Sans faire 15.000 kilomètres, la question suivante pourrait vous être posée : « Vous avez été mal à l’aise face à une remarque ou à une blague sexiste d’un collègue et vous n’avez pas su comment réagir? »
Dans ce cas, les conseils de la docteure Caroline Dayer, chercheuse, formatrice et consultante sur les questions de violence et discrimination distillés dans le Temps, quotidien Suisse, vous seront fort utiles.
Toutefois, force est de constater que le sexisme ne se limite pas aux propos déplacés.
Voilà pourquoi 110 000 personnes sont descendues lundi dans les rues d’au moins 40 villes d’Australie pour manifester la colère des femmes face au problème des violences sexuelles qui n’a pas été résolu.
Certains portaient des masques noirs avec les mots: « Enough is enough » «Assez c’est assez».
D’autres portaient des pancartes dénonçant la misogynie, le blâme des victimes, les abus et le viol.
À Melbourne, une bannière mentionnait les 900 femmes qui ont perdu la vie aux mains d’hommes depuis 2008.
Il est vrai que classé 44e dans le rapport Global Gender Gap du Forum économique mondial en 2020, l’Australie accuse un sérieux retard par rapport aux autres pays occidentaux sur les questions de genre.
Les rassemblements qui ont eu lieu lundi, font suite à une vague d’allégations d’agression sexuelle, d’abus et d’inconduite dans certains des plus hauts postes de la politique australienne.
À Canberra, la capitale australienne, la police a estimé que 5 000 à 6 000 manifestants se sont rassemblés lundi sur la pelouse devant le Parlement, où les législateurs se réunissent.
À Sydney, les organisateurs ont estimé qu’au moins 10 000 personnes se sont rassemblées lundi dans le quartier central des affaires.
La question prend une tournure politique lorsqu’on sait que les prochaines élections fédérales en Australie doivent avoir lieu d’ici mai 2022.
Selon les experts, ces marches à travers le pays ont valeur d’avertissement pour le parti libéral au pouvoir.
Pour comprendre la raison pour laquelle ce « Enough is enough » a pris une telle ampleur, quelques précisions méritent d’être apportées.
En février, Brittany Higgins,ancienne membre du gouvernement âgée de 26 ans, a rendu public le récit de son viol dans le bâtiment du Parlement australien, provoquant une onde de choc dans les couloirs du pouvoir du pays.
Dans les jours qui ont suivi son dépôt de plainte à la police, trois autres femmes se sont manifestées et ont déclaré aux organes de presse que le même homme, un ancien employé du parti conservateur au pouvoir en Australie, les avait agressées sexuellement.
Face à une foule rassemblée sur les pelouses devant le Parlement australien, Higgins a déclaré : «Nous affirmons que le système est brisé, que le plafond de verre est toujours en place et que les structures de pouvoir au sein de nos institutions présentent des défaillances importantes.»
Scott Morrison, Premier ministre d’Australie depuis le 24 août 2018, a pour sa part été critiqué pour avoir déclaré que la gravité de l’accusation de Mme Higgins ne l’avait frappé qu’après que sa femme lui ait demandé d’imaginer qu’une de leurs filles ait été agressée.
Confronté à un vent de critiques, la ministre de la Défense, Linda Reynolds, a accepté de verser des dommages-intérêts à Mme Higgins après l’avoir néanmoins qualifiée de «vache couchée».
Les manifestations qui ont eu lieu lundi en Australie, s’inscrivent dans le cadre d’un mouvement mondial croissant qui exige que les autorités fassent davantage pour protéger les femmes et condamnent les auteurs de harcèlement et d’agression.
Faut-il voir dans cette lutte, un nouvel épisode du film «Crocodile Dundee» de Paul Hogan sorti en 1986 qui illustrait le difficile combat contre les reptiles ?