Suite à la chronique du 20 juillet dernier intitulée « Trois femmes dans une élection en Biélorussie » qui justifiait que Women e Life vous donne rendez-vous le 9 août pour en savoir plus, force est de constater, une nouvelle fois, que la fraude électorale tourne à plein régime.
En prétendant avoir été élu avec 80% des voix – excusez du peu – Alexandre Loukachenko a t’il cru dur comme fer, qu’après 26 ans de règne, son élection truquée pour un nouveau mandat allait passer comme une lettre à la poste ?
Bien qu’il ait déclaré lundi qu’il ne permettrait pas que « le pays soit déchiré » par l’instabilité, sans doute n’a t’il pas compris qu’une volonté de profond changement se manifestait dans l’un des derniers régimes autoritaires d’Europe qui est également le dernier Etat européen à pratiquer la peine de mort.
L’absence d’opposition forte et structurée, conséquence d’un pouvoir autoritaire qui ne laisse aucune chance aux candidats et candidates potentiels de donner un élan de démocratie à ce pays qui compte moins de 10 millions d’habitants, a néanmoins donné naissance à un espoir de changement.
Et la très importante manifestation pacifique qui a eu lieu dimanche dans le centre de Minsk, la capitale, durant laquelle le slogan « Loukachenko démission » a été scandé a mis en évidence le refus d’une grande partie de la population d’accepter un diktat électoral.
Car les Biélorusses n’acceptent plus le système despotique en place. Encore moins les violences auxquels il se livre.
D’autant qu’un espoir est né en Biélorussie avec la révolution des femmes, l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa ayant présenté sa candidature avec Veronika Tsepkalo et Maria Kolesnikova à ses côtés.
L’occasion de braquer le projecteur sur cette jeune femme de 37 ans, mère de famille.
Tout d’abord pour constater que la veille du scrutin du 9 août, Maria Kolesnikova et la porte-parole de Svetlana Tsikhanovskaïa, Maria Moroz, ont été arrêtées pour des raisons inconnues.
De plus, au printemps, deux candidats potentiels à la présidentielle du 9 août parmi lesquels Sergueï Thikanovski, le mari de Svetlana Tikhanoskaïa ont été incarcérés.
Créditée de 9,9% des voix par la Commission électorale centrale, Svetlana Tikhanouskaïa a annoncé lundi qu’elle ne reconnaissait pas ces résultats officiels.
On comprend sa position lorsqu’on sait que lors de son premier meeting, Svetlana Tikhanovskaïa était parvenue, dans un pays qui n’a jamais vu émerger d’opposition forte, à rassembler des milliers de sympathisants.
Elle a déclaré à la presse à Minsk qu’elle considérait avoir remporté elle-même cette élection, à ses yeux entachée de fraudes massives. Son équipe a demandé un nouveau décompte des bulletins dans les bureaux de vote où des problèmes ont été identifiés.
Son équipe a également indiqué que l’opposition souhaitait discuter avec les autorités de l’organisation d’une transition politique pacifique.
Après avoir mis en sécurité ses deux enfants, de 5 et 10 ans en Lituanie, l’opposante biélorusse Svetlana Tikhanoskaïa qui les a rejoints a tenu à adresser un message vidéo dans lequel elle, a notamment déclaré : « Je sais que beaucoup me condamneront, beaucoup me comprendront, beaucoup me haïront ».
Alors que les manifestations se multiplient un peu partout et que des grèves ont lieu dans les usines, Svetlana Tikhanoskaïa a déclaré lundi être prête à diriger le pays et a appelé à la création d’un mécanisme institutionnel qui garantirait la validité d’une nouvelle élection présidentielle.
« Je suis prête à prendre cette responsabilité et à agir comme un leader national pendant cette période », a dit l’ancienne candidate à la présidentielle, ajoutant qu’il était nécessaire de profiter de la dynamique générée par une semaine de protestations en Biélorussie.
Elle a également appelé les forces de l’ordre à rejoindre les manifestants, en promettant de pardonner leur comportement antérieur.
Une répression musclée des manifestations pourrait nuire aux tentatives d’Alexandre Loukachenko d’améliorer ses relations avec l’Occident alors qu’une rupture est survenue avec la Russie, traditionnelle alliée de la Biélorussie, qui a tenté de la pousser à renforcer leur union économique et politique.
L’élection présidentielle de dimanche a été entachée « d’une violence d’Etat disproportionnée et inacceptable contre des manifestants pacifiques », ont déploré le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, Josep Borrell, et le Commissaire à l’Elargissement, Oliver Varhelyi, dans un communiqué commun en appelant à la libération de toutes les personnes interpellées dans la nuit.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a annoncé lundi qu’il convoquerait mercredi une réunion des dirigeants des Vingt-Sept pour évoquer la situation de la Biélorussie.
“Les citoyens biélorusses ont le droit de décider de leur avenir et d’élire librement leur dirigeant”, a-t-il ajouté en dénonçant des “violences inacceptables” contre les manifestants contestant la réélection il y a huit jours d’Alexandre Loukachenko.
Que fera la Russie ?
Sveta reviendra très vite en Biélorussie pour que change le régime et que de nouvelles perspectives démocratiques permettent aux Biélorusses d’aller de l’avant.
L’entrée dans l’ère post-soviet a sonné !