Décédée le 28 juillet à l’âge de 93 ans, Gisèle Halimi est l’incarnation de ce qu’il convient d’appeler le vrai et le bon féminisme.
Ancienne députée de l’Isère, avocate des causes difficiles et autrice d’une quinzaine de livres, cette femme franco-tunisienne a été une militante déterminée qui s’est battue toute sa vie pour améliorer le sort des femmes.
Dans une interview accordée au Monde en septembre 2019, elle s’étonnait encore que « les injustices faites aux femmes ne suscitent pas une révolte générale ».
Son parcours exemplaire illustre la détermination dont elle a toujours su faire preuve.
Engagée en politique, elle fonde en 1965, avec Evelyne Sullerot, Colette Audry et quelques autres, le Mouvement démocratique féminin pour soutenir la candidature de François Mitterrand à la présidence de la République.
Alors que des femmes déclarent avoir avorté, donc avoir violé la loi, et plaident pour que les femmes n’aient plus à mettre leur vie en danger en avortant clandestinement, Giselle Halimi fonde en 1971 avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir l’association pour le droit à l’avortement « Choisir la cause des femmes ». Ce mouvement prendra part à toutes les luttes féministes et organisera la défense de nombreuses femmes maltraitées.
Elle est la même année l’une des signataires du célèbre manifeste des 343 femmes déclarant publiquement avoir avorté.
Battante et insoumise, elle se fait ensuite connaître en 1972 lors du procès emblématique de Bobigny, où elle défend une mineure jugée pour avoir avorté à la suite d’un viol.
Elle obtient sa relaxe et parvient à mobiliser l’opinion, ouvrant la voie à la dépénalisation de l’avortement, début 1975, avec la loi Veil.
En 1978, lors d’un autre procès emblématique, à Aix-en-Provence, elle représente un couple de femmes violées par trois hommes, contribuant à l’adoption d’une nouvelle loi reconnaissant le viol comme un crime.
A cette femme exceptionnelle qui a été l’avocate et plus largement la porte-parole par ses écrits et actions militantes d’un féminisme humaniste, un hommage se doit d’être rendu et des remerciements lui être adressés par toutes les femmes. Pour garder les yeux ouvert !