Ouvert sur le monde et attaché à mettre au devant de la scène les idées, projets et actions des femmes dans de multiples domaines, Women eLife ne peut manquer d’évoquer aujourd’hui un évènement qui va avoir lieu à Paris auquel vous êtes invitées à participer.
Du 10 au 12 juin, l’Institut du Monde arabe( IMA), la 8e édition des Journées de l’Histoire de l’Institut du monde arabe sera consacrée aux « Femmes et genres ».
Comme chaque année, toutes les séances dont le programme détaillé est consultable en cliquant surIMA programme des Journée _ femmes et genres_sont en accès libre et gratuit.
Placées sous la coprésidence de l’historienne Michelle Perrot et de l’écrivaine et militante féministe Wassyla Tamzali, une quarantaine de tables-rondes, débats, projections et présentations d’ouvrage confiés aux plus éminents spécialistes permettront à tous d’approfondir leurs connaissances de la longue histoire des femmes dans la civilisation arabe.
À l’occasion de ces journées, seront présentés les ouvrages qui font l’actualité de l’édition en histoire grâce aux conférences de leurs auteurs. Une place particulière sera réservée à la guerre d’Algérie dont on commémore la fin cette année.
On ne peut nier les grands progrès de la condition féminine réalisés au cours du XXe siècle : baisse de la mortalité au moment de l’accouchement, diminution du nombre d’enfants par femmes, augmentation de l’âge au mariage… L’espérance de vie des femmes progresse généralement plus rapidement que celle des hommes depuis les années 1950 : en 2004, elle était de 75,8 ans pour les femmes en Algérie, contre 73,8 ans pour les hommes ; l’année précédente, en Égypte, la différence était encore plus marquée : 71,9 ans pour les femmes et 67,5 ans pour les hommes !
Malgré ces avancées, les femmes demeurent confrontées à des mentalités qui valorisent leur rôle de fille, d’épouse et de mère, plutôt que leur émancipation. Des valeurs qui reposent en partie sur le droit arabe.
Les sociétés du monde arabe sont traversées par de nombreux paradoxes. Les valeurs traditionnelles fondées sur la religion, tout autant que l’idéologie issue des luttes anticoloniales, sont réutilisées et transformées dans les doctrines islamistes ; mais elles sont confrontées aux modèles occidentaux de la famille, de l’économie et de la politique véhiculés par les médias, dont Internet. Les soubresauts qui secouent actuellement le monde arabe ne sont que les séismes qui témoignent d’un grand mouvement de fond, dont on ne peut qu’espérer qu’ils mèneront à une émancipation des peuples.
Alors que le nomadisme a quasiment disparu dans les vingt-deux États de la Ligue arabe, et dans les villes où vivent de nos jours trois personnes sur cinq , les cybercafés côtoient les mosquées historiques.
Mais ce chiffre ne doit pas masquer les fortes disparités qui existent entre les pays. Alors que 96 % de la population qatarie est urbaine, ce taux tombe à moins de 35 % au Yémen et au Soudan, et à 43 % en Égypte. C’est pourtant dans ce pays que se trouve l’une des plus grandes métropoles du monde : Le Caire, avec plus de vingt millions d’habitants (en prenant en compte l’ensemble de l’agglomération).
Les contrastes sociaux, à la fois entre les pays et à l’intérieur de chacun d’eux, demeurent importants : la vie d’un jeune homme de Dubaï ne peut que difficilement se comparer à celle d’une mère de famille d’un village de l’Atlas.
Comme dans d’autres sociétés, la famille, dans son acception large, reste l’une des bases des structures sociales, et peut-être un carcan pour les femmes.
Toutefois, les choses évoluent : si la tradition préconise que les hommes et les personnes âgées y exercent l’autorité, et que les mariages doivent être plutôt endogames (au sein du groupe familial élargi, par exemple entre cousins), on note le développement de plus en plus fort du modèle de la famille nucléaire, centrée sur le couple et ses enfants.
Déjà rarement pratiquée au cours de l’histoire, sauf pour démonter sa richesse, la polygamie a quasiment disparu du monde arabe et le divorce est une pratique courante. L’éducation des femmes est un outil fondamental de leur émancipation, comme le prouvent certaines études qui soulignent le lien entre l’utilisation de moyens de contraception et le niveau d’études.
Femmes et jeunes se considèrent souvent comme des catégories exclues de la vie économique et politique de leurs pays. Il est vrai que le marché de l’emploi leur est souvent difficile d’accès, le taux moyen de chômage atteignant 30%.
Dans le monde arabe de manière générale, 25 % seulement de femmes travaillent. Malgré le développement des études supérieures, peu de jeunes trouvent ensuite à s’employer à des postes utilisant leurs compétences.
La représentation politique des femmes est aussi problématique.
Soumises à une forte pression sociale, les femmes préfèrent quant à elles s’engager dans des associations, ou pour des actions caritatives.
Cette situation explique en grande partie les révoltes de 2011, qualifiées de « printemps arabes », contre des dirigeants autocratiques. La révolution des médias et un accès de plus en plus facile et répandu à Internet, souvent par le biais des téléphones portables, facilite ces bouleversements de l’ordre établi.
En Tunisie, la révolution a porté un grand espoir et permis l’établissement d’un régime démocratique ; mais la Syrie et le Yémen se sont enlisés dans une violente guerre civile, accentuée par des lobbys islamistes, qui gagnent en puissance et gangrènent le paysage politique de tous les pays arabes.
Ces embrasements sont d’autant plus faciles à comprendre dans le monde arabe que ses habitants sont jeunes, éduqués et connectés. L’âge moyen se situe autour de 21 ans, et plus d’un tiers de la population a moins de 15 ans, quand seulement 6 % environ est âgée de plus de 60 ans. Cette jeunesse représente à la fois un incroyable atout, mais aussi un immense défi.
À l’occasion de ces trois journées consacrées aux « Femmes et genres » qui se dérouleront à l’Institut du Monde arabe, le prestigieux jury d’experts du Grand Prix des Journées de l’histoire de l’IMA distinguera, cette année encore, un ouvrage remarquable consacré à l’histoire du monde arabe. Ce prix est doté par l’Académie du Royaume du Maroc.