Alors que le Pérou est plongé dans une crise politique avec des manifestations quasi quotidiennes depuis le 7 décembre, la présidente du Pérou, Dina Boluarte, a lancé un nouvel appel au Congrès pour qu’il organise des élections anticipées afin de mettre fin à des semaines de manifestations meurtrières, avertissant qu’autrement, elle demanderait une réforme constitutionnelle pour organiser un vote.
Dimanche soir, lors d’une déclaration télévisée, elle a exhorté le parlement à approuver des élections anticipées face à la tension qui est montée d’un cran samedi et a fait un premier mort à Lima.
En sept semaines, 48 personnes ont été tuées dans des affrontements entre forces de sécurité et manifestants.
La date du début des manifestations correspond en réalité à celle qui a été marquée par l’arrestation du président de l’époque, Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté de dissoudre le Congrès et de gouverner par décret.
Les manifestants se sont battus avec la police dans un brouillard de gaz lacrymogène et Lima est devenue le théâtre de violentes échauffourées.
Au cours des dernières semaines, les partisans de Castillo ont bloqué des autoroutes, provoquant des pénuries de nourriture, de carburant et d’autres fournitures de base.
Les troubles proviennent principalement d’Autochtones pauvres et ruraux du sud du Pérou qui avaient identifié Castillo – qui est autochtone et de cette même région – comme l’un des leurs qui se battrait pour mettre fin à la pauvreté, au racisme et aux inégalités dont ils souffrent.
À 60 ans, Dina Boluarte, la présidente péruvienne, qui a été élue en 2022, est la première femme à occuper ce poste depuis les 200 ans d’indépendance du pays.
Après avoir exercé la profession d’avocate pendant 18 ans et avoir travaillé à la tête du bureau d’état civil du Pérou depuis 2007 puis été ministre du développement et de l’inclusion du pays pendant 16 mois, avant d’accepter la vice-présidence, elle savait pertinemment sa tâche à la tête du Pérou, particulièrement difficile.
En acceptant l’écharpe présidentielle au congrès du Pérou, Boluarte s’était fixée pour première mission « d’agir contre la corruption »,considéré comme le cancer qui ruine le pays.
Le mois dernier, les législateurs ont déplacé les élections prévues en 2026 à avril 2024. Toutefois, les manifestations ne montrant aucun signe de ralentissement, Boluarte a demandé qu’elles se tiennent cette année.
Selon une enquête de l’Institut d’études péruviennes (IEP), 73% des Péruviens réclament des élections cette année. 89% désapprouvent l’attitude du parlement, discrédité dans l’opinion depuis des mois déjà.
En renouvelant son appel à des élections cette année pour mettre fin aux manifestations, Dina Boluarte menace de réformer la Constitution si les législateurs n’avancent pas le vote national.
La présidente péruvienne exhorte à faire passer les intérêts du pays avant les intérêts des partis. Selon elle « les députés jouent avec le feu ». Leur vision est un déni total de la réalité.
Ce lundi, la législature doit se réunir pour discuter du calendrier des élections.
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