Cette chronique permet d’avoir une pensée pour Carola Rackete, capitaine du Sea-Watch 3, dont Women e Life valait salué le courage, le 29 juin dernier. Nous nous faisions alors l’écho de l’accostage de son navire en pleine nuit dans le port de Lampedusa, après qu’elle ait pris la décision de forcer le blocus des eaux territoriales italiennes, sauvant 42 immigrés.
En succédant à Mattéo Salvini, la nomination de Luciana Lamorgese nouvelle ministre italienne de l’Intérieur du gouvernement Giuseppe Conte II, témoigne en effet d’un possible changement de cap radical dans la gestion des flux migratoires en Italie.
Cette ancienne préfète qui dispose d’une solide expérience en la matière, fait figure de technicienne avertie. Une réputation qu’elle s’est forgée pendant quarante ans au palais du «Viminale», le «place Beauvau» romain.
Sans étiquette politique, il se dit que le président de la République italienne, Sergio Matarella, aurait lui même manifesté le souhait que cette femme de 66 ans remplace le leader de la Ligue à la tête de ce ministère.
Sa très solide expérience au sein du ministère de l’intérieur pendant plus de quarante ans, constitue un gage de changement profond de politique migratoire.
Originaire de Lucianie, Luciana Lamorgese a derrière elle une longue carrière juridique. De 2013 à 2016, avant de devenir préfète de Milan (jusqu’en octobre 2018), elle était chef de cabinet au Viminale. avec Angelino Alfano. C’est d’ailleurs à son initiative que seront mis en place des «hotspots», des immenses centres de premier accueil et d’identification des migrants, et que les commissions d’évaluation des demandes d’asile seront renforcées.
Auparavant, de 2010 à 2013, elle avait été préfète de Venise. En tant que cheffe de cabinet, elle avait d’ailleurs dû faire face à une situation d’urgence de 2014 à 2016, se heurtant violemment directement et indirectement à son prédécesseur Matteo Salvini (Ligue, extrême droite).
Démonstration de sa volonté d’agir autrement concernant les flux migratoires, la préfète a annulé en 24H une dizaine d’arrêtés municipaux «anti-migrants» de maires.
Désormais à à la têt du ministère de l’Intérieur, elle se trouve confrontée à son premier test avec le navire humanitaire de l’ONG allemande Sea Eye, qui navigue depuis des jours et est maintenant devant Malte sans avoir la permission d’entrer dans le port.
Car en dépit de la nomination d’un nouveau gouvernement, le décret Salvini demeure en vigueur.
Il faudra donc suivre avec attention la politique que compte suivre le nouveau gouvernement et notamment Luciana Lamorgese pour que l’humanitaire ne soit pas coulé sur le quai des bonnes intentions, certains Italiens partisans d’une ligne dure en termes d’accueil des immigrés partageant les idées prônées par Salvini.
Quoi qu’il en soit, en se rendant mercredi soir, à Rome, soit moins de deux semaines après la formation d’un nouveau gouvernement en Italie, pour rencontrer le président du conseil, Giuseppe Conte, Emmanuel Macron, président de la République française, témoigne de sa volonté de relancer les relations entre les deux pays.
Suite aux élections législatives marquées par la défaite historique de la formation la plus proeuropéenne du paysage politique italien, représentée par le Parti démocrate (centre gauche)et l’arrivée au pouvoir, au printemps 2018, du gouvernement le plus eurosceptique de l’après-guerre qui a crispé la relation franco-italienne, un nouvel espoir de collaboration aux couleurs de l’Union européenne semble pouvoir se dessiner.
Si de la politique migratoire de l’Italie comme de la France, il doit être question, bien d’autres sujets d’importance figurent au menu en raison des incertitudes que font planer l’Allemagne dont l’état de santé économique se détériore et la Grande Bretagne en proie à un Brexit « made in Boris ».