On a beau dire qu’il s’agit d’un petit pays de seulement 33 861 km2 qui ne compte que 2.661.735 habitants, la Moldavie a eu droit aux honneurs en France pas plus tard qu’hier, Emmanuel Macron ayant reçu Maia Sandu à L’Elysée.
Cette ancienne Première ministre qui est devenue à 48 ans, la Première femme élue à la tête de cette ex-république soviétique avec 57,75 % des suffrages face au chef d’Etat sortant, le pro-russe Igor Dodon a son franc-parlé.
Dans son discours d’investiture, elle a rappelé ses principaux thèmes de campagne: la lutte contre la corruption et la promotion d’une « intégration européenne ».
De plus, elle n’a pas hésité à ajouter : « Nous nettoierons le pays. Les voleurs seront envoyés en prison et ne seront pas place au sein de l’Etat »
Enclavée entre la Roumanie et l’Ukraine, englobant des parties des régions historiques de Bessarabie et de Podolie méridionale (dite Transnistria), la république de Moldavie n’est pas en super forme.
En raison de sa situation géopolitique et des tensions et compromis politiques qu’elle engendre, la Moldavie a vu sa production agricole et industrielle progressivement diminuer, passant sous le seuil d’autosuffisance. Un phénomène qui s’est accompagné d’un fort exode rural et d’une expatriation importante de la population active.
Néanmoins, force est de constater que le secteur des services s’est fortement développé.
Il n’en demeure pas moins vrai qu’en 2020, la Moldavie figurait comme le pays le plus pauvre d’Europe en termes de PIB par habitant avec l’indice de développement humain le plus bas sur le Vieux Continent.
La victoire de Maia Sandu marque un sérieux revers pour la Russie, soucieuse de préserver son influence et dont l’armée est déployée en Transdniestrie, un territoire pro-russe ayant fait sécession de Chisinau à la chute de l’URSS. Son programme politique est aussi source d’espoir pour une majorité de Moldaves.
Après son élection, le Parlement moldave a adopté une loi réduisant les pouvoirs présidentiels, une mesure perçue par Maia Sandu comme un moyen de réduire le rôle de la présidence au profit du Parlement, contrôlé par des partisans de d’Igor Dodon.
Finalement suspendue début décembre par la Cour constitutionnelle, cette loi avait poussé des milliers de Moldaves à manifester pour réclamer la dissolution du Parlement.
Les encouragements prodigués par Emmanuel Macron, Président de la République française qui a confirmé sa claire volonté de rapprochement avec la Moldavie, n’ont pu que conforter Maia Sandu qui sait devoir, en début de mandat, relever de nombreux défis économiques, sociaux, mais aussi sanitaires en raison de l’impact du Covid-19.
L’élection et présence de plus en plus de femmes à la tête d’Etats comme de gouvernements qui n’ont rien de symboliques, reflètent une montée en puissance d’un féminisme politique susceptible de générer l’émergence d’un nouveau paradigme en termes de développement économique et de cohésion sociale, sans oublier les préoccupations d’ordre environnemental.
C’est à l’épreuve du temps et au regard des solutions apportées pour faire face aux difficultés récurrentes, qu’il sera possible d’apprécier ce que Maia Sandu comme d’autres femmes élues à la tête d’un Etat ou d’un Gouvernement parviennent à réaliser pour améliorer notablement la situation de leur pays et celle de leur population.