QU’ATTENDRE DE LA FÉMINISATION À LA TÊTE DE SYNDICATS EN FRANCE ?

La féminisation des profils à la tête des organisations syndicales vont ces derniers temps bon train.
D’où une question liée à ce qu’il est possible de constater.

Faut-il se réjouir ou craindre que davantage de femmes deviennent les représentantes de syndicats représentatifs en France ?

Après Sophie Binet qui a pris en mars la succession de Philippe Martinez à la tête de la CGT, Laurent Berger a pour sa part annoncé quitter la tête de la CFDT le 21 juin, Marylise Léon, actuelle numéro deux, devenant alors secrétaire générale de la confédération.

Avant d’aller plus loin, le fait que des femmes occupent ces postes de leaders au moment où la réforme des retraites adoptée à coup de 49.3 et promulguée par le chef de l’État, se heurte à un mouvement de contestation dans le pays, ces dernières héritent d’un dossier brûlant dont Emmanuel Macron a néanmoins reconnu lors de son intervention télévisée toute la difficulté.

Sans limiter la réflexion au seul féminisme ambiant dans l’univers syndical, il est intéressant de dresser le portrait de Marylise Léon qui intervient depuis 18 ans au sein de la CFDT.

Titulaire d’un DESS de chimie, cette jeune femme aujourd’hui âgée de 46 ans a été responsable sécurité environnement de plusieurs entreprises et a travaillé pour un cabinet de conseil sur la sécurité, l’environnement et la dépollution des usines d’incinération.

De là à en déduire que l’écologie et la lutte contre le réchauffement climatique font partie de ses sujets de prédilection, il n’y a qu’un pas qui ne peut toutefois masquer bien d’autres préoccupations qui mobilisent les syndicats.

Secrétaire générale adjointe de la CFDT, Marylise Léon est responsable de la coordination de la politique d’action revendicative, de la politique de l’emploi et de la sécurisation des parcours, de la politique de lutte contre la pauvreté, et des relations intersyndicales.

Il est également vraisemblable que les conditions de travail et l’égalité salariale homme femme, s’inscrivent en bonne place.

Quoi qu’il en soit, à l’unisson avec l’intersyndicale, la CFDT appelle les travailleurs et les travailleuses à se mobiliser le 1er mai prochain en venant très nombreux, en famille, dans des mobilisations populaires, festives, conviviales, pour dire oui à une autre vision du travail et non aux 64 ans.

Ce 1er-Mai, que nous voulons historique en matière de mobilisation, doit être une nouvelle démonstration de la force du monde du travail : des travailleuses et travailleurs déterminés, qui aspirent d’abord à la juste reconnaissance de leur travail, au respect et à la dignité. a t’elle déclaré avant d’ajouter :
« Ce 1er-Mai doit également être une nouvelle démonstration de la force du syndicalisme, de l’action collective et de l’engagement ! », agrémenté d’un :  » On va casser la baraque! »

Lorsque que les discussion vont reprendre entre le président de la République française et les représentants syndicaux, Emmanuel Macron ne doit pas se bercer d’illusion face à ses nouvelles interlocutrices.

Les femmes qui occupent de hautes fonctions à la tête d’entreprises comme de syndicats, ne sont pas des brebis.
Elles ont leur franc parler et se montrent parfois, pour ne pas dire souvent, plus déterminée que leurs homologues masculins lorsqu’il s’agit de défendre ce qu’elles estiment légitime.

Emmanuel Macron se doit d’être persuadé que les seules belles paroles n’ont aucune chance de séduire si elles ne tiennent pas compte de ce qui anime une opposition systémique. Autrement dit, imaginer que la présence de femmes à la tête de syndicats ne peut qu’améliorer le dialogue social et rendre plus aisées les négociations sur toutes sortes de sujets à l’origine de profonds différends est aller un peu vite en besogne.

Décrite par Laurent Berger comme « dynamique », avec « une compréhension du monde du travail qui est forte, parfois plus fine que la [s]ienne, par exemple sur la question des nouvelles formes d’emplois », il rappelle que Marylise Léon
s’est battue avec énergie lors des négociations sur l’assurance-chômage. Il évoque également sa position concernant la transition écologique qu’elle ne voit possible que de façon juste sur le plan social.

En l’état, il faudra donc attendre de voir pour savoir si la féminisation des leaders syndicaux offre de réelles nouvelles perspectives.
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