C’est aujourd’hui dans le grand stade de la capitale du Honduras, Tegucigalpa, que Xiomara Castro qui a été élue en novembre 2021, va prêter serment en tant que première femme présidente du pays en présence de la vice-présidente américaine Kamala Harris et du vice-président taïwanais William Lai.
L’occasion pour cette femme de 62 ans qui n’était pas réellement prédestinée à exercer cette fonction, d’inviter le peuple hondurien à fêter son investiture qui doit selon ses propres termes marquer le début d’une nouvelle histoire.
Représentante d’une gauche audacieuse qu’elle qualifie de « socialisme démocratique » Mme Castro, a promis de s’attaquer à plusieurs fléaux qui frappe le Honduras : la corruption, la pauvreté et la violence.
Autant de problèmes endémiques qui contribuent à alimenter l’immigration clandestine. Le Honduras est en effet le principal pays d’origine des convois de migrants qui se forment régulièrement en Amérique Centrale en direction des États-Unis.
Son investiture revêt une grande importance, car sa élection à la tête du Honduras met fin au règne de huit ans de Juan Orlando Hernandez, du Parti national, qui a été accusé par les tribunaux américains de corruption et de liens avec les trafiquants de drogue. Le frère de l’ancien président de droite a d’ailleurs été condamné à la prison à perpétuité aux États-Unis pour trafic de cocaïne.
De plus, du côté des États-Unis, compte tenu de l’inquiétude manifestée au sujet de l’influence croissante de la Chine dans les pays d’Amérique centrale, on ne peut qu’apprécier que le vice-président taïwanais William Lai assiste également à l’investiture dans le but de renforcer les liens avec le Honduras.
À l’approche des élections de novembre, une délégation américaine en visite au Honduras avait clairement indiqué qu’elle souhaitait que ce pays d’Amérique centrale maintienne ses relations avec Taïwan.
En cause notamment, le rétablissement le mois dernier, par la Chine de ses relations avec le Nicaragua, un voisin du Honduras.
Il est donc logique que lors de sa rencontre avec Xiomara Castro, la vice-présidente américaine prévoit de discuter des opportunités économiques, de la lutte contre la corruption et bien entendu de la gestion des migrations.
En dépit d’un conflit avec les dissidents de son propre parti et la présence de candidats rivaux au Congrès et au Parlement, qui fragilisent sa capacité à faire passer des lois, la nouvelle présidente du Honduras affiche un programme qui marque un vrai tournant.
À la tête du Honduras, la présidente est bien consciente que sur les 9 509 522 millions d’habitants que compte le pays, 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Et Xiomara Castro ne compte pas s’arrêter là. Elle prévoit également d’ouvrir un nouveau chapitre sur les questions de société, en prônant la légalisation de l’avortement thérapeutique et le mariage homosexuel.
Une question brûlante dans cette région du monde et tabou dans un pays où les églises, catholique d’un côté, évangéliques de l’autre, possèdent une influence considérable.
Elle déclare aussi vouloir abroger les lois sur l’impunité qui permettent de dissimuler les achats de l’État.
Franchement : que de challenges en perspective !