Au Soudan, il fût un temps pas si lointain, où des signes favorables semblaient devoir prendre corps en matière d’égalité hommes femmes.
Mais bien que la Constitution de 2005 ait entériné l’égalité homme-femme dans les domaines politiques, sociaux et économiques, les réformes attendues ne sont jamais entrées en application.
Pourtant, en 2019, les militaires et les représentants de la contestation allaient se mettre d’accord sur une déclaration constitutionnelle abrogeant la Constitution de 2005 et faisant la part belle à l’égalité homme-femme.
Toutefois, si les Soudanaises ont été présentes dans toutes les couches de la société, en arrivant au pouvoir Omar el-Béchir a voulu les « remettre à la maison » avant d’être renversé, sous la pression populaire, par un coup d’État militaire le 11 avril 2019. Cette même année, Ala’a Salah (voir photo), une jeune étudiante en architecture de 22 ans, allait devenir l’icône des manifestations.
Depuis le début du conflit actuel, le 24 avril 2023, les affrontements entre les Forces Armées Soudanaises (FAS), dirigées par le général Al-Bourhane, et les Forces de soutien rapide (FSR), milice paramilitaire indépendante, dirigée par le général “Hemetti” ont fait au moins 457 mort·e·s et plus de 4000 blessé·e·s.
Selon les Nations Unies, les combats qui ont lieu entre deux factions militaires pourraient forcer plus de 800 000 personnes à fuir le pays, en dépit de la nouvelle prolongation de trois jours d’un cessez-le-feu qui n’a pas fait taire les armes.
À ce jour, on estime qu’environ 73 000 Soudanais ainsi que des réfugiés étrangers ont déjà quitté le Soudan.
Dans ce pays d’Afrique qui compte 46 533 767 habitants, et partage ses frontières avec sept territoires: Égypte, Érythrée, Éthiopie, Libye, République centrafricaine, Soudan du Sud, et Tchad, un tiers de la population a besoin d’une aide humanitaire.
Avant même les affrontements, les besoins humanitaires atteignaient déjà un niveau sans précédent au Soudan : 15,8 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire en 2023.
Au-delà de Khartoum en proie au chaos, plus de 330.000 personnes ont été déplacées à travers le pays, dont plus de 70% au Darfour-Ouest également affectés par les actes guerriers et du Darfour-Sud, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Alors que la violence règne dans les villes et villages, les habitants restés sur place sont confrontés à des pénuries d’eau, d’électricité et alimentaire, alors que la température à Khartoum dépassent les 40 degrés Celsius.
De plus, les violences et les pillages récurrents n’épargnent ni les hôpitaux ni les organisations humanitaires, dont beaucoup ont dû suspendre une grande partie de leurs activités. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint une « catastrophe » pour le système de santé, déjà très fragile avant la guerre au Soudan.
On comprend que face à cette dramatique situation, ONU Femmes agisse sur le terrain pour délivrer une aide vitale aux femmes et aux filles soudanaises qui représentent 49,6% de la population totale.
La poursuite du conflit a un impact disproportionné sur la vie des femmes et des filles, et entrave gravement toutes les opérations humanitaires. Au moins quatre millions d’enfants et de femmes enceintes ou allaitantes souffrent de malnutrition sévère.
Alors que l’accès aux services essentiels devient particulièrement critique, et que les risques de violences sexistes et sexuelles augmentent considérablement, l’apport au plus vite d’assistance et de soutien aux filles et femmes est indispensable. Plus de trois millions d’entre elles sont exposées à ces violences et ont besoin de protection, de nourriture, d’eau, de kits d’hygiène et de refuges.
Avec des partenaires et d’autres agences onusiennes, ONU Femmes apporte une réponse immédiate et vitale qui a pour objectif de permettre aux femmes de rester en sécurité et de subvenir à leurs besoins essentiels. Il s’agit notamment de kit de traitement post-exposition au VIH, de kits d’hygiène, d’un soutien psychologique et social, d’une aide aux victimes de traumatismes et d’une aide financière d’urgence.
La situation actuelle au Soudan, marque également un véritable retour en arrière.
Car dans ce pays, les femmes, notamment les jeunes citadines issues des classes moyennes, ont joué un rôle de premier plan dans la révolution, en 2018-2019.
Elles ont également été très visibles durant les sit-ins de ces derniers mois, contre la junte militaire et pour réclamer un retour du pouvoir aux civils.
Depuis le début des combats actuels, les images de Soudanaises qui circulent sur les réseaux sociaux, ne montrent que des filles et femmes victimes, contraintes, comme les autres civils, de fuir les violences.
Pourtant, un léger mieux s’était dessiné sous le gouvernement Hamdok, resté au pouvoir de 2019 à 2021 avant d’être exclu du pouvoir par un coup d’Etat du général al-Burhane et de Hemedti [surnom de Mohamed Hamdan Dagalo].
Pendant ces deux ans de gouvernement de transition civile, quelques avancées notables avaient été remarquées pour les filles et femmes soudanaises, notamment au niveau du code de la personne, de la capacité à se déplacer seule en ville, à porter des habits qui ne respectent pas la loi islamique, etc.
Or la prise du pouvoir du général al-Burhane, n’a fait que durcir la situation.
Héritier d’un régime islamo-conservateur de 30 ans, la défense des conditions de vie et droits des filles et femmes est loin de faire partie de ses préoccupations.
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Bien qu’aucune des précédentes trèves n’ait été respectée par les belligérants, le général Abdel Fattah al-Burhane et le général Mohamed Hamdane Dagalo auraient convenu du principe d’une trêve de sept jours du 4 au 11 mai.
Les deux hommes auraient également « donné leur accord pour nommer des représentants pour des négociations de paix qui doivent se tenir dans le lieu de leur choix », est-il précisé dans un communiqué.
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