AFGHANISTAN : GOUVERNEMENT TALIBAN ET PROMESSES NON TENUES

On a coutume de dire que les promesses n’engagent que celles et ceux qui les croient.
Et force est de constater au regard de la situation qui prévaut actuellement en Afghanistan, que celles faites par les talibans depuis qu’ils ont repris le pouvoir en Afghanistan ne se sont pas traduites en actes.
Où sont les femmes afghanes ?

Faut-il être surpris que le gouvernement taliban dit de transition, dont la composition finale a été annoncée aujourd’hui par Zabihullah Mujahid, porte –parole de ce dernier, se trouve être en totale contradiction avec les promesses d’ouverture, d’apaisement émises au tout début en vue de la constitution d’un gouvernement inclusif ?

Non seulement la composition de ce gouvernement confirme la seule présence d’hommes parmi lesquels nombreux sont des leaders historiques du mouvement taliban, mais elle témoigne de plus, qu’aucune femme n’a été admise à entrer dans ce nouveau gouvernement.

La suppression du ministère des Affaires féminines et son remplacement par celui de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, justifie les craintes émises à l’égard du pouvoir en place qui remet au devant de la scène le fondamentalisme qui a régné durant le premier règne taliban.

L’occasion de rappeler que lors d’un Forum organisé le 2 septembre dernier par le New York Times en présence de Rina Amiri, conseillère principale en médiation, Nations unies, et Manizha Wafeq, cofondatrice et présidente de la Chambre de commerce et d’industrie des femmes afghanes, Women e Life avait posé la question relative à la formation du gouvernement taliban, et s’était inquiété de savoir quel(s) ministère(s) pourrai(en)t être confié(s) à des femmes.
La réponse apportée aujourd’hui lors d’une conférence de presse est claire : aucun !

Susanne E. Jalbert*, qui participait à ce Forum en qualité de directrice de Chemonics International, Inc, une société privée de développement international basée à Washington qui intervient en Syrie, Irak, Yémen et Afghanistan dans le cadre de missions humanitaires visant à promouvoir des changements significatifs dans le monde entier pour aider les gens à vivre une vie plus saine, plus productive et plus indépendante, nous avait adressé le message suivant :

 » Votre question sur le chat du Women’s Forum d’aujourd’hui est essentielle.

À court terme, nous avons des pressions immédiates. Des vies doivent être sauvegardées. Nous devons travailler de manière plus agressive pour sauver la vie des femmes et des enfants actuellement en danger sous le règne des talibans. Nous avons totalement manqué à notre mandat de développement. Il nous incombe, en tant que citoyens américains, de faire preuve du plus haut niveau de diligence raisonnable pour sauvegarder ces vies fragiles.

En tant que cheffe d’une partie du projet Promote Women in Government de l’USAID, le plus grand projet d’autonomisation des femmes de l’histoire du gouvernement américain, qui est très médiatisé et constamment politisé, l’ensemble de mon personnel court aujourd’hui un risque extraordinairement élevé en Afghanistan.
Cela inclut une liste de 85 membres afghanes du personnel à différents stades de la procédure d’obtention d’un visa spécial d’immigration aux États-Unis. Toutes sont encore bloquées en Afghanistan, ainsi que plus de 3 000 stagiaires du projet.
Elle nous soumettait un rapport de 250 pages relatant des faits incontestables et concluait son message par ces mots : « Quelle est la prochaine étape pour les femmes dans la fonction publique en Afghanistan sous régime taliban ? C’est en effet la question que l’on est en droit de se poser  »

D’où la nécessité de la replacer dans le contexte actuel !


* Susanne E. Jalbert est une défenseuse de l’égalité des sexes, une activiste du développement économique et une stratège politique des droits des femmes avec plus de 25 ans d’expérience. Elle occupe actuellement le poste de directrice dans la région Syrie, Irak, Yémen et Afghanistan de Chemonics, et a précédemment occupé le poste de chef de partie sur le projet Promote : Women in Government (WIG).
En tant qu’activiste mondial chevronné, le Dr Jalbert a utilisé le développement économique comme un outil essentiel pour une vie plus équitable et plus sûre. Vivant à la jonction des conflits et du développement en travaillant avec l’USAID, elle a été diplomate en Afghanistan, au consulat de Herat, directrice des services aux entreprises en Irak et conseillère principale dans des économies en développement, en transition et en conflit.
Le Dr Jalbert détermine, dirige et conçoit également des modèles de politiques stratégiques au niveau national, régional et international en vue de l’inclusion équitable des femmes dans les économies en croissance. À ce jour, elle a participé à plus de 90 missions dans 50 pays sur quatre continents.
Mme Jalbert est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en éducation et en ressources humaines de la Colorado State University et d’une licence en gestion du St. Mary’s College de Moraga, en Californie.

Laisser un commentaire