COUP DUR POUR LES FEMMES EN AFGHANISTAN

On a coutume de dire que les promesses n’engagent que celles et ceux qui les croient.
Et au regard de la situation qui prévaut actuellement en Afghanistan, force est de constater que celles faites par les talibans concernant la liberté et les droits des femmes lorsqu’ils ont repris le pouvoir en Afghanistan, en 2021, ne se sont pas traduites en actes.

Fawzia Koofi, une femme politique et féministe afghane dont il est possible de retrouver le témoignage recueilli cette même année – toujours consultable sur Women eLife – laissait pourtant apparaître un espoir concernant l’évolution probable des droits des femmes dans ce pays.

Elle croyait au possible changement de paradigme grâce à l’impulsion de la jeune génération sur fond d’ordre islamique respectueux. Et elle en appelait à l’aide internationale pour assurer paix et développement de son pays qu’elle sait disposer d’opportunités de développement sur la base d’un capital humain et de ressources.

Malheureusement, l’Afghanistan qui ne fait plus la une de l’actualité internationale, s’est rappelé samedi par la voix des talibans aux bons souvenirs de l’Occident avec la publication d’un nouveau code vestimentaire pour les femmes apparaissant en public.

Hibaitullah Akhunzada, chef des talibans, stipule dans ce décret que seuls les yeux des femmes doivent être visibles et ajoute que ces dernières ne doivent pas quitter leur domicile sauf en cas de nécessité, une série de sanctions s’appliquant pour les hommes de la famille des femmes qui violent le code.

Ce retour en arrière constitue un réel coup dur pour les droits des femmes en Afghanistan, qui vivaient depuis deux décennies dans une liberté relative avant la prise de pouvoir par les talibans en août dernier, lorsque les forces américaines et étrangères se sont retirées dans le cadre de la fin chaotique d’une guerre de 20 ans.

Dirigeant reclus, Akhunzada privilégie les éléments durs de la précédente période de pouvoir du groupe, dans les années 1990, lorsque les filles et les femmes étaient largement exclues de l’école, du travail et de la vie publique.

Comme le fondateur des talibans, le mollah Mohammad Omar, Akhunzada impose un islam strict qui marie la religion et les anciennes traditions tribales, en brouillant souvent les deux.

Akhunzada a repris les traditions tribales des villages, qualifiées d’exigences religieuses, qui imposent que les filles se marient souvent à la puberté et quittent rarement leur foyer.

Divisés entre les pragmatiques et les partisans de la ligne dure, le gouvernement des talibans doit faire face à une crise économique de plus en plus grave.
Alors qu’au lendemain de leur retour du pouvoir, Zabihullah Mujahid, alors porte–parole du gouvernement de transition en 2021, avait annoncé la formation un gouvernement plus représentatif et inclusif par une reconnaissance des droits des filles et des femmes promises à des postes ministériels, cette démarche qui visait à obtenir la reconnaissance et l’aide des nations occidentales a totalement échoué.

Bien que les partisans de la ligne dure et les pragmatiques du mouvement aient évité une confrontation ouverte, les divisions se sont accentuées en mars, à la veille de la nouvelle année scolaire.
En cause notamment la décision prise à la dernière minute par Akhunzada de ne plus autoriser les filles à aller à l’école après avoir terminé la sixième année, considérant que cela évitait de violer les principes islamiques.
Pourtant, dans les semaines précédant le début de l’année scolaire, de hauts responsables talibans avaient déclaré aux journalistes que toutes les filles seraient autorisées à retourner à l’école.

Dimanche, selon les observateurs, dans la capitale afghane, Kaboul, les femmes portaient la tenue musulmane conservatrice habituelle.
Autrement dit , la plupart d’entre elles portaient le hijab traditionnel, composé d’un foulard et d’une longue robe ou d’un manteau, mais peu d’entre elles se couvraient le visage, comme l’avait demandé le chef taliban un jour plus tôt.
Celles qui portaient une burqa, un vêtement de la tête aux pieds qui couvre le visage et cache les yeux derrière un filet, étaient en minorité.

La plupart des femmes contestent le dernier décret. « Ces édits tentent d’effacer tout un genre et une génération d’Afghans qui ont grandi en rêvant d’un monde meilleur », a déclaré Obaidullah Baheer, chercheur invité à la New School de New York et ancien conférencier à l’Université américaine en Afghanistan.

« Elle pousse les familles à quitter le pays par tous les moyens. Elle alimente également des griefs qui finissent par déborder sur une mobilisation à grande échelle contre les talibans », a-t-il précisé.

Après des décennies de guerre, il n’aurait pas fallu grand-chose de la part des talibans pour que les Afghans soient satisfaits de leur régime, et que la reconnaissance des droits de femmes insuffle à la société afghane une véritable dynamique tournée vers l’avenir.

C’est avec raison que Fawzia Koofi affirmait, en 2021, que le combat serait long et périlleux.

Il n’est guère surprenant qu’aucun taliban n’ait surenchéri pour acquérir le portrait de Marilyn Monroe «Shot Sage Blue Marilyn» d’Andy Warhol, adjugé vendu aux enchères pour la modique somme de 195 millions de dollars.

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