Women eLife n’avait a priori pas besoin de recourir à cet évènement pour illustrer son plein soutien au légitime soulèvement populaire qui agite l’Iran.
Toutefois, cette photo prise dimanche dernier, lors de la rencontre entre Emmanuel Macron et la journaliste, militante iranienne Masih Alinejad, se doit de figurer en bonne place.
Largement diffusée et commentée dans la presse et sur les réseaux sociaux, elle témoigne de l’appui du président de la République française qui a salué, lors de sa rencontre avec quatre militantes iraniennes, la «révolution qu’elles sont en train de conduire» dans leur pays.
Face à cette démonstration, l’Iran a immédiatement vivement réagi en qualifiant de «regrettables et honteuses» les déclarations du chef de l’État.
Pour bien comprendre à quel point les manifestations organisées depuis plus de deux mois dans de nombreuses villes d’Iran, sont révélatrices d’un indispensable besoin de changement de régime, il faut en venir à ce qui le justifie.
Masih Alinejad, en exil à New-York, est en l’occurrence le visage international et la voix des femmes en colère en Iran qui sont battues, emprisonnées et même tuées pour avoir enlevé leur foulard obligatoire et montré leurs cheveux.
En dépit de la violente répression de la part des autorités, elle estime que la révolution pacifique en cours marque en réalité le début de la fin pour la République islamique.
C’est la raison pour laquelle lors de son passage en France, elle est venue demander au président de la République française de se tenir du bon côté de l’histoire en déclarant : « arrêtez de serrer la main des religieux iraniens, arrêtez de traiter avec l’Iran. »
Un message qui s’adresse à tous les dirigeants occidentaux.
La fleur épinglée au-dessus de son oreille gauche sur sa chevelure faite de boucles en tire-bouchon est un signe pour ne pas dire un signal qui en dit long.
Alors que plus de 42 millions de femmes en Iran sont forcées de se couvrir la tête en public depuis la révolution de 1979 qui a renversé le Shah, rien ne semble pouvoir arrêter la vague actuelle de protestations contre le régime de Téhéran qui a éclaté en septembre après la mort de Mahsa Amini, une femme kurde de 22 ans, détenue par la police des mœurs iranienne, connue pour l’application brutale de la loi sur le port obligatoire du hijab.
La critique du statut des droits de l’homme en Iran, en particulier des droits des femmes en Iran est la préoccupation première de Masih Alinejad qui a acquis une véritable notoriété.
Tout d’abord en remportant plusieurs prix, dont le prix des droits de la femme du Sommet de Genève pour les droits de l’homme et la démocratie 2015, le prix Omid de journalisme de la Fondation Mehdi Semsar et un prix d’excellence médiatique AIB « Highly Commended ».
Elle a publié un livre en 2018 intitulé « The Wind in My Hair » qui traite de ses expériences en grandissant en Iran, où elle dénonce le fait que les filles « sont élevées pour garder la tête basse, pour être aussi discrètes que possible et pour être douces ».
En 2019, elle a poursuivi le gouvernement iranien devant un tribunal fédéral américain pour harcèlement contre elle et sa famille.
Depuis lors, des filles et des femmes iraniennes descendent dans la rue avec le slogan « les femmes, la vie, la liberté », défiant ouvertement les mollahs qui dirigent l’Iran.
Elles brûlent des foulards, coupent leurs cheveux – interdit par certaines autorités islamiques – défient les forces de sécurité armées et tentent de faire entendre leurs revendications.
À 45 ans, Masih Alinejad est une épine dans le pied du régime iranien, et des mollahs, qu’elle qualifie de « religieux ignorants ».
Aujourd’hui, malgré une répression sanglante, la « révolution des femmes » ne montre aucun signe d’essoufflement.
Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU indique que les forces de sécurité ont jusqu’ici tué 300 personnes, environ 14 000 manifestants hommes et femmes ont été arrêtés, dont 1 000 ont été inculpés de crimes, certains passibles de la peine de mort.
» Femmes, Vie Liberté » ne doit pas rester qu’un slogan. Il doit s’inscrire comme un incontournable fondement d’une démocratie en Iran.
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