La Journée internationale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes aura lieu lundi 25 novembre,
Ce même jour, le Grenelle des violences conjugales organisé par le Gouvernement en présence de Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations; Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur; Nicole Belloubet ministre de la Justice, dévoilera les mesures visant à lutter contre ce fléau.
Tous les acteurs ont été amenés à participer aux réunions qui ont eu lieu : ministres, acteurs de terrains, associations, familles de victimes etc.
Il est vrai qu’il y a urgence !
Bien que la France ne figure pas au ban des nations les plus cancres dans ce domaine, le nombre de féminicides et autres actes de violence et discriminatoires, qui ne cesse de croître, a rendu le malaise ambiant davantage perceptible.
La montée en puissance d’associations attachées à défendre les droits des femmes victimes, mais aussi la révélation d’actes odieux et répréhensibles sur les réseaux sociaux et par voie de presse, ont contribué à porter un sinistre éclairage sur cette plaie ouverte qui appelle des soins intensifs.
Women e Life, webmagazine féminin ouvert sur le monde qui a pour objectif de valoriser les idées et actions de femmes dans tous les domaines, à l’échelle nationale et internationale, ne pouvait éluder ce sujet brûlant.
En septembre dernier, le Groupe d’experts du Conseil de l’Europe sur l’action contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO), publiait son premier rapport d’évaluation de référence sur la Finlande.
Aussi, avant d’en venir aux observations et propositions concernant la situation que subissent trop de femmes en France, l’analyse globale de la mise en œuvre des dispositions de la Convention d’Istanbul* dans ce pays présente t’elle un réel intérêt.
Bien que comparaison ne soit pas raison, il mettait en évidence les initiatives positives visant à prévenir et à combattre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et la violence domestique au niveau national. Il émettait également un certain nombre de propositions pour améliorer la situation des femmes confrontées à cette violence.
En dépit des nombreuses initiatives finlandaises, tant passées que présentes, prises pour lutter contre la violence à l’égard des femmes ainsi que sa définition claire comme une violation des droits humains, le GREVIO était conduit à faire plusieurs remarques.
Il constatait tout d’abord que malgré l’augmentation des dépenses publiques consacrées aux services et des efforts en cours pour réformer le Code pénal dans le domaine des infractions sexuelles, des améliorations demeuraient nécessaires dans un certain nombre de domaines.
Le GREVIO soulignait ainsi la nécessité de garantir des services de soutien spécialisés pour les femmes selon une approche basée sur le genre et une répartition géographique adéquate. Il encourageait la formation plus systématique et obligatoire des professionnels concernés, y compris les agents des forces de l’ordre. Objectif : remédier aux taux élevés d’affaires de violence domestique et de viol qui échappent au système de justice pénale (attrition).
En France, beaucoup reste à faire. Il suffit pour s’en convaincre de constater que le nombre de féminicides ne cesse de croître et que beaucoup trop de femmes se heurtent à des obstacles tant pour se faire entendre que pour bénéficier d’aides à différents niveaux.
Un des premiers obstacles repose sur la levée du secret médical. Les professionnels de santé et associations d’aide aux victimes apparaissent en effet pour le moins divisés sur cette proposition.
Pourtant, on ne peut que souscrire aux propos tenus par la ministre de la Justice, et soutenus la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, lorsqu’elle affirme : « Il est nécessaire de dépasser le secret médical. Ça fait appel à l’éthique du médecin : s’il voit qu’une femme se fait massacrer, ça me choquerait qu’il ne le dise pas ».
Il est également indispensable de débloquer les moyens nécessaires pour accompagner les femmes qui souhaitent porter plainte. Pour se faire, l’amélioration de la formation des soignants, des forces de l’ordre et des magistrats est requise tout comme la multiplication des places sécurisées d’hébergement pour les femmes victimes de violences et leurs enfants.
Dans son dernier rapport publié mardi, le GREVIO, organe du Conseil de l’Europe, ne manque pas de dénoncer l’insuffisance de la réponse pénale aux violences faites aux femmes en France et déplore également le manque d’hébergements dédiés aux femmes victimes de violences dans l’Hexagone.
Malgré des avancées législatives qui ont permis un renforcement considérable du cadre juridique de prévention et de répression des violences et les moyens alloués à la lutte contre ces violences au titre des derniers plans interministériels ont plus que doublé, le groupe d’experts est formel : des améliorations notables restent nécessaires.
Le Grevio appelle entre autres à augmenter le nombre de services spécialisés et de refuges dédiés pour les femmes victimes selon une répartition géographique adéquate.
Il demande également l’intensification de mesures de formation à l’intention de tous les professionnels et professionnelles amenés à être en contact avec les femmes victimes.
Il est enfin jugé indispensable qu’une véritable réponse pénale soit apportées face aux violences. Une étape qui passe par la révision de la définition pénale des agressions sexuelles et du viol pour s’assurer qu’elle repose sur l’absence d’un consentement libre.
En attendant de connaître lundi les décisions qui seront annoncées par le Grenelle des violences conjugales, on se doit de former le voeu que ces dernières apportent concrètement remède à cette plaie ouverte dont souffrent en France les femmes en proie à ces violences qui contribuent à gangréner notre société.
Un juste combat en perspective.