POUR OLGA RUDENKO JOURNALISTE UKRAINIENNE UNE SOURCE D’INFORMATION FIABLE EST CRUCIALE

Pour ouvrir cette chronique, Women eLife a tout d’abord une pensée pour Frédéric Leclerc-Imhoff. Ce journaliste français n’avait que 32 ans lorsqu’il a été tué alors qu’il couvrait pour BFMTV le conflit dans le Donbass et accompagnait des civils à bord d’un bus humanitaire près de Severodonetsk.

Cette disparition porte à huit le nombre de journalistes français et étrangers qui ont péri depuis le début de cette guerre, le 24 février dernier.

Frédéric Leclerc-Imhoff avait quasiment le même âge qu’Olga Rudenko.

Une journaliste ukrainienne de 33 ans bien en vie, rédactrice en chef du Kyiv Independent depuis 2021 qui a travaillé précédemment pour Kyiv Post, et n’imaginait pas faire la couverture du double numéro de mai de Time Magazine.

Mais les reportages de son équipe sur la guerre menée par la Russie en Ukraine ont propulsé son site web sous les projecteurs, Time décrivant The Kyiv Independent comme la « principale source mondiale de journalisme fiable en anglais sur cette guerre ».

Consciente de l’immense responsabilité qui lui incombe envers son public, en étant « la fenêtre du monde sur l’Ukraine », son engagement en faveur de reportages factuels a été essentiel dans une guerre où la désinformation est élevée et où les journalistes se retrouvent à rendre compte des atrocités qui ont lieu.

Dans une interview accordée au service russe de VOA, Olga Rudenko souligne notamment les efforts de son équipe pour fournir un journalisme objectif et met en avant sa vision de l’avenir d’une presse libre.

Pour elle qui a été amenée à suivre le conflit russe depuis 2014 dans la région du Donbass en Ukraine, ce qui s’est produit le 24 février avec l’invasion de l’armée russe en Ukraine n’est pas une réelle surprise.

Lorsque cette offensive de grande ampleur a commencé en février 2022, Kyiv a été immédiatement bombardée.

Mesurant la probabilité de perte de connexions téléphoniques et Internet, Olga Rudenko a quitté la ville pour l’ouest de l’Ukraine où elle a continué à travailler pour rendre compte de l’évolution de la situation dans son pays déchiré par la guerre.

Elle déclare : « Nous et d’autres journalistes ukrainiens étions dans l’histoire, à l’épicentre de la guerre. Nous avions des gens qui devaient signaler des atrocités dans des endroits où se trouvaient leurs familles. » Et elle ajoute : « Cela pèse sur nous tous. Mais c’est quelque chose que nous devrons traiter après la fin de la guerre. En ce moment, les choses sont si dynamiques et tout se passe si vite, nous sommes très concentrés sur les rapports quotidiens et n’avons pas vraiment le temps de tout traiter. »

Ce qu’elle explique ensuite retient particulièrement l’attention : « Je ne pense pas que l’environnement de guerre profite à la liberté d’expression parce que le gouvernement veut naturellement mettre en place des limitations qu’il justifie par des besoins de sécurité nationale.
Elle mesure parfaitement la puissance de la propagande russe.

Néanmoins, concernant l’Ukraine, elle se dit préoccupée par la façon dont les relations entre le gouvernement actuel et les journalistes seront façonnées après la guerre. Évidemment, actuellement, le gouvernement n’est pas scruté parce qu’on est en mode survie, on est dans la même équipe. »
Nous le surveillons de très près et je suis personnellement un peu inquiète parce que même avant la guerre, l’Ukraine n’était pas un pays parfaitement libre en termes de liberté d’expression. Bien sûr, elle s’en sortait beaucoup mieux que la Russie, mais nous avions nos problèmes. »

Olga craint l’après-guerre et avoue ne pas savoir quelles seront les réactions du pouvoir en Ukraine quand les choses redeviendront normales et quand ils commenceront à recevoir beaucoup de questions critiques lors des conférences de presse.

Mais elle se dit certaine que la communauté journalistique en Ukraine est capable de protéger la liberté d’expression.

Quoi qu’il en soit, la citation spéciale du prix Pulitzer pour les journalistes ukrainiens et sa présence en couverture du magazine Time, apportent la démonstration que le vrai journalisme existe bel et bien.
Modeste mais déterminée à remplir au mieux sa mission d’information avec son équipe, elle fait de Kyiv Independent un média fiable, une référence.

Il ne vous reste plus qu’à consulter Kyiv Independent

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