Surnommée la « secrétaire du mal », Irmgard Furchner aujourd’hui nonagénaire, devait être jugée le 30 septembre par le tribunal régional d’Itzehoe pour avoir contribué à la mort de 11 412 prisonniers au camp de la mort de Stutthof entre 1943 et 1945.
Qualifiée de « criminel de bureau » typique, dont le travail a permis au régime destructeur des nazis d’exister, elle avait osé affirmer dans une lettre adressée au juge, qu’elle « n’a rien fait à 18/19 ans dont elle doive répondre à 96 ans ».
Réfugiée dans sa maison de retraite, et refusant de présenter devant le tribunal, elle s’est enfuit avant d’être arrêtée par la police à Hambourg et placée en détention provisoire pendant cinq jours.
Madame Furchner est la première femme à être jugée depuis des décennies pour des crimes liés au Troisième Reich. Et il est vrai qu’on est en droit de s’interroger sur les raisons pouvant expliquer que le jugement n’ait lieu qu’en 2021.
Elle n’avait que 18 ans lorsqu’elle a commencé à travailler au camp de Stutthof, sur la côte de la Baltique, dans la Pologne occupée par les nazis.
Elle est également la première femme et vraisemblablement la seule encore vivante à être jugée depuis des décennies pour des crimes liés au Troisième Reich.
Démonstration de la honte qui a pu habiter cette femme à défaut de sincères regrets, elle avait repris la plume le 8 septembre, via une nouvelle lettre dans laquelle elle précisait au juge « En raison de mon âge et de mes limitations physiques, je ne me présenterai pas aux dates du tribunal et demanderai à mon avocat de me représenter. Je voudrais m’épargner cet embarras et ne pas être la risée de tous »
Elle ajoutait qu’elle n’assisterait pas à son procès et demandait à être jugée par contumace, ce qui n’est pas autorisé par la loi allemande.
On estime que 65 000 personnes sont mortes dans ce camp dans le camp de concentration de Stutthof situé près de Gdansk pendant la Seconde Guerre mondiale.
Selon l’acte d’accusation, il s’agissait « des prisonniers juifs, des partisans polonais et des prisonniers de guerre soviétiques ».
À l’issue de son interpellation par la police, le tribunal a suspendu le mandat d’arrêt et libéré l’accusée sous réserve de mesures de précaution.
Frederike Milhoffer, porte-parole du tribunal a refusé de donner des détails sur les conditions, mais a déclaré : « Il est cependant assuré qu’elle se présentera au prochain rendez-vous ».
Contrairement à ce que Irmgard Furchner aimerait croire, en dépit de l’antériorité des faits qui lui sont reprochés, on ne peut effacer d’un trait de plume et encore moins se soustraire à la justice, lorsqu’on a été complice des pires crimes contre l’humanité au XXe siècle.