Alors que l’intervention armée de la Turquie baptisée « Printemps de la paix » dans le nord-est de la Syrie contrôlé par les Kurdes , ravive le climat de tension déjà élevé dans cette région du Moyen-Orient, votre webamagazine féminin ouvert sur le monde, a estimé devoir porter son regard sur Madame Bouthaina Shaaban, conseillère politique et médiatique syrienne auprès de la présidence.
Les bombardements qui font de nombreuses victimes parmi les combattants kurdes, rebelles proturcs et civils, mettent également en évidence les risques liés à la fuite de membres de Daech emprisonnés dans des camps.
Cette situation explique l’inquiétude des pays européens, l’Allemagne et la France ayant pris la décision de suspendre immédiatement leurs exportations d’armes vers la Turquie. Après avoir lâché les Kurdes avec le départ des soldats américains, Donald Trump a appelé à un cessez le feu et anonncé lundi prendre de sévères sanctions contre la Turquie.
Toutefois, l’attitude des Etats-Unis laisse désormais le champ libre à la Russie et au régime syrien. Damas a d’ailleurs dépêché des divisions de l’armée vers le nord face à l’invasion turque. Et contre toute attente, l’administration kurde a, pour sa part, confirmé dans un communiqué l’existence d’un accord avec Damas pour le déploiement de ses troupes près de la frontière.
Cette actualité conduit Women e Life à porter une attention particulière sur une femme politique syrienne, membre du Parti Baas.
Après avoir travaillé comme interprète pour Hafez al-Assad, Bouthaina Shaaban qui a été ministre des Expatriés de 2003 à 2008, est depuis cette date conseillère du président Bachar el-Assad.
Elevée au Royaume-Uni, où elle a décroché un doctorat en littérature anglaise à l’université de Warwick, elle fût entre 1985 et 2003, professeur de poésie romantique au département d’anglais de l’université de Damas.
Mariée et mère de deux enfants, elle s’est vue remettre en 2005 par la Ligue arabe, le prix de la femme occupant le plus haut poste gouvernemental.
Cette femme politique syrienne est également l’auteure de « Both Right and Left Handed : Arab Women Talk About Their Lives », un livre publié en 1988 composé principalement d’entretiens avec des femmes syriennes, libanaises, palestiniennes et algériennes, qui évoquent leur rôle dans la société et comment elles envisagent leur avenir.
Une précision qui permet de faire le lien avec le prochain témoignage d’une jeune iranienne concernant la situation des femmes dans son pays qui sera très prochainement consultable sur Women e Life.
En marge du conflit armé qui a lieu actuellement, il est intéressant de s’arrêter sur les propos tenus par Bouthaina Shaaban, lors d’un entretien accordé à Xinhua à Damas, le 1er octobre 2019.
Le regard qu’elle porte sur la Chine en matière de développement donnent à réfléchir.
S’exprimant à l’occasion du 70e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine (RPC), elle estime qu’à travers les valeurs basées sur l’égalité et la paix et ses réalisations massives, ce pays a montré comment la communauté humaine mondiale devrait être établie.
Elle rejoint en cela une déclaration d’un haut conseiller politique syrien selon lequel : « Les énormes progrès de la Chine en matière de développement ont eu des répercussions positives sur d’autres pays et constituent des exemples à suivre »
Bouthaina Shaaban souligne le discours prononcé par le président chinois Xi Jinping lors de la grande célébration de l’anniversaire, contenait plusieurs messages clés, à savoir notamment qu’une Chine forte va de pair avec une communauté internationale forte.
Il est vrai que lors de la fête nationale du 1er octobre, Xi Jinping s’est voulu rassurant en déclarant que la Chine resterait sur la voie du développement pacifique et poursuivrait une stratégie d’ouverture mutuellement bénéfique.
Selon Bouthaina Shaaban contrairement à l’idée que se font certains pays occidentaux, la Chine n’a pas pour objectif d’affaiblir d’autres pays . Et d’ajouter : « Il n’y a pas de contradiction entre renforcer la Chine et renforcer le monde ».
Shaaban se dit impressionnée que la Chine ait su conserver ses caractéristiques et ses traditions tout en mettant à profit cet héritage pour accroître sa prospérité.
Shaaban s’intéresse également au progrès technologique, en particulier à la manière dont la Chine fait de grands progrès en matière de technologie 5G. Elle ne cache pas non plus son admiration pour le développement urbain rapide en Chine, évoquant la récente inauguration de l’aéroport international de Daxing à Pékin.
Toujours selon Bouthaina Shaaban : « Les pays arabes devraient apprendre de la Chine » . Elle précise également que la nouvelle Route de la Soie voulue par la Chine aura une incidence positive pour les pays arabes, l’initiative étant basée sur la consultation et la coopération.
Concernant les relations bilatérales, Shaaban ne manque pas de souligner que les relations historiques entre la Chine et la Syrie depuis l’ère de l’ancienne Route de la Soie ne peuvent que se trouver renforcées en raison du rôle que la Chine est en mesure de jouer en termes d’ investissements dans les infrastructures et de nombreux autres domaines en Syrie.
Concernant le conflit armé qui a lieu actuellement, elle s’est également exprimée lors d’ une interview accordée à la chaîne de télévision al-Mayadeen. Bouthaina Shaaban estime qu’aux termes d’un accord conclu à la suite d’une réunion entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine en septembre, tous les terroristes auraient dû se retirer de la zone démilitarisée avant le 15 octobre.
Cependant, les terroristes d’un groupe takfiriste lié à al-Qaïda ont déclaré qu’ils refusaient de quitter la zone tampon ou de remettre leurs armes.
Moscou croyait qu’une zone tampon de 15 à 20 kilomètres à Idlib aiderait à éviter les attaques des terroristes basés à Idlib contre les positions de l’armée syrienne et les bases militaires russes situées dans les provinces voisines.
S’agissant du dialogue avec les Kurdes syriens, Shaaban a affirmé que les portes du dialogue étaient ouvertes et que les Kurdes constituaient un élément essentiel du tissu démographique syrien, soulignant que la majorité des Kurdes souhaitent que l’unité et la souveraineté nationale du pays soient préservées.
On comprend ainsi mieux ce qui peut apparaître comme une volte-face de la part du régime syrien.
Afin de s’opposer à l’avancée rapide des troupes turques et de leurs alliés, les Kurdes de Syrie ont d’ailleurs annoncé, dimanche, avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l’armée syrienne dans le nord du pays.
Bien que le régime de Bachar Al-Assad entretienne des rapports tendus avec la minorité kurde, l’opération d’Ankara est clairement dénoncée .
D’où l’intérêt de suivre les évènements qui secouent cette région du Moyen Orient.
Enfin, s’agissant du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, Bouthaina Shaaban fait valoir que le président du Parlement syrien a été invité à participer aux réunions du Parlement arabe. Elle précise que sans la Syrie la Ligue arabe n’a aucune valeur.