Toutes les femmes journalistes sur les cinq continents ne sont pas reporters de guerres. Mais toutes partagent le même intérêt de faire-savoir ce qui leur est donné d’observer dans de multiples domaines. Les témoignages qu’elles livrent en presse écrite, radio, télévision, web et réseaux sociaux, ont toujours pour objectif d’apporter des éclairages sur des sujets de nature très différente, qu’il s’agisse de politique, d’économie, de social, d’environnement, de culture…
De plus, leur présence au coeur de conflits armés comme de catastrophes en tout genre qui apporte la claire compréhension et vision de leurs conséquences notamment humaines, demande également d’être soulignée.

Le caractère fondamental de la liberté de la presse se doit d’être promu et respecté partout dans le monde, et l’engagement des hommes et femmes qui ont vocation à intervenir pour mieux nous informer protégé et salué.

A ce titre, la cérémonie de remise du Prix Reporters Sans Frontières de la liberté de la presse 2020 qui s’est déroulée le 8 décembre à Taipei fournit à Women e Life l’occasion de s’arrêter sur deux journalistes qui ont été récompensées.
Un féminisme de circonstance qui ne saurait masquer le prix remporté par station de radio afghane Merman (catégorie impact). Cette dernière a vocation de servir la cause des femmes (« merman » en pashto) en Afghanistan. Animée par une équipe féminine, cette radio exerce ses activités dans la région de Kandahar en dépit de menaces des Talibans, et des attaques dont ses journalistes sont la cible.

Le prix spécial a pour sa part été décerné au fondateur du quotidien hongkongais Apple Daily Jimmy Lai.

Mais comme vous allez le comprendre, l’accroche concernant l’une des femmes lauréates, une journaliste Egyptienne, se trouve renforcée au vu d’un évènement récent.

Car à l’issue d’une visite d’Etat dimanche à Paris puis d’une rencontre lundi matin avec le président Emmanuel Macron, les oreilles du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, ont dû siffler.

Notre président avait en effet eu l’occasion d’exprimer ses regrets en constatant que la situation n’évolue pas « dans la bonne direction » en Egypte : des « blogueurs, des journalistes et des activistes » étant emprisonnés.

Aussi doit-on se réjouir que pour sa 28e édition, le prix de l’indépendance 2020 qui vise à récompenser les journalistes, médias ou ONG ayant résisté de manière remarquable aux pressions financières, politiques, économiques ou religieuses, ait été décerné à Lina Attalah, rédactrice en chef et cofondatrice du journal en ligne Mada Masr, l’un des rares organes d’information indépendants en Égypte.

Toutefois, et c’est bien là que la bas blesse: l’accès au site de Mada Masr en Égypte est bloqué par les autorités depuis trois ans.

Quant à Elena Milashina, une journaliste Russe d’investigation du trihebdomadaire russe Novaïa Gazeta, le prix du courage 2020 visant à récompenser les journalistes, médias ou ONG ayant fait preuve de courage dans la pratique, la défense ou la promotion du journalisme qui lui a été décerné par Reporters sans frontières est amplement mérité.

Spécialiste de la Tchétchénie, elle est en effet régulièrement la cible d’attaques, de menaces de mort et de censure.
Malgré tout, elle continue à publier des articles sans concessions sur les questions les plus sensibles de cette république autonome, dirigée d’une main de fer par Ramzan Kadyrov.

Les enquêtes et reportages réalisés parfois au péril de leurs vies par des hommes et femmes qui exercent leur métier de journaliste nous assurent d’avoir connaissance d’informations essentielles qui permettent de comprendre divers évènements parfois d’une extrême gravité dont se trouvent être victimes des individus comme des populations entières un peu partout dans le monde.

Sans liberté de la presse, il n’y a plus de liberté du tout !

NB: Il est possible de retrouver sur Women e Life des hommages rendus en 2019 et 2020 à plusieurs femmes journalistes qui ont perdu la vie en couvrant des guerres.