Née le 17 mai 1974 à Montréal, Tamara Rojo est une ballerine espagnole qui, à l’instar d’autres grandes ballerines en leur temps, s’emploient à révolutionner l’art de la danse au XXIe siècle.
Danseuse étoile du Royal Ballet avec lequel elle collabore toujours en tant qu’invitée, avant de devenir directrice artistique et danseuse étoile de l’English National Ballet, sa nomination en 2022 en qualité de directrice artistique du San Francisco Ballet retient l’attention pour plusieurs raisons.
En se fixant pour objectif de faire du San Francisco Ballet, la plus ancienne compagnie de ballet professionnelle des États-Unis, fondée en 1933, une « flèche vers l’avenir », on comprend à quel point l’avenir de la danse la passionne.
La saison 24/25 des représentations qui y seront données reflète d’ailleurs son aspiration à définir l’avenir du ballet, avec un clin d’œil à l’innovation et un respect pour la tradition.
Rojo veut que le ballet soit pertinent – pour les San Franciscains, mais aussi au vu des problèmes de l’heure, consciente que nous traversons une période très complexe de l’histoire sur le plan politique, géopolitique, culturel et technologique.
Tamara Rojo, a une vision du ballet comme du peuple – de tous les gens – avec des danses qui reflètent les mouvements de notre monde.
Pour preuve, cette scène de « Mere Mortals », qui aborde les questions de l’IA, avec une chorégraphie d’Aszure Barton et une musique de Sam Shepherd, ou Floating Points qui a attiré le plus de nouveaux clients de tous les programmes mixtes du San Francisco Ballet depuis 2008.
Pour cette dévoreuse de podcasts: « L’IA. C’est une conversation très bruyante en ce moment ici et très conflictuelle ». C’est d’ailleurs ce qui a nourri sa réflexion de directrice artistique et l’a amené à se poser la question : si on en parlait ? Qu’est-ce qui nous inquiète exactement ?
« D’une certaine manière, l’A.I. est à la fois Prométhée et Pandore », déclare Rojo. Aussi a t’elle pensé possible de faire un ballet sur les conséquences morales et les questions que nous devrions nous poser en tant que société avant de créer cette nouvelle technologie de la même manière qu’elles auraient dû le faire avant la bombe atomique.
Elle avait déjà opéré le même genre de magie avec « Dos Mujeres », un programme double explorant des histoires latino-américaines mettant en vedette deux chorégraphes féminines : Arielle. « Carmen » de Smith, mis en musique par Arturo O’Farrill ; et le ballet d’Annabelle Lopez Ochoa sur Frida Kahlo.
Chez ses danseurs, la qualité que cette ballerine star apprécie le plus est leur intelligence, leur agilité d’esprit poussée à l’extrême.
Donner le meilleur sous tous les angles est son mantra !
En peu de temps, elle a accompli beaucoup de choses. Son projet était d’attirer de nouveaux publics, une réussite reconnue par tous les directeurs artistiques.
Rojo, directrice artistique du San Francisco Ballet souhaite que les danseurs aient de l’autonomie – plus qu’une simple contribution, un véritable choix sur la manière d’interpréter un rôle. Il y a une différence entre regarder les danseurs se dérouler à travers les pas, aussi magnifiques soient-ils, et regarder leurs idées sur un rôle se dévoiler en temps réel.
Son objectif est d’inculquer à ses danseurs une réflexion personnelle à l’approche de leur rôle, une sorte de prise de décision qu’ils peuvent mener tout au long de leur carrière.
Et grâce au don révolutionnaire de 60 millions de dollars, Tamara Rojo peut vraiment rêver grand. Elle a cette carte blanche dont rêvent d’autres directeurs artistiques.
Elle précise que « Les premiers 10 millions de dollars sont destinés à aider à traverser les deux premières saisons avant que l’autre partie vienne dans notre dotation. »
Il faudra donc un peu de temps pour que ce qu’elle qualifie de « cadeau incroyable », génère les revenus en mesure d’assurer une création régulière.
Mais de petits pas en grands sauts, la flèche vers l’avenir du San Francisco Ballet semble bien partie.