Non, il n’y a pas de faute d’orthographe à Soie !

Si vous avez suivi le projet titanesque lancé par la Chine qui prévoit d’investir quelque 1.000 milliards de dollars pour construire ses nouvelles infrastructures terrestres et maritimes qui passeront par l’Asie, l’Afrique et l’Europe, englobant 68 pays représentant 4,4 milliards d’habitants et 62 % du PIB mondial, le titre de cette chronique au parfum de calembour ne peut vous surprendre.

Un an après la visite d’Emmanuel Macron à Pékin, la France déroule le tapis rouge au dirigeant de la deuxième puissance économique mondiale qui, après une halte en Italie et à Monaco, a été accueilli dimanche soir par le chef de l’Etat français à Beaulieu-sur-mer (Alpes-Maritimes) pour un dîner privé sur la Riviera.

Lundi, Xi Jinping était attendu à l’Arc de Triomphe à Paris avant un entretien bilatéral à l’Elysée.

La journée de mardi sera consacrée au sursaut européen souhaité par Emmanuel Macron qui, avec Berlin et Bruxelles, tente de mettre en place une stratégie européenne commune moins “naïve” face aux investissements tous azimuts du géant asiatique.

“Sur les sujets économiques et commerciaux, il est important pour l’Europe d’adresser un message pour plus d’équilibre et de réciprocité”, souligne-t-on à l’Elysée à la veille de la rencontre prévue entre Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker et Xi Jinping.

Toujours est-il qu’au deuxième jour de la visite d’Etat du président chinois Xi Jinping en France, l’Elysée a fait savoir qu’une trentaine d’accords régaliens et commerciaux de “plusieurs milliards d’euros” vont être conclus , notamment dans les domaines de l’agroalimentaire, de l’énergie et de la culture.

La volaille française notamment, devrait trouver un débouché de taille.

Des contrats devraient également être signés dans le domaine des infrastructures urbaines et des énergies renouvelables qui pourraient engager des entreprises françaises comme EDF et Fives.
Sur le plan de la coopération culturelle, l’ouverture “à l’automne” d’un centre Pompidou à Shanghai, à l’image de celui ouvert depuis 2015 à Malaga en Espagne, devrait être officialisée à l’occasion de cette visite qui intervient au 55e anniversaire des relations diplomatiques entre Paris et Pékin.

Concernant le volet climat, “un cap a été franchi” et “des avancées substantielles sont attendues”, se réjouit-on à l’Elysée, où l’on évoque notamment la mention “inédite” de “la réorientation des flux financiers vers la lutte contre le changement climatique”.

“On espère également un langage fort de la Chine” sur “la révision à la hausse des niveaux d’engagement en 2020 prévus par l’accord de Paris” de 2015, visant à limiter le réchauffement à +2°C.

Entre présidents connectés nul doute que de la 5G il soit question.

Au-dela du tapis rouge, histoire de prouver le côté branché des relations franco-chinoises, un dîner d’Etat auquel participeront entre autres l’acteur Alain Delon et Hélène Rollès – l’actrice de la sitcom “Hélène et les garçons” – véritables stars en Chine, figure au programme.

Mais au-delà des sujets économiques, bilatéraux et multilatéraux, Emmanuel Macron devra en même temps se montrer tout sourire et ferme concernant la question des droits de l’homme, notamment la situation des Ouighours – minorité musulmane et turcophone persécutée devrait être abordée lors de l’entretien bilatéral.

A la demande de la femme de l’ancien président d’Interpol, Meng Hongwei, Emmanuel Macron devrait également intercéder en faveur de son mari dont elle n’a aucune nouvelle depuis qu’il a été arrêté pour corruption il y a six mois.

Avouons que tout cela va de « soie » et que le langage diplomatique entre grandes nations est bien le seul qui vaille pour tisser d’excellentes relations et faire route ensemble. Car l’objectif consiste bien à transformer les ombres chinoises en réalités bienfaitrices pour les parties en présence !