ESTHER DUFLO : UN PRIX NOBEL DE L’ECONOMIE AMPLEMENT MERITE

Vous  allez très vite comprendre pourquoi Women e Life, webmagazine  féminin ouvert sur le monde,  ne  pouvait manquer de saluer comme il se doit les récipiendaires du prix Nobel d’économie attribué, lundi 14 octobre.

Récompensée à la veille de son 47e anniversaire, Esther Duflo, Franco Américaine, est la deuxième femme, mais surtout la plus jeune à obtenir une si haute distinction qu’elle partage  avec son conjoint, Abhijit Banerjee et Michael Kremer, professeur à Harvard pour leurs travaux sur la lutte contre la pauvreté.

Professeure d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Esther Duflo, avait déjà remporté il y a neuf ans, à l’instar  de grands économistes comme Paul Krugman, Paul Samuelson, Joseph Stiglitz ou Milton Friedman notamment, la médaille John Bates Clark, qui récompense les économistes de moins de 40 ans.

En 2013, elle avait été  choisie  par la Maison Blanche pour conseiller le président Barack Obama sur les questions de développement, et allait être amenée  à siéger au sein du nouveau Comité pour le développement mondial.

En remettant cette année le  prix Nobel d’économie, l’Académie royale des sciences a souligné que les travaux conduits par les lauréats ont introduit une nouvelle approche pour obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde »

Autrement dit, l’approche très pragmatique de  ce fléau repose sur l’élaboration de solutions concrètes rattachées aux fondamentaux : éducation, santé, vie  sociale… destinées  à l’éradiquer.

Sans doute influencée par sa mère, pédiatre fortement investie dans le bénévolat, mais aussi par son père, chercheur réputé en mathématique, membre de l’Académie des sciences française, Esther Duflo s’est engagée dans plusieurs ONG durant ses études.

Elle poursuivra son action après avoir co-fondé en 2003 le laboratoire de recherche Abdul Latif Jameel sur la lutte contre la pauvreté. Un institut exclusivement basé sur les recherches de terrain, en partenariat avec d’autres ONG. Une manière de fonctionner qui lui vaudra selon son portrait dressé par le New Yorker, le surnom de «randomista» ou «théoricienne du hasard».

Concernant son mode  opératoire, elle précise que le but consiste à comparer pour juger de l’efficacité de telle ou telle manœuvre : «si on met en place un nouveau programme de soutien scolaire dans des écoles, on choisit 200 écoles au hasard, dont 100 mettront en place le programme et les 100 autres pas». C’est ainsi que ses travaux ont notamment aidé à favoriser la vaccination de jeunes enfants en Inde.

En 2011, elle  avait déjà remporté un vif succès avec son livre «Repenser la pauvreté» coécrit avec son mari, qui leur vaudra de recevoir le prix du livre économique de l’année Financial Times/Goldman Sachs.

À moins de 40 ans, elle figure alors sur la liste des 100 personnes les plus influentes du monde selon le magazine américain Time.Par son appartenance au conseil De  par son appartenance au milieu scientifique de l’Éducation nationale, depuis 2018, la Française garde un pied dans son pays natal, en qualité de titulaire d’une chaire au collège de France.  Grande voyageuse aimant  défier l’altitude et   cherchant à  comprendre le monde, elle partage son temps entre les États-Unis, l’Afrique centrale et l’Inde. Son objectif : tenter d’apporter des solutions à la pauvreté et au manque d’éducation dans ces pays.

Même si Esther Duflo ne partage pas pleinement les idées politiques d’Emmanuel Macron, certainement  a t’elle apprécié  que le  président de la  République ait salué le « magnifique Prix Nobel » d’économie qui lui a été attribué lundi.

Car la grande pauvreté  existe !

En juillet  2019, l’indice mondial de pauvreté multidimensionnelle (IPM) 2019 du Programme des Nations Unies pour le développement montrait  que, dans les 101 pays étudiés – 31 à faible revenu, 68 à revenu moyen et deux à revenu élevé – 1,3 milliard de personnes se  trouvent « multidimensionnellement pauvres » les enfants représentant plus de la moitié d’entre elles.

Cette pauvreté multidimensionnelle ne se mesure pas uniquement en fonction du revenu, mais à travers un ensemble d’indicateurs prenant en compte une mauvaise santé, de mauvaises conditions de travail ou la menace de violences.

On  comprend que le rapport du PNUD stipule  que « Une action contre la pauvreté est nécessaire dans toutes les régions en développement », notant que l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud abritaient la plus grande proportion de pauvres (environ 84,5%).

Dans ces régions, le niveau d’inégalité est qualifié de « massif »: en Afrique subsaharienne, il varie de 6,3% en Afrique du Sud à 91,9% au Soudan du Sud. La disparité en Asie du Sud va de 0,8% aux Maldives à 55,9% en Afghanistan.

De nombreux pays étudiés dans le rapport font apparaître des niveaux d’inégalité internes « étendus ». En Ouganda, par exemple, l’incidence de la pauvreté multidimensionnelle dans les différentes provinces varie de 6% à Kampala, la capitale du pays à 96,3% à Karamoja.

Plus de la moitié des 1,3 milliard de personnes identifiées comme pauvres, soit environ 663 millions, sont des enfants de moins de 18 ans et environ un tiers (environ 428 millions) ont moins de 10 ans.

La grande majorité de ces enfants, environ 85%, vit en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, répartis à peu près également entre les deux régions.

La situation est particulièrement alarmante au Burkina Faso, en Éthiopie, au Niger, au Soudan du Sud et au Tchad où 90% ou plus des enfants de moins de 10 ans sont considérés comme pauvres de manière multidimensionnelle.

En dépit des  progrès  constatés dans le cadre de l’Objectif 1 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le rapport du PNUD souligne également  les  efforts qui  doivent être menés pour lutter contre la pauvreté « sous toutes ses formes, partout ».

Ces réalités qu’on ne perçoit pas toujours en vraie grandeur démontrent à quel point le  prix Nobel d’Economie que partage Esther Duflo avec son conjoint, Abhijit Banerjee et Michael Kremer professeur à Harvard  pour leurs travaux sur la lutte contre la pauvreté se trouve parfaitement justifié et leur fait honneur.

Esther Duflo fait partie ces femmes exceptionnelles qu’on aimerait compter parmi ses amies.

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