Alors que Donald Trump a été accueilli, le 24 février, en Inde par le Premier minsitre Narendra Modi, pour une visite de deux jours, Women e Life porte son regard sur la condition féminine dans ce grand pays qui compte 1,339 milliard d’habitants.
Il ne sera donc ici nullement question des annonces optimistes du 45e président des Etats-Unis concernant «un accord commercial incroyable» et «l’équipement militaire le plus redouté de la planète».
Bien que confrontée à de multiples défis économiques, sociaux et environnementaux, avec un PIB de 2 597 milliards de dollars, l’Inde fait partie de ces pays émergents devenus des puissances qui ne peuvent laisser indifférent dans le contexte de la mondialisation.
Un pays où les femmes moins nombreuses que les hommes, n’a d’ailleurs pas échappé au mouvement #MeToo.
En dépit d’une société profondément patriarcale, un réel changement est perceptible concernant la place et le rôle des femmes dans de nombreux domaines.
Le livre intitulé « Half a Billion Rising: The Emergence ofthe Indian Woman », paru en 2016, que l’on doit à Anirudha Dutta, l’un des observateurs les plus brillants de l’Inde contemporaine est à ce titre explicite.
Pour avoir beaucoup voyagé à travers l’Inde et observé la vie des filles et femmes indiennes, leur éducation, leur autonomisation à l’origine de l’évolution de la condition féminine, l’auteur livre une fine analyse qui lui permet d’affirmer : «Nous sommes à l’aube d’un changement unique dans la vie – une tendance incroyablement puissante avec de vastes implications au cours de la prochaine décennie! »
La transformation économique et culturelle qui balaie le deuxième pays le plus peuplé du monde est patente.
En dépit d’une discrimination qui dure depuis des décennies, pour ne pas dire plus, et limite leurs opportunités éducatives et professionnelles, les femmes ont désormais accès à l’éducation et à des emplois dans des domaines convoités comme la finance et la technologie. Un changement qui ne peut que s’accélérer dans les temps à venir, et donner aux femmes un rôle central dans la croissance de l’Inde et de son économie.
L’Inde abrite 586 millions de femmes, soit un peu plus de 17% du total mondial. Il compte 173 millions de filles de moins de 15 ans, soit environ un cinquième du total mondial. Certaines études estiment que si les femmes devaient atteindre le même taux d’activité que les hommes, le produit intérieur brut du pays pourrait augmenter de 27%.
Au-dela de l’amélioration de la qualité de vie de millions de femmes, cette évolution procure d’importantes opportunités d’investissement dans divers secteurs.
Car l’entrée des femmes sur le marché du travail, a pour effet induit d’augmenter le revenu du ménage et de modifier les modes de consommation.
Parmi les postes de dépenses promis à une augmentation notable figurent les soins de santé de qualité. L’occasion de rappeler au passage que l’Inde est le premier producteur au monde de médicaments génériques. De la même façon, le besoin de services financiers ira croissant à mesure que les femmes disposant de revenus décents voire élevés utiliseront des cartes de crédit, des comptes d’épargne et des prêts personnels.
L’impact sur les voyages et le tourisme sera sensible en raison de l’augmentation du pouvoir d’achat. Une tendance qui se répercutera sur toute une série de produits destinés à répondre à d’authentiques besoins, qu’il s’agisse d’outils de communication, d’aliments emballés, de produits de beauté, de vêtements ou encore du recours à des services comme les garderies d’enfants.
Les progrès vers l’égalité hommes femmes seront progressifs Néanmoins des résultats significatifs peuvent d’ores et déjà être mentionnés !
L’Inde a produit certaines des dirigeantes politiques les plus puissantes du monde, à l’instar d’Indira Gandhi.
Il en va de même dans le monde de l’entreprise. Ces dernières années, bon nombre des plus grandes institutions financières, tant dans le secteur privé que public, ont été ou sont dirigées par des femmes PDG, atteignant un record sans précédent à l’échelle mondiale.
Il n’en demeure pas moins vrai qu’en ce début de XXIe siècle, la part des femmes dans la population active n’est que de 29%, contre 51% à l’échelle mondiale.
De plus, en Inde, le taux d’alphabétisation des femmes n’est encore que de 66%, contre 82% pour les hommes.
En cause des coutumes séculaires et autres croyances erronées concernant les coûts de l’éducation d’une fille.
Bien qu’illégale, la pratique qui veut que la famille d’une mariée verse une dot au marié ou à ses parents reste répandue.
Pour les familles pauvres, ces dépenses peuvent être paralysantes financièrement.
De même, de nombreuses familles s’accrochent à la croyance d’un autre âge qui veut que les fils seuls puissent s’occuper de leurs parents dans la vieillesse, étant considéré que l’attention des filles se trouve focalisée sur leur mari et leurs propres enfants.
C’est d’ailleurs ce qui explique que les parents s’efforcent encore aujourd’hui de donner à leurs fils la meilleure éducation possible, dans l’espoir d’augmenter leur potentiel de revenus arrivés aux vieux jours.
Toutefois, la vie des femmes s’améliore à mesure que les attitudes changent et que les possibilités d’éducation s’améliorent.
Et bon nombre de ces attitudes rétrogrades finissent par disparaître. En réalité, l’Inde se trouve à l’aube d’un changement de génération et d’une meilleure reconnaissance des droits et places des femmes au coeur de la société. L’accroissement constant de l’accès à l’éducation permet désormais à davantage de femmes d’acquérir un pouvoir et d’être respectées.
Les observateurs n’hésitent pas à affirmer que l’éducation sera le principal moteur de changement pour les filles et les femmes au cours de la prochaine décennie, l’acquisition de connaissances et compétences contribuant à réduire voire éliminer les écarts entre les sexes en matière d’alphabétisation et de participation au travail.
L’éducation fait plus que d’ouvrir de nouveaux choix de carrière. Elle procure aux femmes une meilleure compréhension du monde dans son ensemble. Elle les sensibilise sur leurs droits et leur donne le courage de se défendre. Autant de signes qui tendent à démontrer que les Indiennes sont en passe de parvenir à une égalité en termes de perspectives personnelles et professionnelles.
Depuis quelques temps, force est de constater que les femmes décrochent plus d’emplois dans des postes de direction et techniques en col blanc.
Il est clair que les filles et les femmes indiennes sont aujourd’hui beaucoup mieux informées et confiantes que ne l’étaient leurs mères.
Des réalités qui ne « trumpent » personne, sauf ceux qui pensent que rien ne doit ou ne peut changer.
Or la mythologie indienne regorge de références aux princesses et aux reines qui incarnaient la valeur, la bravoure et la sagesse qui pourraient s’inscrire dans le monde du réel. A l’instar de SARASWATI, déesse de l’intelligence, de l’écriture et des sciences, épouse de Brahms, également déesse de la connaissance et des arts. Ou encore de LAKSHMI, déesse de la joie, de l’harmonie et de l’équilibre, épouse de Vishnu C, déesse de la beauté, de la fortune et de la prospérité.