ANA MONTES L’ESPIONNE À L’ARME MÉMOIRE

Pour démarrer la semaine, rien ne vaut une véritable histoire d’espionnage dans laquelle une femme a le rôle principal.

Il ne s’agit pas de cette séduisante jeune femme qui se faisait appeler Maria Adela Kuhfeldt Rivera, en réalité une espionne russe nommée Olga Kolobova, infiltrée au sein de l’OTAN que beaucoup pensaient être une créatrice de bijoux à succès, dont nous évoquions les aventures en août dernier.

C’est en apprenant, la semaine dernière, la libération de Ana Belen Montes, une espionne américaine arrêtée par le FBI, le 21 septembre 2001, à Washington, DC, que nous avons cherché à en savoir plus.
Elle avait alors 44 ans et venait d’être accusée de complot en vue de fournir des informations de défense à Cuba.

En dépit d’une surveillance physique et électronique et autres recherches secrètes, il n’aura pas été facile pour les agents du FBI de la coincer.

Née de parents portoricains sur une base de l’armée américaine en Allemagne en 1957, elle a fréquenté l’Université de Virginie et, en 1977 et 1978, a passé une année à étudier en Espagne où elle a rencontré une étudiante portoricaine nommée Ana Colon.

Devenue la meilleure analyste cubaine de la Défense Intelligence Agency (DIA), Ana Montes s’est très vite taillée une solide réputation dans toute la communauté du renseignement américain.

Toutefois, personne ne se doutait que cette experte puisse divulguer des informations militaires américaines classifiées et déformer délibérément les opinions du gouvernement sur Cuba.

Ana Montes était surnommée: « la reine de Cuba ». De 1985 aux attentats du 11 septembre 2001, cette Américaine a remis des secrets militaires américains à La Havane, tout en travaillant comme analyste de haut niveau pour la Defense Intelligence Agency du Pentagone.

Les premiers soupçons concernant ses activités sont intervenus en 1996, lorsqu’un collègue de la DIA intuitif, a émis des doutes sur l’influence que pouvaient avoir sur elle les services de renseignement cubains.
Mais en dépit d’interrogatoires, elle n’a rien avoué.

Il est vrai que pour s’être souvent prononcée ouvertement contre la politique du gouvernement américain envers l’Amérique centrale, lorsqu’elle occupait un emploi de bureau au ministère de la Justice à Washington, ses opinions ont très vite attiré l’attention des « officiels » cubains qui ont tout de suite compris sa sympathie pour leur cause. Elle les a d’ailleurs rencontrés, avant d’accepter d’apporter son aide à Cuba.

Quoi qu’il en soit, Ana Montes disposait en qualité d’espionne d’un don fort utile.

Pour échapper à toute détection, elle n’a jamais retiré aucun document de son travail, sous forme électronique ou papier. Elle a simplement su garder les détails dans sa tête, pour une fois rentrée chez elle, les taper sur son ordinateur portable. Ensuite, elle a transféré les informations sur des disques cryptés. Après avoir reçu des instructions codées des Cubains via une radio à ondes courtes, elle poursuivait sa mission.

Grâce à la surveillance physique et électronique, le FBI a néanmoins pu monter un dossier contre Montes. Il leur fallait identifier son correspondant cubain et guetter une rencontre en face à face, ce qui a retardé son arrestation pendant un certain temps. Cependant, suite aux attentats du 11 septembre 2001, Ana Montes était sur le point de se voir confier des travaux liés aux plans de guerre américains en Afghanistan. Et c’est alors qu’elle a été arrêtée.

Est-ce par idéologie pure et en raison de son désaccord avec la politique étrangère américaine qu’elle s’est livrée à l’espionnage, sans ne jamais percevoir d’argent pour transmettre des informations classifiées, à l’exception du remboursement de certaines dépenses ?

Toujours est-il qu’Ana Montes a reconnu avoir révélé l’identité de quatre agents secrets américains travaillant à Cuba. Elle a plaidé coupable en 2002 et a été condamné à 25 ans de prison.
Libérée le 6 janvier 2023, celle que l’on surnommait « La reine de Cuba » a aujourd’hui 65 ans. Elle devra désormais respecter cinq années de probation aux États-Unis, avant de pouvoir s’envoler – pourqquoi pas- vers Cuba pour se remettre en mémoire les évènements, hors du commun, qu’elle a vécus en tant qu’espionne.

Pour peu que les détails de sa fabuleuse histoire vous passionnent, deux livres sur le point d’être publiés sont à retenir : « Queen of Cuba » de Peter J. Lapp et Kelly Kennedy et « Code Name Blue Wren » de Jim Popkin.

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