KIRAZ SAVAIT MERVEILLEUSEMENT CROQUER LES SILHOUETTES DES FEMMES

IL s’est éteint à Paris, à l’âge de 96 ans, sous leurs regards.
C’est à 17 ans, qu’Edmond Kirazian né au Caire (Égypte) a débuté sous le nom de « Kiraz » une carrière de dessinateur politique dans des journaux égyptiens.
En 1946, alors qu’il n’a que 22 ans, il se rend en France et, découvre Paris qu’il perçoit comme la capitale des arts, du goût et de la mode.

Une de ses activités favorites consiste alors à aller s’asseoir au jardin du Luxembourg, en compagnie d’un ami, et attribuer une note sur dix aux jolies Parisiennes qui passent :
« J’ai vu des libellules ! » s’exclame-t-il.

Tombé amoureux de Paris, il revient s’y installer en 1948, avec l’intention de tout voir, de vivre intensément et surtout de peindre.

Le 20 janvier 1951, dans le numéro 290 de Samedi Soir, apparaît Line, sa première figure féminine.
Et c’est le 6 août 1953, dans le numéro 423 de Samedi Soir, qu’il commence un « Carnet de belles »avant d’ abandonner peu à peu le dessin politique, pour poursuivre sa rubrique dédiée aux dessins de femmes dans Ici Paris, de 1955 à 1964.

En 1959, Marcel Dassault, patron de presse, remarque les dessins de Kiraz. Il lui demande d’assurer deux pages de dessins d’humour qu’il lui propose d’intituler « Les Parisiennes » dans son hebdomadaire, Jours de France.

Chaque semaine, les créatures sophistiquées de Kiraz apparaissent dans un décor nouveau : Parisiennes au bureau, Parisiennes au volant, Parisiennes en vacances…

Les yeux en amande, les lignes fluides, un trait stylisé de beaucoup de classe, les reflets de la mode, l’univers des beaux quartiers, le détail fashion, une aisance à interpréter l’air du temps, un humour très personnel imposent Kiraz comme un dessinateur hors normes dont le talent n’échappera pas aux créateurs de mode féminine..
Qui plus est, ce dessin illustre une tendance de mobilité écologique qui colle à l’actualité de ce XXIe siècle.

Christian Lacroix, déclarera de lui qu’il savait capter l’essence de la mode, d’une manière qui était celle d’un couturier.

De quoi en inspirer plus d’un(e). Le style de grands couturiers, celui de pionniers du prêt-à-porter (le New Look de Dior, Chanel, Courrèges, Cardin, Lacroix, Scherrer) trouvent une nouvelle impulsion dans les dessins de Kiraz.
Marcel Dassault qui était l’un de ses fans donnera à Kiraz la possibilité de publier dans Jours de France des milliers de dessins, de 1959 à 1987.

Mais ce dessinateur prêtera aussi son pouvoir de création à Gala (de 1995 à 2004), à Paris Match, Vogue, Glamour (septembre à décembre 1991), ABC hebdomadaire (Espagne), Ola (Espagne), Grazia (Italie), et aussi à Playboy (dès 1970) où le dessin se fait plus sensuel.
Les Parisiennes feront également une entrée très remarquée en publicité.

Le style incomparable de son coup de crayon reste magiquement représentatif d’un féminisme de bon goût qui fait plaisir à voir et que rien ne pourra effacer.

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