Compte tenu du climat d’extrême tension qui règne actuellement sur le plan international, mieux vaut se saisir à dessein de crayons pour plonger dans le 9e Art.
L’occasion de revenir sur la 49e édition du Festival de la BD d’Angoulême qui, pour une fois, a mis cette année trois femmes en compétition.
Vous avez dit féministe ?
Toujours est-il que c’est Julie Doucet, une Canadienne de 56 ans en lice avec deux Françaises Pénélope Bagieu et Catherine Meurisse, qui a finalement remporté le Grand Prix.
Pourtant, cette autrice de talent avait fini par se lasser d’œuvrer, dans le milieu essentiellement masculin de la BD.
Elle en avait marre, franchement marre !
À tel point qu’elle a pris la décision de quitter cet univers impitoyable en 2006 pour se consacrer à Maxiplotte (L’Association, 2021), un livre qui regroupe sur 400 pages la quasi-intégralité de sa production BD (1990-1998).
Mais n’allez pas croire que Julie s’est arrêtée là, puisqu’elle a poursuivi son chemin en réalisant de multiples illustrations et collages, mais aussi en s’intéressant à la poésie, au cinéma (un court-métrage avec Michel Gondry), sans oublier la menuiserie.
Dans Dirty Plotte (1991-1998) et Ciboire de Criss! (1996), la vision du féminisme que Julie Doucet nous fait découvrir, décoiffe littéralement.
Elle y exprime ses rêves et fantasmes, ses peurs et frustrations, ses histoires crues et anecdotes du quotidien.
Rien n’échappe à son inspiration qu’illustrent ses BD, qu’il s’agisse de drogue, de sexe, de menstruations, d’automutilation, de dépression, de masturbation, de beuveries, de suicide raté, de cancer du sein…
En choisissant de porter une attention soutenue à la représentation du corps féminin et à la sexualité féminine, elle brise tous les tabous.
Il était temps que le royaume de la BD réuni au grand complet à Angoulême à l’occasion de son grand festival 2022, sacre cette figure d’étrave de la BD underground américaine des années 1990 et autrice de la BD québécoise la plus connue au monde.
Ouf ! C’est désormais chose faite !
Ne demandez pas à Julie Doucet de vous dessiner un mouton : vous prendriez le risque d’une libre interprétation en mesure de vous en faire voir de toutes les couleurs.