L’Histoire nous rappelle que si tel devait être le cas, ce ne serait pas une première. Nommée le 15 mai 1991, par François Mitterrand, président de la République, Edith Cresson fût en effet la première et jusqu’ici la seule femme Première ministre française. A la tête du gouvernement durant 10 mois, elle allait devoir, sous le feu des critiques et quolibets, quitter son poste le 2 avril 1992 et être remplacée par Pierre Bérégovoy.
Et l’article publié jeudi par l’hebdomadaire Marianne n’a pas manqué de remettre la question sur le devant de la scène qui se joue sur fond de second tour de l’élection présidentielle.
Car Emmanuel Macron, candidat à la présidence de la République française, peut se vanter d’avoir la cote mais aussi d’être très convoité.
Il n’en fallait pas plus pour que l’article publié dans Marianne sous le titre : Quel Premier ministre pour Macron ? Laurence Parisot se dit disponible « provoque quelques remous et génère des tweets.
Jusqu’ici peu disert sur la composition de son gouvernement, le fondateur d’En Marche avait ainsi dépeint, le 3 mars sur RTL, son Premier ministre idéal : « C’est quelqu’un qui doit avoir, homme ou femme, une capacité à tenir une majorité parlementaire de projets qui sera un vrai défi des prochaines années ».
Il avait également précisé : « Il faudra qu’il ou elle ait une forte expérience de la vie politique, de l’art parlementaire et de la capacité à gouverner les hommes, parce que la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui est inédite ».
Avant de déclarer le 28 mars lors d’une conférence de presse « Si je le peux, je privilégierai une femme » ajoutant dans la foulée : « Je ne suis pas en train de dire que je nommerai une femme Premier ministre ».
Le fait que ce jeune prétendant à la fonction suprême ait toujours pris soin de parler autant des femmes que des hommes au cours de sa campagne, témoigne à n’en pas douter d’un esprit d’ouverture peu répandu dans l’univers politique, même s’il faut reconnaître que de plus en de femmes sont entrées au sein des gouvernements successifs.
Mais là où l’affaire devient cocasse, c’est lorsque Marianne s’en est allé d’une tentative de scoop en présentant Laurence Parisot comme possible Première ministre.
Il est vrai que la vice présidente de l’Ifop ne tarit pas d’éloges sur ce candidat, lorsqu’elle précise « J’ai apprécié travailler avec lui, c’est un interlocuteur remarquable par son écoute, sa créativité »,. D’ailleurs lorsqu’elle présidait le Medef de 2005 à 2013, elle avait tenté, mais sans succès, de recruter Emmanuel Macron en 2006 à la direction générale de l’organisation patronale.
Toujours est-il qu’en faisant certaines déclarations à des journalistes toujours en quête de buzz, cette femme de 57 ans, aux compétences reconnues, s’est quelque peu brûlée les doigts en faisant part de sa disponibilité pour un portefeuille au sein d’un gouvernement Macron et en se laissant entraîner sur l’éventualité d’un poste de Première ministre.
Mais en indiquant : « J’ai plusieurs fois dit que j’étais disponible à faire des choses. J’ai une expérience, je suis crédible. Donc je peux être prête », elle ajoute toutefois ne pas avoir de contact avec le candidat et les équipes d’En Marche à ce sujet.
Toujours est-il que cette déclaration aussi spontanée que surprenante n’a pas été du goût de tout le monde. Et la réaction de Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement En Marche ne s’est pas fait attendre, ce dernier dénonçant sur Twitter un propos « inconvenant et vaniteux ».
Quelque peu irrité par cette intervention en plein entre deux tours, il a tenu à rappeler « Nous menons campagne pour rassembler et servir la France, d’autres rêvent à leur carrière. Dérisoire, inconvenant et vaniteux »
Il n’en reste pas moins vrai que Emmanuel Macron avait effectivement évoqué le 3 mars accorder sa préférence à une femme, et une personnalité issue de la société civile au poste de chef du gouvernement, avant de se souligner le 29 mars. : « Je prône le renouveau des visages, il s’applique pour l’équipe gouvernementale de manière très claire ».
Tout cela pour dire que si Emmanuel Macron est élu le 7 mai, 25e président de la République française, bien des Mariannes seront sans doute amenées à postuler à des postes à responsabilité au sein du gouvernement. Dans l’attente du résultat du second tour de l’élection présidentielle, toutes les hypothèses sont envisageables, la nomination d’un Premier comme d’une Première ministre étant du seul ressort du chef de l’Etat nouvellement élu.
Aussi faut-il faire preuve de patience et attendre sagement ce qu’il en sera vraiment au lendemain du 7 mai 2017.