Des formidables témoignages de femmes dirigeantes de grandes entreprises françaises recueillis par Corine Goldberger pour le magazine Marie Claire, Women e Life a jugé devoir se faire l’écho.
Les observations livrées par ces dernières en termes de sexisme mais aussi de parité, s’avèrent particulièrement instructives dans la foulée du livre de Clara Moley intitulé « Les Règles du Jeu » objet d’une récente chronique de votre webmag féminin indépendant ouvert sur le monde.
Qu’il s’agisse de Julie Walbaum, directrice générale de Maisons du Monde, Catherine Guillouard, présidente de la RATP, Anne Rigail, directrice générale d’Air France ou Ilham Kadri, CEO de Solvay, ce qu’elles ont confié à notre consoeur a de quoi susciter une légitime curiosité mais aussi un vif intérêt .
Leur vision du patriarcat, ne manque pas de sel.
D’autant que visiblement, elles savent y faire et ne se laissent pas impressionnées.
A chacune sa méthode !
Sans se priver de la présence d’un homme directeur de style au sein de Maison du monde, Julie Walbaum précise que depuis son arrivée 50% de femmes sont au Comex. Deux tiers des huit mille collaborateurs sont des femmes. De plus, sur les 377 magasins que compte le groupe au niveau international, la direction des de magasin est occupée par 75% de femmes.
Femme ou homme, tout le monde suit le parcours de carrière avec les mêmes grilles de salaires.
Julie Walbaum n’a jamais imaginé valoir moins qu’un homme.
Savoir bien s’entourer et ne rien sacrifier sont autant de qualités facteurs d’équilibre entre vie professionnelle et privée qui apparaissent comme les clés d’un succès révélateur.
C’est une toute autre ambiance que Delphine Ernotte-Cunci, PDG de France Télévisions décrit.
Elle reconnaît notamment avoir dû faire face à un procès en illégitimité dés son arrivée.
Elle dénonce un sexisme ordinaire qui veut qu’on vous coupe tout le temps la parole pare que vous êtes une femme, et que quand on arrive quelque part, personne ne pense que c’est vous le patron.
Elle reconnaît toutefois que s’il y a aujourd’hui des femmes aux postes qu’elle occupe, c’est grâce au soutien apporté par des hommes.
Concernant la parité, elle souligne que la proportion de femmes à l’antenne, est passée de 25% d’expertes sur les plateaux à 42%. Elle fait également observer qu’il y a beaucoup plus de femmes journalistes, animatrices qui présentent de grandes émissions qu’il y a quatre ans.
Delphine Ernotte-Cunci, constate que les femmes expriment souvent le maximum d’idées en très peu de mots. C’est selon elle la raison pour laquelle elles doivent être incisives conscientes qu’on risque fort de leur couper la parole.
Pour sa part, Catherine Guillouard , actuelle présidente de la RATP n’en est pas à sa première expérience pour avoir été précédemment directrice des affaires financières d’Air France. Mais une anecdote mérite d’être rapportée lorsqu’elle explique comment elle a gagné l’estime masculine alors que c’était selon ses dires « mal parti ».
Elle se plaît à revenir sur une anecdote qui l’a marquée. A l’occasion d’une course de kart organisée lors d’un séminaire, cette femme qui n’en avait jamais fait se souvient de la tête de ses deux coéquipiers quand ils ont découvert que le tirage au sort l’avait désignée pour être avec eux.
Mais le kart, c’est un sport de vitesse, de réflexe et de trajectoire. Et Catherine Guillouard qui a fait douze ans de compétition en ski international a très vite compris le truc et son équipe a finalement gagné la course.
Concernant des quotas de femmes obligatoires, sa position est très raisonnée. Alors que ce dernier se trouve au-dessus des 18% de femmes actuellement à la RATP, elle considère que les 40% imposés n’ont pas de réelle légitimité, partant du principe que toutes les entreprises n’ont pas forcément le vivier de compétences.
Elle ne manque pas de souligner passage que si il n’y a que 19% de femmes qui conduisent des bus et des métros, 37% sont des cadres sup et cadres de direction.
En attendant de faire mieux en 2020, après avoir signé en mars 2019, le cinquième accord égalité femmes-hommes. Catherine Guillouard précise qu’au niveau de l’index de Muriel Pénicaud : « A 80%, on est au maximum des points possibles, et les femmes ont donc la possibilité d’avoir la même chance d’obtenir une promotion et la même rémunération que leurs homologues masculins. »
De son côté, Anna Notarianni, présidente de Sodexo France affirme qu’au sein de son entreprise la mixité fait consensus.
Et de démontrer qu’avec 46% de femmes au Codir, preuve a été apportée qu’il est possible de féminiser une direction sans y être forcé par la loi.
Elle estime que la liberté doit être préservée et que mieux vaut privilégier le volontarisme.
Elle glisse entre autres un petit conseil à utiliser lors des journées portes ouvertes en universités : montrer des photos de femmes pour illustrer des métiers et fonctions considérés comme masculins.
Anne Rigail, directrice générale d’Air France reconnaît avoir été confrontée à des attitudes sexistes. Mais elle souligne surtout avoir eu la chance d’être bien entourée qu’il s’agisse de femmes comme d’hommes. Cette chance qu’elle a eue, elle souhaite la faire partager.
Objectif : assurer aux femmes les mêmes opportunités de carrière, de promotion, de rémunération, à compétences égales.
Et si c’est une femme qui peut faire changer les mentalités à la tête d’Air France, tant mieux !
Même si elle déclare ne jamais avoir été particulièrement féministe, elle dit comprendre l’importance de montrer la voie sur cette question. Très attentive à la représentation des femmes dans les instances de direction, quatre femmes sont au comité exécutif d’Air France, portant à 31 %la représentation féminine. Alors que la notre Transavia France, est dirigée par Nathalie Stubler, Anne Rigail a pour objectif que 50% des postes d’encadrement chez Air France, soient assurés par des femmes contre 36 % aujourd’hui.
Ilham Kadri, CEO de Solvay qui croit avant tout à la méritocratie a su faire ses preuves.
Lors de sa première mission chez Dow Chemical en Arabie saoudite, elle s’est adaptée et a porté l’abaya des Saoudiennes.
Résultat au bout de six mois, certains de ses partenaires saoudiens, en réunion, lui ont offert le siège de droite, le siège d’honneur.
Les hommes ont compris qu’ils se trouvaient face à une femme déterminée à faire son travail, quoi qu’il arrive.
Elle fait observer que dans son entreprise, toutes les collaboratrices ont droit à quatorze semaines de congé de maternité quelle que soit la législation de leur pays.
De plus, après s’être engagée en sa qualité de PDG pour l’alphabétisation et la formation des « techniciennes de surface » en cofondant la fondation Issa Hygieia Network, d’initiatives Ilham Kadri continue de faire preuve.
Qu’il s’agisse de la création d’un réseau de femmes, le Women innovation network ou encore du soutien à des agricultrices du Rajasthan.
Tous ces témoignages de femmes exemplaires à la tête de grandes entreprises française sont réconfortants pour tout le monde. Ils ont de quoi vous inspirer.
Pour en savoir plus, il vous suffira de vous procurer le numéro de Marie-Claire dans lequel ces derniers sont publiés.
NB: En raison de la situation particulièrement délétère créée par la propagation du COVID-19 et des conséquences que cette pandémie fait peser sur les activités de toutes ces entreprises dirigées par des femmes, Women e Life salue chez elles comme chez tous les autres chefs d’entreprise, le courage et les compétences dont il faut savoir faire preuve face à une telle épreuve.