L’annonce, jeudi 17 mars, par le ministère des Finances russe du paiement de plus de 117 millions de dollars à ses créanciers internationaux, destinés au règlement des intérêts dus sur les obligations souveraines russes, éloigne, pour le moment, le spectre d’un défaut de paiement russe.
Et dans le même temps, une autre information relative cette fois à la promotion d’une femme au plus haut niveau de la finance russe a retenu l’attention de Women eLife.
D’origine tatare, Elvira Nabiullina est l’une des rares femmes hauts fonctionnaires de Russie qui a fait preuve d’une détermination d’acier depuis sa prise de fonction en qualité de gouverneure de la Banque de Russie depuis juin 2013.
Échaudée par une série de chocs économiques au cours des dernières années, Elvira Nabiullina pourrait devenir gouverneure de la Banque centrale russe sur proposition du président russe Vladimir Poutine.
Présentée à la Douma d’État la candidature de cette femme aux compétences et talent reconnus au poste de gouverneur de la Banque centrale russe, est digne d’intérêt
Le président de la Douma d’État, Viatcheslav Volodine, a demandé au comité du marché financier de soumettre cette question au Conseil de la Douma d’État le 21 mars.
Elvira Nabiullina se retrouvera face à un véritable casse-tête.
Tout d’abord parce que les sanctions imposées par l’Occident ont fait chuter le rouble de 29 % en dessous de son plus bas niveau historique lundi.
Par ailleurs, le conflit en Ukraine met à rude épreuve la capacité de la gouverneure à maintenir l’économie sur les rails.
Bien qu’elle ait passé des années à constituer patiemment un trésor de guerre de 643 milliards de dollars dans le cadre d’une stratégie de « forteresse Russie » visant à isoler le pays des sanctions, les restrictions occidentales l’ont empêchée de le déployer.
Pris de panique les Russes ont formé de longues files d’attente devant les agences bancaires. Alors que la banque centrale a gelé les transactions à la bourse de Moscou, les actions des sociétés russes cotées à Londres ont chuté de 98 %.
En réaction, Mme Nabiullina a plus que doublé le taux d’intérêt directeur de la Russie, le portant à 20 %, et a admis que l’économie russe était « confrontée à une situation totalement atypique » dans des « conditions qui ont fondamentalement changé ».
Bien que cette femme ait su traverser bien des épreuves avec succès, elle ne voit pas la guerre d’un bon œil.
Pour avoir été confrontée à sa première grande épreuve en 2014, lorsque la chute des prix du pétrole, associée aux premières sanctions américaines et européennes concernant l’Ukraine, a divisé par deux la valeur du rouble par rapport au dollar, elle a dû trouver parade. D’où une dépense de plus de 70 milliards de dollars pour soutenir le rouble, avant de passer à un régime de flottement libre et de relever les taux d’intérêt à 17,5 %.
Bien que la Russie ait plongé dans la récession, Mme Nabiullina a maintenu sa politique monétaire ultra-conservatrice.
Et il est vrai qu’en quelques années, le pays a renoué avec la croissance et l’inflation a chuté. Cette réussite a conduit de nombreuses publications à la nommer au top dans la catégorie banque centrale du monde et lui a valu la confiance de Poutine.
Amatrice de poésie et d’opéra français, Elvira Nabiullina qui a toujours fait preuve d’une détermination sans failles depuis sa prise de fonction en 2013, va être mise à rude épreuve face au conflit en Ukraine. Il va en effet lui falloir démontrer sa capacité de gouverneure à maintenir l’économie russe sur les rails.
Il est des promotions qu’on aimerait parfois ne pas se voir offrir.