Cette photo prise en 2013, sur l’hippodrome de Deauville, lors d’un défilé de prestigieuses voitures de collection, toutes plus superbes les unes que les autres, donne une image de la place des femmes dans l’univers de l’automobile qui ne correspond plus aux réalités actuelles.
Mais ce clin d’œil n’est pas innocent alors que s’est ouvert cette semaine à Paris, le Mondial de l’automobile, placé sous le signe de la montée en puissance de la voiture électrique.
Gracieuses passagères à la belle époque, les femmes n’ont pas tardé à prendre le volant et éprouvé le plaisir de la conduite, en participant à diverses courses automobiles : 24H du Mans, rallye de Monte Carlo, rallye des Gazelles, etc.
Outre leur présence , même modeste, dans diverses activités du secteur, certaines sont également devenues au fil du temps dirigeantes de grandes firmes automobiles.
L’histoire de la relation entre les femmes et l’automobile conduit à parcourir une épopée longue de plus d’un siècle qui n’est pas sans coller à l’évolution de la condition féminine dans nos sociétés.
Bien que l’automobile ait fait son apparition au tournant du XXe siècle, la femme n’avait jusqu’à une époque pas si lointaine, guère sa place auprès d’une invention qui s’adresse aux classes aisées et aux hommes.
Toutefois, sans vouloir être exhaustif concernant les évènements marquants de la présence de femmes dans cet univers frappé du sectarisme masculin, quelques-uns méritent d’être rappelés.
C’est en 1888, qu’une femme réalise le premier long voyage au volant d’une voiture.
Bertha Benz, conjointe et associée de Karl Benz, l’inventeur de la Benz Patentwagen va réaliser un voyage qui a de quoi faire rêver en ces temps de grève de carburants puisqu’elle parcourra 106 kilomètres avec une voiture sans réservoir et sans aucune station service.
Bertha Benz est également la première à avoir cru à un tel projet alors que son mari était sceptique et sur le point d’abandonner sa voiture.
Dans ce domaine, la France peut se vanter de compter une femme, considérée comme l’une des pionnières de l’automobilisme féminin.
Anne d’Uzès est la première Française à avoir obtenu le permis de conduire en 1898. Elle est aussi la première personne à se faire verbaliser pour excès de vitesse à près de 15 km/h au lieu des 12 km/h maximum.
Sur sa lancée, elle crée et préside en 1926 “L’Automobile Club Féminin », un club automobile français réservé uniquement aux femmes.
Autre férue d’automobile est Linda Jackson, devenue en juin 2014 la première femme à diriger la marque automobile française aux chevrons (Citroën) et la troisième femme à prendre les rênes d’une entreprise automobile, après l’Allemande Annette Winkler chez Smart et l’Américaine Mary Barra chez General Motors. L’occasion d’ajouter que Dorothée Bonnassies a pris la direction de Skoda France depuis quelques jours.
En 2021, alors que le Groupe Stellantis, fruit de la fusion entre PSA et FCA, est né, Linda Jackson est devenue responsable de la marque Peugeot au niveau mondial.
Elle est l’une des cinq femmes qui se voient confier des postes à hautes responsabilités dans le groupe Stellantis, dont le PDG, Carlos Tavares, vient d’annoncer la production de six nouvelles voitures 100% électriques en France, d’ici à 2025, soit douze au total.
Force est de constater que les femmes sont pleinement impliquées dans le secteur de l’automobile qui sait devoir faire face à la redoutable concurrence d’entreprises chinoises qui exposent sur tapis rouge, au Mondial 2022, leurs dernières créations en voie de commercialisation sur le Vieux continent.
Lentement, mais sûrement, en dépit du sexisme, des discriminations et des inégalités salariales, les femmes prennent place dans de nombreux domaines couvrant ce secteur clé longtemps dominé par les hommes.
Par ailleurs, un autre aspect lié à l’utilisation de l’automobile se doit être souligné.
En Europe, 74% des femmes conduisent une automobile quotidiennement pour leurs déplacements tant professionnels que privés.
En France, un automobiliste sur deux est de sexe féminin et 44% d’entre elles achètent leur automobile toute seule.
Quant à l’influence des femmes dans le choix de la voiture familiale, elle est évaluée à 70%.
Ces dernières jouent un rôle prépondérant en termes de choix en devenant des consommatrices avisées qui n’hésitent pas à fouiller les modèles convoités sur le net et à se rendre chez les concessionnaires.
Mais les femmes se montrent également plus sensibles aux facteurs écologiques liés à la mobilité en milieu urbain, en pratiquant lorsque c’est possible leurs trajets avec des vélos et autres chariots électriques.
De là à en déduire que les femmes sont l’avenir de la mobilité durable, il y a essence à réflexion.
En toute logique, la décision de franchir le virage ne peut être prise que sous réserve que les prix des nouveaux moyens de transport, restent abordables.
Or, concernant les voitures électriques plus particulièrement, c’est encore loin d’être le cas, en dépit de la toute dernière décision prise de porter de 6.000 à 7.000 euros la prime accordée pour l’acquisition d’une zéro émission.
Pour conclure sans quitter la route, cette image fait de la peine. Qu’un constructeur français d’une voiture sport séduisante, reste accroché au moteur thermique et pense que les femmes ne sont que des passagères symbolise un gros retard à l’allumage !
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