En dépit des sujets que votre webmagazine féminin ouvert sur le monde a prévu d’aborder cette semaine, Women e Life souhaite tout d’abord à rendre hommage à Nawal el Saadawi née le 27 octobre 1931 près du Caire, dont nous avons appris le décès, le 21 mars 2021.
Cette figure égyptienne de l’émancipation des femmes dans le monde arabe, n’a pas été seulement l’auteure d’ œuvres remarquables sur la condition de la femme, l’intégrisme religieux et les brutalités policières qui lui ont valu d’être poursuivie et contrainte à plusieurs reprises à l’exil.
Médecin psychiatre et écrivaine, ses « Mémoires d’une femme docteur », un roman partiellement autobiographique, publié dés 1958, a été considéré comme une œuvre fictionnelle pionnière dans le féminisme moderne du monde arabe.
Fondatrice en 1982 de l’Association arabe pour la solidarité des femmes, finalement interdite en 1991, elle a également été directrice générale de l’éducation à la santé publique, au ministère de la Santé égyptien de 1958 à 1972, poste dont elle s’est trouvée révoquée pour avoir publié « La femme et le sexe », un livre dans lequel il est question de sexualité, de religion et du traumatisme de l’excision , sujets tabous dans le pays.
Nawal el Saadawi n’a jamais manqué de critiquer ouvertement le système patriarcal en abordant des sujets tabous, tel que l’excision, l’avortement, la sexualité, les abus sexuels sur les enfants, et les différentes formes d’oppression des femmes.
Emprisonnée en 1981 pour s’être opposée à la loi du parti unique sous le président Anouar el-Sadate, et contrainte à un premier exil, on retient notamment ses « Mémoires d’une prison de femmes »,publié en 2002 à Londres, par les Presses féminines.
En 1987 son livre « La Chute de l’iman », publié au Caire, lui vaut de recevoir des menaces de mort de la part de groupes fondamentalistes.
En janvier 2007 le scénario d’une pièce de théâtre en arabe intitulée « Dieu démissionne de la réunion au sommet » est jugé blasphématoire par l’université islamique du Caire. Il est retiré de la vente avant même l’ouverture du procès qui lui est intenté sur plainte de l’Université al-Azhar pour apostasie et non-respect des religions.
Le 3 février 2011, Nawal el Saadawi apporte son soutien aux manifestants de la place Tahrir au Caire, pour le départ de Mohammed Hosni Moubarak.
Le 8 mars 2012, elle est à l’initiative, avec sept autres femmes arabes, de L’Appel des femmes arabes pour la dignité et l’égalité.
Outre « Le Voile », où la protagoniste révèle ses pensées au lecteur, mais pas à son amant, son livre: » La femme et le sexe » qui questionne le rapport des femmes arabes à leur sexualité, ou encore son roman « C’est le sang », paru à Beyrouth en 2014, témoignent en faveur de l’émancipation politique et féminine, et critiquent des lois pseudo-religieuses.
Bien d’autres ouvrages que l’on doit à cette écrivaine, féministe Egyptienne, mériteraient d’être mentionnés.
Nawal el Saadawi a reçu de nombreuses distinctions.
Pour peu que votre curiosité en termes de féminisme, guide votre appétit de lecture, vous ne perdrez rien à découvrir ce que Nawal el Saadawi a cherché toute sa vie à faire savoir et dénoncer sur la base d’un vécu et d’une vision lucide de la condition féminine dans les pays arabes.