Spécialisée dans le droit international et les droits de l’homme, Amal Clooney, avocate, s’est s’exprimée, mercredi dernier, sur l’invasion russe en cours en Ukraine, lors d’une réunion informelle du Conseil de sécurité des Nations unies à New York.

À 44 ans, cette femme incarne depuis plusieurs années avec maestria un rôle de premier plan qui a pour objectif de faire respecter les droits élémentaires de victimes d’actes qui portent atteinte aux véritables valeurs qui doivent être défendues sans relâche partout dans le monde.

En juillet 2019, Women eLife s’était entre autres fait l’écho des actions qu’elle avait pris la décision d’entreprendre en réunissant une équipe de juristes internationaux pour assurer la défense Maria Ressa, une journaliste Philippine condamnée pour diffamation suite à ses reportages d’investigation sur les affaires de drogue mettant en cause le président Rodrigo Duterte. En décembre 2021, Maria Ressa avait toutefois été autoirisée à se rendre en Norvège pour se voir décerner, avec le journaliste russe Dmitri Muratov, le Prix Nobel de la paix.

Et les atrocités de la guerre menée par l’armée russe en Ukraine, justifient pleinement qu’elle s’insurge aujourd’hui contre les crimes de guerre dont sont victimes des civils. L’occasion pour elle de faire entendre la voix de la raison en termes de respect des droits humains.

En mars, Amal Clooney a rejoint un groupe de travail juridique international chargé d’enquêter sur les preuves de crimes de guerre commis par les forces russes depuis le lancement de leur invasion de l’Ukraine le 24 février.

Grâce à ce travail et à celui de la Fondation Clooney pour la justice (CFJ), qu’elle a cofondée avec son mari George, 60 ans, l’avocate des droits de l’homme espère amener devant un tribunal les auteurs de crimes graves commis sous le couvert du combat.

« L’Ukraine est, aujourd’hui, un abattoir. En plein cœur de l’Europe », a déclaré Amal Clooney, avant de souligner: « La guerre agressive de Poutine est tellement scandaleuse que même après les avertissements des États-Unis, et le long casier judiciaire de la Russie, les Ukrainiens ne pouvaient pas imaginer que cela puisse arriver ».
Bouleversée de constater la barbarie dont il est fait preuve dans le cadre de ce conflit d’une extrême violence, elle s’interroge sur de nombreux points :  » Se pourrait-il que des milliers d’enfants soient déportés de force en Russie ? Des adolescentes sont-elles violées dans la rue, devant leur famille et leurs voisins ? Un bâtiment sur lequel était peint le mot « enfants » a-t-il été bombardé ? Les civils de Mariupol sont-ils systématiquement affamés et torturés à mort ?
Malheureusement, la réponse est oui. » conclut-elle.

Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a comparé les Russes avec l’État Islamique. L’occasion pour l’avocate spécialisée dans les droits de l’Homme de revenir sur la création d’une équipe de l’ONU pour collecter, préserver et apporter les preuves de possibles crimes internationaux commis par l’État islamique en Irak et en Syrie.
Une mesure qui avait été votée en 2017 par le Conseil de sécurité de l’ONU, l’année de naissance de ses deux enfants.

Concernant la situation dramatique que connaît l’Ukraine, Amal Clooney souhaite que les preuves ne restent pas stockées pour condamner les auteurs et acteurs de cette guerre, comme c’est malheursement le cas pour ceux qui ont été commis par l’État Islamique.

Amal Clooney dénonce le fait que jusqu’à présent, la plupart des preuves recueillies par l’ONU sont bloquées et donc inopérantes pour rendre justice parce qu’il n’y a pas de tribunal international pour juger l’État Islamique.
“Quand les survivants me demandent d’expliquer comment cela peut être possible, je ne peux que dire que j’ai honte qu’il n’y ait pas de système de justice pour répondre aux viols et aux massacres de masse”, a-t-elle reconnu.

Les efforts déployés par cette femme et par de nombreux avocats pour que les droits humains soient reconnus et les auteurs d’actes criminels soient condamnés, témoignent des difficultés que rencontre la justice pour que la raison et le droit l’emportent. Une réalité qui démontre que la paix comme la guerre est un combat.

La déclaration d’Amal Clooney, lors de réunion informelle du Conseil de sécurité des Nations unies à New York, est consultable ci-dessous.