Le sujet peut, il est vrai, agacer au-delà du cercle des climato-sceptiques qui se réduit comme peau de chagrin. Et pourtant !
Alors que la Nobel Week bat son plein, Greta Thunberg, icône d’une génération en mouvement qui manifeste haut et fort sa demande d’actions concrètes de la part des Etats pour lutter contre le changement climatique, va t’elle se voir remettre, le 11 octobre, le prix Nobel de la paix ?
C’est à cette question que Women e Life tente d’apporter quelques éléments de réponse.
Trois choses méritent tout d’abord d’être rappelées concernant cette éventuelle nomination :
- Le constat patent du changement climatique à l’échelle planétaire.
- La légitimité des revendications en faveur d’actions concrètes exprimées notamment par la jeune génération inquiète pour son avenir et consciente du rôle déterminant des politiques menées en la matière.
- La mise au pied du mur des chefs d’Etat et de Gouvernements pour qu’ils passent des paroles aux actes.
Avant d’en venir à la forte personnalité de Greta Thunberg qui n’a que 16 ans, sans doute faut-il rappeler que Nadia Murad Basee Taha, une militante irakienne des droits de la personne, d’origine kurde et issue de la communauté yézidie, née en 1993 à Kocho, un village près de Sinjar en Irak, a reçu dés 2016 plusieurs distinctions, avant de se voir remettre le prix Nobel de la paix en 2018.
Ensuite, force est de constater que la protection de l’environnement et la promotion d’un développement durable à l’échelle planétaire s’étaient déjà trouvées honorées de ce prix par l’Institut Nobel norvégien.
En 2007, Al Gore, homme d’affaires et politique américain, né le 31 mars 1948 à Washington, D.C. fût lauréat avec le GIEC, du prix Nobel de la paix pour « leurs efforts afin de mettre en place et diffuser une meilleure compréhension du changement climatique causé par l’homme, et pour avoir posé les fondements pour les mesures nécessaires à la lutte contre ces changements »
Ces deux précisions permettent de comprendre que ni l’âge des candidats potentiels, ni l’objet de leur combat, ne peuvent constituer des freins à la remise d’un prix Nobel en ce début de XXIe siècle.
Alors faut-il douter que le prix Nobel de la paix 2019 puisse être décerné à Greta Thunberg, sachant que son verbatim s’appuie sur des réalités dont les milieux scientifiques respectables et crédibles se font régulièrement l’écho ?
Certes, au vu de certaines de ses déclarations devant de hautes Assemblées, on serait tenté de lui rappeler la devise : « Qui trop embrasse mal étreint »
Car en marge de ses convictions et attentes largement partagées par la jeunesse mais aussi nombre d’adultes, son erreur pourrait effectivement être qualifiée d’erreur de jeunesse lorsqu’elle vilipende vertement l’inaction des pouvoirs en place.
Comme l’a fort justement fait remarquer Emmanuel Macron à l’issue de l’intervention de la jeune suédoise à la tribune des Nations Unies : « Critiquer , jouer à antagoniser , présente le risque de s’avérer contre productif. »
Quel que soit le domaine, pour parvenir à convaincre, il faut bien entendu faire preuve de charisme, de connaissances, de capacité à mobiliser. Mais aussi éviter de systématiquement culpabiliser les représentants de Nations tout comme ceux qui considèrent la lutte contre le changement climatique inutile. Autrement dit pour renforcer la crédibilité de l’esprit critique, il est indispensable de se montrer ouvert au dialogue et représenter une force de propositions susceptible d’apporter des solutions destinées à relever les défis.
Notre chef de l’Etat en sait quelque chose, la taxe carbone ayant été à l’origine des « Gilets jaunes » qui tel un rond dans l’eau a fini par s’étendre et provoquer de sérieux désordres.
Néanmoins, force est de reconnaître que l’adolescente suédoise Greta Thunberg, qui fait honte aux dirigeants du monde et aux voyageurs aériens face au changement climatique, a gagné ses millions d’admirateurs et a attiré de nombreux nouveaux adeptes à sa cause.
Autant dire qu’en marge de sa jeunesse, son franc-parler et son approche conflictuelle – les facteurs mêmes qui ont fait d’elle le visage mondial de l’activisme pour le changement climatique – posent des questions difficiles au Comité Nobel norvégien.
On comprend donc que Sverre Lodgaard, membre suppléant du comité des prix de 2003 à 2011 souligne : «Le problème, c’est que le principe de la« honte du vol »lui donne des chances… de tomber. Et d’ajouter : « La honte n’est pas un sentiment constructif pour amener un changement. »
Après s’être rendue à New York à bord d’un navire à émissions de carbone zéro, elle a accusé les dirigeants réunis au Sommet sur le climat des Etats-Unis d’avoir volé ses rêves et son enfance avec des mots vides sur le changement climatique.
« Comment osez-vous? » a t ‘elle demandé.
Donald Trump s’est moqué !
Il est vrai que le président des Etats-Unis a également suggéré de recevoir lui-même le prix Nobel de la paix.
« Les gagnants du prix Nobel étant inévitablement sous les feux de la rampe, le comité tiendra compte de l’âge de Thunberg et de la manière dont une adolescente résisterait à un examen du public encore plus intense qu’il ne l’est déjà, » a déclaré Lodgaard.
Quoi qu’il en soit, les jeunes, l’ONU, et un nombre toujours plus grand de dirigeants d’entreprise, d’investisseurs, de chefs d’État et de personnalités de la société civile se mobilisent et agissent pour lutter contre le changement climatique. Mais pour réussir, il faut être bien plus nombreux encore, plaide le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans une tribune publiée dernièrement.
Le 11 octobre, nous saurons donc si le thème choisi cette année pour la Journée internationale de la paix, le 21 septembre « Action climatique, action pour la paix », parvient à se hisser au rang de prix Nobel de la paix.
Et si Greta Thunberg est parvenue à obtenir au vu de ses prises de position et actions en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, l’assentiment des cinq membres nommés par le Parlement norvégien chargés d’une bien délicate mission.