Passé une calamiteuse période qui a envoyé une image peu flatteuse d’une école réputée, ouverte sur le monde, figurant parmi les meilleures en sciences humaines et sociales, Sciences Po reprend ses esprits suite à l’élection lundi de Laurence Bertrand Dorléac à sa tête.
Nous ne reviendrons pas ici sur la sinistre affaire qui a conduit Olivier Duhamel visé par une enquête pour viols sur mineur après les accusation de « Victor » Kouchner à quitter ses fonctions, ni sur le fait que cette dernière a coûté son poste à Frédéric Mion, qui a démissionné de ses fonctions de directeur de Sciences Po Paris en février.
Mieux vaut regarder l’avenir.
Qu’une spécialiste de l’art et du pouvoir ait été choisie pour prendre la présidence de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) qui définit la stratégie de Sciences-Po, est intéressant à plus d’un titre.
Tout d’abord parce qu‘il s’agit de la première femme à occuper ce poste et de la deuxième historienne de l’art à présider aux destinées de Sciences Po depuis sa création par Émile Boutmy en en 1872.
À 64 ans, cette femme ne découvre pas l’institution.
Professeure à Sciences Po depuis 1990, Laurence Bertrand Dorléac enseigne l’histoire de l’art et l’histoire.
Elle a beau déclarer : « Cette élection n’était pas du tout à mon agenda », force est néanmoins de constater qu’elle était bien candidate.
On comprend mieux sa destinée en consultant son parcours.
Son élection permet de revenir sur un fait notable que rappelle l’historienne Marie Scot : « l’École de la rue Saint-Guillaume a collé, en matière de féminisation, à l’évolution de la société française. »
Dans les années 2000, le nombre de femmes étudiantes a même dépassé celui des hommes ; les femmes représentent aujourd’hui 60 % des effectifs des étudiants de Sciences Po. Certes cette avancée a été longue et laborieuse.
D’où l’intérêt de noter que parmi ses premiers chantiers, Laurence Bertrand Dorléac évoque : « la mise en œuvre des mesures préconisées par les groupes de travail sur les violences sexistes et sexuelles et la déontologie pour satisfaire des exigences nouvelles à la hauteur de notre conception de la vie en société »
De plus, le parcours de cette agrégée d’histoire et maître de conférences en géographie, ne peut masquer qu’elle a été chargée, de 2005 à 2007, de l’intégration des IUFM dans les universités au sein du cabinet du ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Gilles de Robien.
En 2007, elle s’occupe des sciences humaines et sociales au cabinet de Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avant d’en devenir directrice adjointe en charge de la formation.
Elle suivra Valérie Pécresse au ministère du Budget en 2011, toujours en qualité de directrice adjointe du cabinet.
En 2015, elle rejoint Sciences Po comme doyenne du collège universitaire, où selon l’école : «elle mène avec succès une réforme majeure du premier cycle, qui a conforté, en France comme à l’étranger, le renom du diplôme de bachelor de Sciences Po, reconnu depuis le printemps dernier équivalent au grade de licence».
Le 6 septembre 2018, Bénédicte Durand avait été nommée directrice des études et de la scolarité de Sciences Po.
Désormais présidente, pour une durée de 5 ans, forte de ses expériences passées, cette femme va pouvoir confirmer ce qui fait le mérite d’une grande école renommée et de ses étudiants diplômés.