Deux semaines avant que Nicole Notat nommée par Emmanuel Macron pour animer le Ségur de la Santé, ne présente ses propositions de réforme de notre système de santé, la tension du corps médical dans son ensemble ne cesse de grimper en l’absence d’avancées concernant le traitement des graves affections dont il souffre depuis de nombreuses années.
Qu’il s’agisse des praticiens hospitaliers et des internes du secteur public; des personnels médicaux des établissements privés lucratifs et non lucratifs; des organismes de soins et d’aide à domicile; des établissements et résidences privés pour personnes âgées, les discussions témoignent de difficultés qui tendent pour le moment à se montrer prudent.
Pour preuve, mardi matin, les syndicats de praticiens hospitaliers et d’internes, qui représentent les 40 000 médecins du secteur public ont claqué la porte des discussions, la demande de revalorisation des salaires étant restée lettre morte.
Une demande qui ne correspond qu’à l’une des plaies dont souffre le système de santé, qu’il s’agisse du manque de lits, de la pénurie de personnel, du casse-tête des 35 heures, de la tarification à l’acte « T2A » , des méthodes de gestion, sans parler du manque de reconnaissance des hommes et femmes que les Français ont applaudi et remercié aux heures tendues de la pandémie.
Face aux plusieurs dizaines de milliards d’euros injectés dans de nombreux secteurs d’activité ( automobile, aviation, tourisme, restauration-hôtellerie…) pour palier les conséquences économiques et sociales d’une crise sanitaire inédite, le secteur santé n’aurait-il pas droit aux mêmes égards et aides financières ?
Difficile à croire lorsqu’on touche aux nerfs du lien social !
Une réalité qui n’a pas échappé à deux députés, Bruno Bonnell (LREM) et François Ruffin (LFI). Ces derniers ont en effet présenté dans un rapport remis à l’Assemblée, 43 propositions visant à améliorer les conditions d’exercice des assistantes maternelles, accompagnantes d’enfant en situation de handicap (AESH), animatrices périscolaire, et aides à domicile.
Un personnel dévoué essentiellement féminin dont la crise sanitaire a mis en évidence l’engagement et le rôle primordial.
A ce titre, le sentiment de manque de considération exprimé par Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées lors d’une réunion dans le cadre du Ségur de la Santé en dit long.
Surtout au moment où le gouvernement affiche sa volonté de créer un cinquième risque de la Sécurité sociale dédié au grand âge et à la dépendance.
Ledit rapport dénonce à juste titre la précarisation des métiers du lien social qui ont en commun d’être essentiels au vivre ensemble et pourraient représenter quelque deux millions d’emploi d’ici 2040.
Mais là encore la faiblesse des rémunérations, les insuffisances en termes de formations continues, la pénibilité des conditions de travail notamment, sont dénoncées.
Face aux temps partiels subis, les députés jugent que la grande tolérance de la société à la précarité de ces métiers vient du fait qu’ils sont très majoritairement exercés par des femmes, considérés comme proches de la sphère domestique et très peu techniques.
Pour rendre ces métiers plus attractifs, ils proposent par exemple pour les aides à domicile de mieux rémunérer les déplacements et de fixer un minimum d’une heure d’intervention à domicile pour les publics fragiles.
Ils plaident en outre pour qu’elles soient « inscrites dans les répertoires nationaux des professions de santé » et qu’elles aient « le même niveau de priorité pour l’accès au matériel de protection, et la possibilité de disposer d’une carte professionnelle et d’un macaron professionnel pour leur véhicule ».
Pour les assistantes maternelles, qui gardent des enfants dans leur domicile, ils souhaiteraient permettre à un plus grand nombre de travailler avec quatre agréments, c’est-à-dire de pouvoir garder quatre enfants, et un doublement de leur formation initiale pour offrir plus de perspectives.
Pour les AESH et les animatrices du temps périscolaire, là encore très souvent des femmes, ils demandent que soit revue la grille indiciaire et que possibilité leur soit donnée d’accéder à un statut « plus protecteur » en les intégrant à la fonction publique territoriale ou à la fonction publique d’État.
Lorsqu’on se penche sur le Ségur de la Santé, on s’aperçoit très vite que tous les membres du grand corps Santé démontrent chaque jour leur caractère indispensable à la vie de la société, plus particulièrement en cas de crise sanitaire sans précédent. D’où l’impérieuse nécessité de lui prodiguer les meilleurs soins.
L’ordonnance d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé est attendue avec impatience.