EN SUISSE KARIN KELLER-SUTTER CHERCHE À SAUVER LES JEUNES RADICALISÉS

Si vous avez regardé, hier soir, sur France 5, le poignant documentaire « Les enfants de Daech » qu’il demeure possible de voir en replay, mais aussi prêté attention à la présentation du livre intitulé « Enfants-Soldats du Virtuel au Réel » à paraître aux Editions MAÏA dont nous sommes fait dernièrement l’écho, vous allez comprendre très vite pourquoi Women e Life vous entraîne en Suisse.

Dans une interview accordée au quotidien helvétique 24heures, Karin Keller-Sutter, 57 ans, Conseillère fédérale et Cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP), apporte d’intéressantes précisions concernant la nouvelle loi sur les mesures policières (MPT) qui vise à «agir préventivement en cas de radicalisation» et fera l’objet d’une votation le 13 juin.

Bien que cette loi rencontre l’opposition de spécialistes du droit et d’ONG notamment, il faut regarder les réalités en face.

Comme le précise Karin Keller-Sutter : « Tant qu’il n’y a pas de délit, les autorités ne peuvent rien faire face à un jeune qui visionne des vidéos de propagande de l’État islamique (EI), ou si des parents désespérés signalent le glissement de leur enfant vers l’extrémisme.

Bien que le Code pénal interdise de diffuser la propagande de l’État islamique ou de recruter pour lui, il n’interdit pas la consommation de ces images.
Il y a donc bien un vide juridique qui interpelle. Une préoccupation que la France partage.

Surtout lorsque certains policiers et procureurs suisses rapportent qu’ils se trouvent confrontés à des jeunes qui visionnent des vidéos de propagande absolument insoutenables.

Or les adolescents concernés sont de plus en plus jeunes: ils ont parfois 13, 14 ans, et sont particulièrement influençables.

Karin Keller-Sutter rappelle que des voyageurs du djihad sont partis de Suisse alors qu’ils avaient 15 et 16 ans. En 2019, un mineur de Suisse orientale a été interpellé alors qu’il avait commandé sur internet des précurseurs d’explosifs pour fabriquer une bombe. Il visait une mosquée.

Plus récemment, une action de la police fédérale, coordonnée avec des polices cantonales, a permis l’arrestation de onze personnes: cinq mineurs et six jeunes adultes. Cela montre à quel point les jeunes sont influençables.

Selon Karin Keller-Sutter: « Les nouvelles mesures s’inscrivent dans le système juridique suisse. Le Code pénal des mineurs s’applique déjà à partir de 10 ans. Cela signifie qu’une procédure pénale peut être ouverte à partir de 10 ans, et des mesures de détention privative de liberté peuvent être prononcées à partir de 15 ans. C’est une réalité qui est déjà intégrée au système juridique suisse. D’ailleurs, la nouvelle loi MPT prévoit que la mesure la plus forte, l’assignation à résidence, ne peut être prononcée qu’à partir de 15 ans. »

Bien que l’assignation à domicile existe et fasse ses preuves en matière de violences conjugales, de houliganisme… les règles qui s’appliquent parviennent trop souvent à être contournées.

Lors de cette interview , l’accent est mis sur la vocation de la loi qui a pour objectif de protéger les citoyens suisses tout en assurant le respect des fondements démocratiques et constitutionnels de la Suisse, même si Karin Keller-Sutter estime probable un clivage entre ces deux objectifs.

Toujours est-il qu’en Suisse, le Conseil fédéral a la responsabilité de protéger les citoyens et les fondements démocratiques et constitutionnels du pays.

Le caractère préventif des mesures contenues dans la loi doivent entretenir l’espoir d’une possible déradicalisation de jeunes menacés d’endoctrinement. Elles doivent aussi et surtout éviter qu’une faille du système de protection interdise de remédier efficacement en amont aux risques de dérives jusqu’au-boutistes de certains individus.

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