Pour ne pas se voir sanctionnées financièrement, un certain nombre d’entreprises françaises, du moins celles comptant plus de 50 salariés, devront bientôt toutes afficher un index visant au respect du principe « à travail égal, salaire égal ».
Premières concernées, les quelques 1.400 grandes entreprises qui emploient plus de 1.000 salariés et ont d’ailleurs commencé à publier leurs scores.
Cet index s’étendra d’ici le 1er septembre 2019 aux entreprises de 250 salariés et plus, puis à celles comptant entre 50 et 250 salariés, ces dernières ayant jusqu’au 1er mars 2020 pour se mettre dans les clous.
Calculé sur la base de 5 critères*, cet index s’inscrit dans le cadre de la loi « avenir professionnel » adoptée à l’été 2018. Le décret publié début janvier fixe en effet aux employeurs pour objectif la « suppression des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes » et une obligation de transparence. Elles auront 3 ans pour bien faire.
En attendant que Muriel Pénicaud, ministre du Travail, et Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, ne livrent la semaine prochaine quelques résultats consolidés, ce nouvel outil devrait à terme concerner plus de 80% des salariés.
Cette mesure qui vise à lutter contre l’inégalité salariale homme femme répond à une légitime revendication sachant qu’en France, les femmes sont payées en moyenne, tous postes confondus, 25% de moins que les hommes.
Toutefois, bien qu’à poste et âge égaux, l’écart se réduise pour atteindre 9%, une récente analyse réalisée par l’Insee met en évidence les différents facteurs contribuant à créer ces écarts en termes de rémunération entre les deux sexes.
En cause les politiques de rémunération des entreprises, mais aussi l’impact différencié des naissances des enfants sur les carrières professionnelles des femmes et hommes, l’âge constituant également un facteur déterminant.
Alors que l’étude fait apparaître que sur la période 1995-2015, dans les entreprises privées, le salaire net horaire des femmes était inférieur de 18% à celui des hommes, cette moyenne cache de fortes disparités selon l’âge : les femmes gagnant environ 6% de moins que les hommes à 25 ans, 13% à 35 ans et 45% à 45 ans.
L’occasion de rappeler que la 56ème édition du Salon de l’Agriculture avait choisi cette année comme slogan «Des femmes, des hommes, des talents!»
Faut-il pour autant s’attendre à une « mise à l’index » des exploitations agricoles ?
En l’absence de suffisamment d’éléments pour répondre à cette question, sans doute faut-il déjà retenir que sur les 927.000 salariés agricoles, 37% sont des femmes, et qu’un quart des 461.800 chefs d’exploitation ou coexploitants sont de sexe féminin.
Autant dire qu’il restera à Women e-life du chemin à parcourir avant d’être en mesure de dresser un état des lieux qui offre un éclairage fiable sur l’égalité salariale homme femme qui semble devoir se dessiner à un horizon pas si lointain.
Compte tenu des contrôles qui seront effectués, on comprend que la remise de bons points en matière d’égalité salariale hommes femmes devienne beaucoup plus intéressante pour les entreprises que la notification de blâmes calculés sur la masse salariale.
*Cet index se base sur le calcul de l’écart de rémunération femmes-hommes (noté sur 40 points), l’écart dans les augmentations annuelles (20 points), l’écart dans les promotions (15 points), les augmentations au retour de congé maternité (15 points), la présence de femmes parmi les plus gros salaires de l’entreprise (10 points).