pour délicate mission de diriger les efforts américains visant à préserver le patrimoine religieux, culturel et linguistique du territoire sous domination chinoise face aux violations des droits de l’homme commises par Pékin.

La Chine a pris le contrôle du Tibet après l’entrée de ses troupes dans la région en 1950 dans ce qu’elle appelle une « libération pacifique ». Depuis, le Tibet est devenu l’une des zones les plus réglementées du pays. Ses détracteurs, le Dalaï Lama en tête, estiment que la domination de Pékin s’apparente à un « génocide culturel ».

Selon M. Blinken, Mme Zeya cherchera également à promouvoir le dialogue entre la Chine et le chef spirituel tibétain en exil, le Dalaï Lama, ou les dirigeants tibétains démocratiquement élus.

Le groupe de défense de la Campagne internationale pour le Tibet a salué le nouveau rôle de Uzra Zeya.

Dans une déclaration envoyée par courrier électronique, son président par intérim, Bhuchung Tsering, l’a exhorté à prendre l’initiative de rassembler le soutien de pays partageant les mêmes idées afin de formuler une approche commune sur le Tibet, comme le prévoit la loi sur la politique et le soutien en faveur du Tibet adoptée l’année dernière aux États-Unis.

Uzra Zeya dispose d’une solide expérience pour avoir travaillé en tant que diplomate au sein du service extérieur américain pendant 27 ans. Sous l’administration Obama, elle a été secrétaire adjointe par intérim et secrétaire adjointe principale au Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail. Elle a également travaillé à l’ambassade des États-Unis à Paris de 2014 à 2017.

De 2019 à 2021, Zeya a occupé le poste de présidente et directrice générale de l’Alliance pour la consolidation de la paix, un réseau d’organisations œuvrant pour mettre fin aux conflits violents dans le monde.

Cette nomination intervient alors que les relations entre les États-Unis et la Chine sont au plus bas depuis des décennies sur toute une série de questions, notamment le commerce, Taïwan, les droits de l’homme, la mer de Chine méridionale et le coronavirus.

Il faudra donc à cette envoyée spéciale américaine au Tibet un indéniable talent pour ne pas heurter les prérogatives de Pékin, et éviter que la montagne n’accouche d’une souris, une expression rendue célèbre par une fable de Jean de la Fontaine.