UNE JEUNESSE DONT LES AVIS SUR L’AVENIR TRANSPARAISSENT DANS DES NUAGES

Ne dites surtout pas que les sondages d’opinion ne valent pas un cloud !

Publié le 10 septembre dernier, le baromètre de la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative DJEPVA et de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) réalisé par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CRÉDOC) portant sur le ressenti des jeunes et sur leur engagement en tant que citoyens a de quoi surprendre.

Au total, en mars-avril 2024, 4 505 jeunes âgés de 15 à 30 ans et 1 040 personnes âgées de 31 et plus, sélectionnés selon la méthode des quotas, ont été enquêtés en ligne dans l’Hexagone et par téléphone dans les territoires ultramarins.

Ce premier cahier thématique issu de l’édition 2024 du baromètre présente des résultats sur la satisfaction des jeunes à l’égard de leur vie, leur état d’esprit actuel, leur confiance ou inquiétude face à l’avenir ainsi que sur leur participation citoyenne ou politique, notamment au sein des associations.

Il sera suivi par un autre cahier thématique éclairant les pratiques informationnelles des jeunes, c’est-à-dire la manière dont elles et ils s’informent sur l’actualité ou sur d’autres sujets de la vie quotidienne (logement, déplacement au quotidien, santé, orientation scolaire, recherche d’emploi, etc.).

Jusque là, on ne peut que se féliciter d’une écoute des préoccupations de la jeunesse.
Mais là où on peut se montrer surpris , c’est lorsque ce baromètre indique que 71 % des jeunes âgés de 15 à 30 ans estiment, de manière générale, que leur vie correspond à leurs attentes, ce niveau de satisfaction global se décomposant en 50 % de « plutôt » satisfaits et 21 % de « tout à fait » satisfaits.

En ces temps particulièrement troublés sur fond de guerres qui se répandent comme des traînées de poudre dans de nombreuses régions du monde jusqu’à sévir aux portes de l’Europe, et alors qu’un réchauffement climatique génère de multiples catastrophes dans tous les pays, l’optimisme de cette jeunesse passé au crible s’explique t’il ?

Autrement dit, avoir moins de 31 ans rend-il aveugle et sourd, sachant les problématiques évoquées régulièrement par les Français en matière de pouvoir d’achat, sécurité, justice, logement, éducation, soins, sans parler des questions d’inégalité, discrimination, agression.

Car lorsqu’on examine les résultats de cette enquête dans le détail, on constate tout de même que tout n’est ni tout bleu, ni tout rose, y compris pour les moins de 31 ans.

Bien que dans l’ensemble les jeunes restent globalement plus confiants dans l’avenir que leurs proches aînés, d’importantes différences intragénérationnelles persistent en 2024.

Les jeunes femmes ont toujours un regard bien plus négatif que leurs homologues masculins lorsqu’il s’agit de décrire leur état d’esprit, et l’écart entre les sexes s’est creusé début 2024 : 51 % des jeunes femmes et 64 % des jeunes hommes expriment un état d’esprit positif (contre 50 et 57 % en 2023).

De même, les jeunes chômeurs (47 % de perceptions positives), tout comme les titulaires d’un diplôme de niveau baccalauréat ou inférieur (49 % de perceptions positives parmi les 25-30 ans) ou celles et ceux vivant dans des foyers à faibles revenus (54 %) mobilisent moins de verbatim positifs comparativement aux autres jeunes.

L’enquête ayant été réalisée auprès des jeunes avant les JO 2024, mais surtout avant les fameuses élections législatives anticipées qui ont créé un climat d’instabilité politique inédit qui n’annonce rien de bon concernant les mesures que va devoir prendre le nouveau gouvernement pour redresser les comptes publics, que faut-il retenir quoi qu’il advienne ?

Des choses formidables !

30 % des jeunes âgés de 15 à 30 ans déclarent avoir donné bénévolement du temps au sein d’une association au moins une fois par mois, au cours des douze derniers mois.

À ce titre, on observe que les jeunes hommes sont proportionnellement plus nombreux à s’impliquer bénévolement et régulièrement au sein d’une association (34 % des jeunes hommes contre 26 % des jeunes femmes), notamment parce qu’ils font plus souvent partie d’associations sportives.

De même, le bénévolat associatif « régulier » reste plus fréquent chez les 18-24 ans (34 %), les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur (32 % des 25-30 ans), les jeunes en emploi (34 %), les jeunes résidant chez leurs parents (34 %) et surtout parmi celles et ceux en couple avec enfants (47 %) ainsi que chez les célibataires avec enfants (43 %).
La culture et les loisirs progressent fortement dans la hiérarchie des domaines d’engagement bénévole.

Par ailleurs, l’action humanitaire, l’aide au développement et l’environnement progressent aussi dans la hiérarchie des domaines d’engagement bénévole, rassemblant respectivement 22 % et 21 % des jeunes bénévoles « réguliers ».

Autrement dit, contrairement à ce qu’on peut croire, les jeunes ne sont ni aveugles ni sourds face au contexte international marqué entre autres par la guerre entre Israël et le Hamas et celle entre la Russie et l’Ukraine. C’est même ce qui peut expliquer la plus forte mobilisation des bénévoles dans le champ de l’action humanitaire.

De façon générale, les jeunes (15-30 ans) se déclarent, comme en 2023, plus mobilisés au cours des douze derniers mois que les 31 ans et plus, même si les 15-17 ans apparaissent plus en retrait des différents types d’engagements mesurés. Les jeunes qui pensent que leur avis compte au sein des espaces dans lesquels ils évoluent (école, université, entreprise, association, club de loisirs, de sport, etc.) tendent à s’impliquer davantage dans les différents types d’engagements mesurés.

Cependant, en ce début d’année 2024, la principale forme de participation à la vie citoyenne et politique au cours des douze derniers mois reste la signature d’une pétition ou la défense d’une cause en ligne, qui concerne 41 % des jeunes de 15-30 ans (+3 points par rapport à 2023) et en particulier les 18-24 ans (45 %).
Il est intéressant d’observer que les jeunes femmes sont légèrement plus enclines à participer en ligne (44 % contre 38 % des jeunes hommes), alors que cette différence sexuée n’apparaissait pas en 2023.

Quant au pourcentage des 15-30 ans ayant participé à une manifestation ou une grève au cours des douze derniers mois, force est de constater qu’il se stabilise à un haut niveau (30 %, +2 points depuis 2023).

Les jeunes qui bénéficient directement des apports des nouvelles technologies, des avancées de l’IA, doivent demeurer optimistes quant à leur avenir.

En réalité, hommes et femmes appartenant à cette classe d’âge, doivent prendre garde qu’une mauvaise politique ne vienne contrarier leurs idées, projets et actions, et ne transforme leurs espoirs en l’avenir en futures déceptions. Car, c’est bien un contrat de vie et d’avenir auquel toutes et tous aspirent légitimement qui doit voir le jour !

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