Alors qu’en Italie, quatrième économie européenne, les électeurs vont se rendre aux urnes, le 25 septembre, pour élire un parlement allégé, la question concernant l’élection du ou la prochaine Première ministre de ce pays se pose sur fond de sondages d’opinion.
Le parti Fratelli d’Italia que dirige Giorgia Meloni, enregistre en effet une notable progression, passant de 4 % des voix en 2018 à près de 25 % des intentions de vote aujourd’hui.
À 45 ans, cette jeune femme a beau déclarer avoir pris ses distances avec les origines néofascistes de son parti, en affirmant que la droite italienne « a remis le fascisme à l’histoire », son admiration pour le leader nationaliste hongrois, Viktor Orbán, mais aussi son opposition aux droits des homosexuels et sa volonté de voir la marine refouler les migrants, notamment, ne font pas illusion.
Un seul point d’avance la séparant du parti démocrate (PD) d’Enrico Letta, sa coalition tripartite obtiendrait un total d’environ 48 %, contre environ 29 % pour l’alliance de centre-gauche.
Autrement dit, la possibilité qu’elle devienne la prochaine cheffe du gouvernement italien est dans tous les esprits.
La coalition centrodestra (centre-droit), dominée par les Frères d’Italie, axée sur la promotion de la famille italienne traditionnelle, et la Ligue populiste, témoigne de la possible domination d’une coalition conservatrice dirigée par le parti d’extrême droite de Giorgia Meloni, dont la détermination à réduire l’immigration et la volonté de limiter l’influence de l’UE, tireraient l’Italie vers une droite dure.
Sur la question clé du jour, inflation et coût de la vie, cette coalition propose de réduire la TVA sur les biens essentiels et l’énergie, de renégocier le plan de relance européen de l’Italie pour tenir compte de la flambée des prix et d’encourager les employeurs à offrir des chèques énergie aux travailleurs.
Des réductions d’impôts à tous les niveaux, supprimant le régime controversé de lutte contre la pauvreté du «salaire des citoyens», l’augmentation d’autres prestations sociales et des pensions de retraite, ainsi que le souhait de réformer le pacte de stabilité de l’UE ou encore d’introduire des élections directes pour le président italien figurent également au programme.
Si Meloni déclare que l’Italie poursuivra en cas de victoire à l’élection son soutien à l’Ukraine, il paraît évident qu’une coalition d’extrême droite ne manquerait pas de soulever des questions sur la politique italienne, compte tenu des liens antérieurs de Salvini et Berlusconi avec le Kremlin de Vladimir Poutine.
Face au ralentissement de la croissance et à la hausse de l’inflation, certains observateurs italiens jugent néanmoins que Giorgia Meloni ne dispose pas de l’expérience et la crédibilité qu’avait Mario Draghi qui a démissionné de son poste le mois dernier, surtout lorsqu’il s’agit de gérer une économie italienne en panne et le très haut niveau d’endettement de l’Italie.
Mais en jouant sur l’indignation, à travers des discours anti-élites et la mise en avant de sa propre histoire, la dirigeante de Fratelli d’Italia pourrait parvenir à séduire voire convaincre une partie importante de l’électorat.
D’autant que l’effondrement d’une coalition de centre-gauche en août quelques jours après sa formation, lorsque le parti centriste Action s’est retiré, laissant le PD dans une alliance appelée PD-IDP, composée de quatre listes de plusieurs petits partis de gauche, pro-européens et verts lui donne l’avantage.
Quant æu M5S, dirigé par l’ancien premier ministre Giuseppe Conte, il court seul, après s’être scindé en deux lorsque l’ancien dirigeant Luigi Di Maio est parti pour former son propre parti, Engagement civique (Impegno Civico), le soutien du M5S étant passé de 32 % aux élections de 2018 à environ 10 %.
Après l’élection, le 6 septembre, de la conservatrice Liz Truss à la tête du gouvernement britannique, celle de Giorgia Meloni représentante d’une extrême droite en Italie, le 25 septembre, n’irait pas sans provoquer quelques remous au sein d’une Union européenne qui ne manque pas de dossiers brûlants.