Lorsqu’on s’intéresse à la Syrie, il est difficile de rester insensible à la situation que connaît entre autres Raqqa qui fût au cours de la période musulmane et jusqu’au tout début du XXIe siècle une belle cité prospère.
Malheureusement, en proie à la guerre civile syrienne, cette ville est tombée le 6 mars 2013 aux mains des rebelles d’Ahrar al-Cham, du Front de libération de Raqqa et du Front al-Nosra.
Alors que les rebelles ont en 2014 mis en place une administration, avec un Comité municipal et un Comité judiciaire, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) a pris position intra-muros en mai de la même année.
Devenue la « capitale » syrienne de l’organisation djihadiste État islamique de 2014 à 2017 d’où ont été planifiés la plupart des attentats terroristes qui ont frappé l’Europe, Raqqa cherche à sortir d’un cauchemar. Désormais contrôlée par les Forces démocratiques syriennes, la mission de gestion et de reconstruction revient à Leïla Mustafa, maire de cette ville et unique femme dans une assemblée de 130 hommes.
Invitée de l’émission 28′ sur Arte mercredi, la présentation de son livre écrit avec Marine de Tilly, journaliste du Point, intitulé : » La femme, la Vie, la Liberté » paru chez Stock, lui a permis de répondre aux questions d’Elisabeth Quin sur le rôle éminent qui lui incombe pour que sa ville ravagée par de sanglants conflits armés opère sa reconstruction et que ses habitants puissent renouer avec des conditions de vie décentes.
Ce même jour, Leïla Mustafa, ingénieure de formation, était également reçue par la Commission de Affaires étrangères de l’Assemblée nationale présidée par Jean-Louis Bourlanges.
Et c’est avec beaucoup d’émotion, mais aussi d’espoir qu’il a été possible de l’entendre souligner avec Monsieur Hamdan Alabed du conseil civil, les immenses défis que cette ville détruite à plus de 90% doit relever pour retrouver vie et paix.
A 39 ans, cette Syrienne musulmane sunnite incarne des valeurs auxquelles on ne peut rester insensible puisqu’il s’agit de jeunesse, de maturité, de courage et d’une détermination sans faille concernant l’ampleur de la tâche à accomplir pour parvenir à une reconstruction digne de ce nom.
Une opération qui s’avère particulièrement lourde et délicate et appelle un concours financier à l’échelle internationale, plusieurs pays dont la France s’étant engagés à apporter des aides.
La présence autour de Raqqa de quelques 66 camps de réfugiés officiels et non-officiels, complique la mise en place et l’organisation de nombre de services indispensables.
Si à l’instar de 17 hôpitaux, d’écoles, de cabinets médicaux, de commerces de première nécessité, certains services publics ont d’ores et déjà pu être remis en état en fonctionnement, les besoins en termes d’infrastructures et de logements sont gigantesques.
Outre la reconstruction de ponts et notamment celui qui enjambe l’Euphrate, c’est aussi tout le tissu industriel et surtout l’agriculture qu’il faut relancer.
De plus, il apparaît clairement que les problèmes de sécurité ne peuvent être négligés en raison de la présence de cellules dormantes de Daech.
On comprend donc aisément qu’à l’occasion de son passage en France, LeÏla Mustafa, maire de Raqqa ait lancé un appel aux soutiens. Elle n’a pas hésité à en appeler au retour sur place des Français et Britanniques notamment afin de mener à bien le travail d’expertise qui s’avère indispensable concernant les infrastructures liées plus particulièrement à l’adduction d’eau et au réseau électrique qui a été pour ainsi dire totalement détruit.
Avec une femme à sa tête, Raqqa décrite comme la maison des Syriens sait devoir relever de multiples défis. En livrant cette information, Women e Life confirme son admiration pour Leïla Mustafa et adresse un message qui ne demande qu’à être largement partagé.