L’appel lancé en début d’année dans le JDD par 120 responsables de réseaux féminins et entrepreneures à Emmanuel Macron, fait écho aux chiffres établis grâce à la base de données Crunchbase et aux sondages réalisés auprès des fonds signataires d’une charte en faveur de la parité.
C’est à juste titre que ces femmes conscientes des déséquilibres persistants, faisaient valoir que la parité économique n’est pas secondaire dans la crise.
Elles ajoutaient entre autres : » Qu’elle soit salariale ou entrepreneuriale, elle est une des clés majeures de la relance. »
Une réalité qui mérite d’être regardée en face, toutes les études démontrant que la mixité est vitale pour la relance économique, un monde plus vert, de nouvelles solutions, un mieux vivre ensemble et une société plus juste.
Pour relever ces défis, elles invitaient le président de la République à se saisir de quatre mesures d’importance ( quotas, revalorisation salariale, financement, accompagnement) afin que l’égalité économique entre femmes et hommes devienne une grande cause nationale.
Car en dépit de progrès notables mais encore très insuffisants accomplis dix ans après la loi Copé-Zimmermann*, la deuxième édition du baromètre réalisé par le collectif Sista, le Conseil national du numérique (CNNum) et le cabinet Boston Consulting Group (BCG) sur les conditions d’accès au financement des femmes dirigeantes de start-up, montre que beaucoup reste à faire.
Certes, on se doit de reconnaître que la part des start-up fondées par des équipes féminines ou mixtes en 2020 a augmenté de quatre points en un an pour atteindre 21%. Cette augmentation a surtout profité aux équipes mixtes (17%) alors que la part d’équipes exclusivement féminines a baissé à 4% (contre 6% en 2019). Les start-up sont donc encore massivement aux mains des hommes (79%).
Le choix de la mixité reste en outre encore déséquilibré : 14% des fondateurs privilégient une équipe mixte (trois points de plus qu’en 2019), loin derrière les 75% de fondatrices optant pour cette formule (+13 points en un an).
Quoi qu’il en soit, les équipes fondatrices masculines représentent encore plus de 90% des montants totaux levés en 2020.
Autre fait notable, plus les montants sont importants, plus le constat s’aggrave.
Les équipes fondatrices féminines ne comptent en effet que pour 2% des levées de fonds entre 15 et 50 millions d’euros.
Elles disparaissent ensuite des levées de fonds supérieures à 100 millions d’euros.
Dans ces séries, 100% des fonds sont levés par des équipes fondatrices masculines.
Le poids de l’héritage de cet écosystème se retrouve aujourd’hui encore dans le fonctionnement même des acteurs. La moitié des principaux fonds français ne compte toujours aucune femme « partner » en 2020. Un long chemin reste à parcourir pour briser le plafond de verre et réduire les inégalités d’accès au financement des start-up.
Toutefois,on se doit de rester optimiste. Le 17 octobre 2019,La signature de la Charte SISTA x CNNum, a représenté un engagement fort qui a contribué à un important changement de paradigme. Les 56 fonds signataires se sont saisis du sujet et ont ouvert la voie, initiant des actions concrètes en faveur de la parité.
C’est donc à juste titre que plus de 120 femmes ont signé l’appel lancé à Emmanuel Macron pour demander que l’Etat montre l’exemple en appliquant le principe de l' »éga-conditionnalité » des financements publics, par ses participations et prêts directs ainsi qu’à travers les fonds qu’il soutient, sans oublier la création d’un guichet unique pour les femmes entrepreneures destiné à renforcer l’action actuelle de Bpifrance.