C’est avec une grande tristesse cousue d’amertume, que nous avons appris hier que Le tribunal de commerce de Paris avait prononcé la liquidation judiciaire de la maison de prêt-à-porter Sonia Rykiel, suite à son placement en redressement judiciaire début mai.
La disparition en 2016, de la fondatrice de la maison de couture éponyme, encore surnommée la « Reine du tricot », envoyait déjà un mauvais signal. Confrontée à maintes difficultés, la holding de Hongkong propriétaire de la marque depuis 2012, n’ayant pas été en mesure de porter la marque et la situation s’étant finalement heurtée à l’absence de repreneur.
Inventrice de la « démode », Sonia Rykiel avait tressé sa carrière en faisant l’apologie du noir et des rayures.
Elle avait inventé les coutures à l’envers, l’absence d’ourlets et de doublures, les premiers joggings sophistiqués en velours, sans parler des messages inscrits et surtout la maille qui épouse le corps des femmes.
En 1963, le magazine « Elle » lui assurait la consécration en mettant à la une la chanteuse Françoise Hardy habillée d’une fine maille Rykiel rayée de rose et de rouge.
Son style véritablement né en mai 68, date de la création de sa griffe et de l’ouverture de sa première boutique, incarnera très vite la libération de la femme.
C’était une pionnière à forte personnalité, une passionnée de culture et d’art, qui déployait son talent de créatrice au plus près des corps de femmes.
Ce qu’elle avait fait au départ tout à fait par hasard pour son usage personnel, en 1954, à savoir un pull court, confortable, pratique et discret avait imprimé son style naissant.
Sa maison de couture s’en va comme beaucoup d’autres avant elle.
Mais elle quitte l’univers fashion en ne laissant que de très bons et beaux souvenirs.
Bien que la reprise d’un propos de président de la République ne soit pas un rituel sur Women e Life, cette déclaration de l’époque a néanmoins valeur d’épitaphe :
« Elle a inventé non seulement une mode mais aussi une attitude, une façon de vivre et d’être et offert aux femmes une liberté de mouvement »
Madame Sonia Rykiel n’aurait jamais dû s’en aller !
Démonstration qu’il suffit qu’une personne parte pour qu’une maison s’effondre.