Compte tenu des témoignages accablants qui pleuvent concernant les agressions et harcèlements sexuels dont se trouvent être victimes trop de femmes, les réactions suscitées en raison de l‘hommage rendu par la Cinémathèque française au réalisateur franco-polonais Roman Polanski, aujourd’hui âgé de 84 ans, ne peuvent guère surprendre.
Ces manifestations sont même aussi légitimes qu’indispensables s’agissant en l’occurrence du cas d’un homme poursuivi aux Etats-Unis pour viol sur mineure.
Roman Polanski avait en effet reconnu en 1977 avoir eu une relation sexuelle avec une fillette de 13 ans. Après 42 jours passés en prison , il avait été remis en liberté avant de fuir les Etats-Unis l‘année suivante.
Bien qu’on ne puisse que reconnaître à ce réalisateur de “Rosemary’s Baby” et de “Chinatown” notamment, un indéniable talent sur le plan cinématographique, il est assez compréhensible que la mise en haut de l’affiche d’un individu auteur d’actes ignobles avérés, puisse choquer, aujourd’hui plus particulièrement. Surtout au moment où de nombreuses femmes choisissent de ne plus se taire sur bien des sujets qui les concernent.
Marlène Schiappa, secrétaire d‘Etat à l‘Egalité femmes-hommes a sans aucun doute eu raison de déclarer:
“C‘est difficile de dire aux femmes ‘vous devez libérer votre parole’ et dans le même temps de dérouler le tapis rouge pour des personnes qui sont auteurs d‘agressions sexuelles”.
Françoise Nyssen, ministre de la culture qui était l’ invitée de France Inter est tout aussi fondée à préciser concernant l’hommage rendu au réalisateur “Il s‘agit d‘une oeuvre, pas de l‘homme. Je n‘ai pas à condamner une oeuvre”
Même si le dernier film de Roman Polanski, “D‘après une histoire vraie” s’avère digne d’intérêt voire d’éloges, personne ne peut soutenir les répréhensibles actes d’un homme qui s’est illustré en trahissant la confiance. Certes, le 7eme art appartient à cet univers où se mêlent autant réalités que fictions.
C’est bien là que se situe le problème qu’on retrouve dans bien des films formidables qui se projettent face à l’intelligence humaine pour faire voir et comprendre des personnages et situations parfois susceptibles de heurter tout ou partie du public.
Alors qu’Eschyle affirmait “La parole apaise la colère ” Amélie Nothomb, écrivaine belge, soulignait pour sa part récemment que la parole émancipe.
Il fallait donc que s’exprime cette colère justifiée afin que le respect mutuel soit une fois pour toutes reconnu comme une valeur à partager entre hommes, entre femmes et bien entendu entre hommes et femmes.