La récente condamnation de deux femmes journalistes iraniennes à trois ans de prison, dont une partie avec sursis, pour «complot» et «collusion», par un tribunal de Téhéran, témoigne, s’il en était besoin, que la liberté de la presse demeure menacée en Iran.
Il leur est reproché d’avoir couvert les mouvements de protestations à l’échelle nationale qui ont eu lieu durant des mois depuis la mort, le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans arrêtée pour avoir prétendument violé le code vestimentaire islamique du pays exigeant qu’elle se couvre les cheveux.
Le groupe iranien des droits de l’homme basé en Norvège et l’agence de presse américaine Human Rights Activists News Agency faisait état dans un rapport du mois de janvier 2022 de plus de 500 morts.
Amnesty International affirme pour sa part que « des milliers de personnes ont été arbitrairement détenues et/ou injustement poursuivies uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits humains ».
De plus, dans le cadre des manifestations qui ont eu lieu, 99 journalistes ont été arrêtés.
Aussi, l’annonce par l’avocat des deux journalistes iraniennes, Elnaz Mohammadi, du quotidien Ham Mihan, et Negin Bagheri, du journal Haft-e Sobh, d’une réduction de leur peine à un peu moins d’un mois de détention, se veut-elle malgré tout rassurante.
Quoi qu’il en soit, la prochaine commémoration de la mort de Masha Amini et les violences auxquelles ont donné lieu les protestations récurrentes en Iran, ont inspiré l’exposition de l’artiste persane Kiana Honarmand « Une ombre dans les profondeurs de la lumière », présentée à la VisArts Gallery de Rockville, dans le Maryland.
L’artiste précise avoir été inspirée par le grand nombre de personnes, dont des hommes, des femmes, des enfants, qui ont été tués et des milliers arrêtés, apportant la démonstration d’une violence dévastatrice .
L’exposition montre près de 300 mains sanglantes imprimées en 3D et fabriquées à partir de polymère plastique rouge qui semblent s’élever du sol de la galerie, ainsi que des mèches de cheveux, chacune portant le nom de personnes tuées. Ces dernières symbolisent les centaines de personnes tuées par les forces de sécurité iraniennes pour leur implication dans les manifestations qui ont suivi la mort de Mahsa Amini.
« Chaque main représente un être humain qui a tout sacrifié pour prôner le besoin de justice, défendre les droits des femmes et plus largement les droits humains », affirme Kiana Honarmand.
Le slogan de protestation populaire « Femme, vie, liberté » est imprimé en persan sur les vitrines de l’exposition.
Soulignant qu’il s’agit du mouvement féministe le plus important de notre époque dont on ne parle pas autant qu’il serait nécessaire, l’artiste met en lumière des crimes odieux contre l’humanité qui se doivent d’être dénoncés sans relâche.
À la fois émouvante et choquante, la représentation symbolique de son exposition donne à imaginer que ces mains et mèches représentent des personnes qui ont été assassinées par l’État iranien pour avoir soutenu les droits des femmes.
« Ma première réaction en voyant cette exposition a été que les mains venant du sol ressemblaient à une scène d’un film d’horreur », a déclaré Gabriel Soto, coordinateur des services aux visiteurs de la galerie VisArts. « Cela m’a vraiment rappelé les morts-vivants sortant de terre. »
Même si ces femmes iraniennes ne font plus la une des journaux, cette exposition nous conduit à penser à elles et à leur lutte pour la liberté qui se poursuit encore, chaque jour, avec de simples actes de désobéissance, comme simplement sortir sans porter leur hijab obligatoire, qui tous témoignent de leur détermination et courage.
L’exposition de l’artiste persane Kiana Honarmand, réveille les consciences sur des violences et crimes impardonnables. Elle nous nous rappelle également qu’il est plus important que jamais de défendre les droits des femmes en Iran, en Afghanistan, en Amérique du Sud, comme dans bien d’autres pays.
Elle devrait donc devenir itinérante !
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