La question qu’avait posé en 2023 dans une interview accordée au Magazine Time, Mira Murati qui a contribué à créer certaines des technologies d’IA les plus passionnantes, était clairement empreinte de bon sens au vu des défis à relever : « Comment faire en sorte que le modèle fasse ce que vous voulez qu’il fasse, et comment s’assurer qu’il est aligné avec l’intention humaine et, en fin de compte, au service de l’humanité ? »

Mais aujourd’hui âgée de 36 ans, cette jeune femme ingénieure, chercheuse et cadre technologique albanaise, qui a été entre autres directrice technique d’OpenAI de 2018 à 2024, et dont le parcours a jusqu’ici été marqué d’intelligence humaine, a annoncé mercredi quitter l’entreprise technologique après mûre réflexion.
Consciente de prendre une décision difficile en quittant OpenAI, elle a tenu à préciser ce qui motivait son choix en déclarant :  » Je m’éloigne parce que je veux créer le temps et l’espace pour faire ma propre exploration ».

Son parcours marqué d’intelligence humaine mérite d’être rappelé, tant il confirme ces opportunités d’un monde en pleine révolution, au sein duquel des femmes peuvent jouer un rôle majeur.

Née le 16 décembre 1988, à Vlorë, en Albanie, il est intéressant de rappeler que Mira Murati, a tout au long de ses années d’école, participé à de nombreuses olympiades et concours de mathématiques.

À 16 ans, elle a remporté une bourse, et a fréquenté le Pearson United World College of the Pacific au Canada, où elle a obtenu son diplôme en 2005.

Ensuite, elle a suivi un programme de double diplôme aux États-Unis, obtenant un baccalauréat ès arts (AB) en mathématiques du Colby College en 2011, suivi en 2012 d’un baccalauréat en ingénierie de la Thayer School of Engineering du Dartmouth College où elle a étudié le génie mécanique.

Au départ, elle a travaillé pour Zodiac Aerospace avant de rejoindre l’entreprise de voitures électriques Tesla en 2013, où elle a été jusqu’en 2016, cheffe de produit sur le modèle X. Puis elle a rejoint OpenAI en 2018 en tant que chercheuse et est devenue sa directrice technique, dirigeant ses travaux sur ChatGPT, Dall-E, Codex et Sora, tout en supervisant ses équipes de recherche, de produits et de sécurité.

Durant cette période, elle a supervisé les avancées techniques et la direction des différents projets d’OpenAI, notamment le développement de modèles et d’outils d’IA avancés.
Son travail a d’ailleurs joué un rôle déterminant dans le développement et le déploiement de certains des produits les plus remarquables d’OpenAI, tels que la série de modèles de langage Generative Pretrained Transformer (GPT). Son travail a également consisté notamment à repousser les limites de l’apprentissage automatique tout en plaidant pour une utilisation responsable et éthique des technologies d’IA.

Alors que faut-il déduire de son départ de l’univers OpenIA ?

Que cette jeune femme qui a la tête sur les épaules a sans aucun doute compris à quelles dérives pouvait conduire une mauvaise organisation et utilisation de l’intelligence artificielle.

Ensuite, bien que figurant dans la liste des « 100 personnes les plus influentes de l’IA » du magazine Time en 2024, elle a souhaité prendre du recul au regard de ce qu’elle a largement contribué à développer et qu’elle sait pertinemment ne pas être sans risque si on n’y prend garde, pour peu que cette technologie artificielle aux pouvoirs surdimensionnés, capable de tout transformer, ne vienne à être utilisée à des fins destructrices.

Sa prise de conscience face aux impacts et enjeux de l’IA se doit d’être saluée.
Women eLife ne peut que remercier Mira Murati pour sa présence d’esprit qui n’est en rien le fruit d’un savant calcul de mathématicienne et chercheuse chevronnée.

Actrice premier plan au sein d’un univers technologique en pleine ébullition, elle envoie avec son départ d’OpenAI, un signal fort concernant les atouts et menaces d’une technologie avancée. Car, en dépit de ses qualités et pouvoirs, cette dernière se doit avant tout de respecter des règles éthiques et humaines qui conditionnent ni plus ni moins notre vie et l’avenir sur Terre.